Suite aux critiques de la droite, Netanyahu suspend des rasages d’avant-poste illégaux
Le Premier ministre ordonne que les maisons des habitants des implantations qui appartiennent à des soldats ou réservistes ne soient pas touchés jusqu'à la fin de la guerre
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a donné des instructions pour que les logements situés dans des avant-postes illégaux en Cisjordanie et appartenant à des soldats ne soient pas détruits jusqu’à la fin de la guerre contre le groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza, selon un communiqué publié mardi par le bureau du Premier ministre.
Netanyahu a ordonné que « tant que la guerre durera, l’évacuation et la destruction des maisons des soldats et des réservistes résidant dans des implantations en Judée et en Samarie doivent être suspendues », a déclaré le cabinet du Premier ministre, en utilisant les termes hébreux pour désigner les régions de la Cisjordanie.
Le Premier ministre a décidé de cette mesure « pour éviter que des événements comme ceux qui se sont produits aujourd’hui à Gush Etzion ne se reproduisent », a-t-il ajouté.
Les autorités israéliennes prévoient que la guerre, qui a débuté en octobre, se poursuivra tout au long de l’année 2024.
Dans la nuit de lundi à mardi, l’armée et la police des frontières ont détruit des constructions illégales dans l’avant-poste de Pnei Kedem, dans le Gush Etzion, en Cisjordanie, ont indiqué mardi des activistes du mouvement pro-implantation.
Six habitations temporaires – certaines étaient notamment occupées par des réservistes de Tsahal – ont été rasées dans ce raid lancé au petit matin, selon une déclaration d’activistes eux-mêmes à l’origine de la création d’avant-postes.
Ces démolitions ont fait monter d’un cran les tensions entre les ministres d’extrême-droite et le ministre de la Défense Yoav Gallant dans le dossier des affaires civiles en Cisjordanie.
Des proches du ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui est aussi ministre délégué au sein du ministère de la Défense chargé des affaires civiles en Cisjordanie, auraient critiqué cette initiative, a fait savoir le journal Israel Hayom.
Ils auraient aussi accusé le chef du Commandement central de l’armée, le général Yehuda Fox, d’avoir contourné l’autorité de Smotrich en estimant que ces démolitions étaient « une urgence sécuritaire immédiate ».
Ces mêmes sources ont voulu faire remarquer que, selon elles, Gallant n’avait pas ressenti le même sentiment d’urgence s’agissant de détruire des constructions bédouines illégales qui, ont-elles affirmé, se trouvaient sur le même site et qui étaient restées intactes pendant des années.
Le ministre de la Sécurité nationale d’extrême-droite, Itamar Ben Gvir, s’en est pris directement à Gallant. « En cette matinée difficile, alors que nous comptons nos morts, à un moment où nos troupes à Gaza et où la nation sont unis, Gallant vient détruire une implantation », a-t-il dit dans un communiqué.
La députée d’Otzma Yehudit Limor Son Har-Melech a affirmé que c’était le mouvement pro-implantation tout entier qui était attaqué, et elle a fustigé Fox pour ses « destructions dans le Gush Etzion. »
« Alors que nos ennemis tentent d’effacer notre mémoire de la surface de la Terre, le général du Commandement central, Yehuda Fox, a trouvé les vrais coupables – les résidents d’implantation », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
La députée de la ligne dure a accusé Fox d’avoir ordonné la démolition des habitations avec l’approbation de Gallant « en acte de représailles », dans le but de promouvoir sa propre carrière politique et de pousser Israël vers la solution à deux États à Gaza et en Cisjordanie.
Gallant a rapidement pris la défense de Fox dans un post publié sur X, anciennement Twitter, lundi, écrivant : « Des centaines de terroristes ont été éliminés cette année alors qu’ils s’apprêtaient à commettre des attentats visant des citoyens israéliens. C’est le général Yehuda Fox qui a pris la tête de toutes ces opérations ».
« Une partie significative de ceux qui attaquent le général Fox vivent dans les secteurs dont il assure lui-même la défense à ses risques et périls. Je le demande expressément : si vous ressentez le besoin d’attaquer quelqu’un, alors attaquez-moi – n’attaquez pas les commandants de Tsahal », a poursuivi le ministre de la Défense.
Depuis le début de la guerre qui oppose Israël au Hamas à Gaza – une guerre qui a été entraînée par le massacre perpétré dans les communautés du sud d’Israël par le groupe terroriste, le 7 octobre – il y a eu une recrudescence des attaques violentes menées par des partisans du mouvement pro-implantation israélien contre les Palestiniens de Cisjordanie, une recrudescence qui a été remarquée par les groupes de défense des droits de l’Homme en Israël et à l’étranger.
Israël subit les pressions croissantes de ses alliés qui demandent à l’État juif de maîtriser ces violences, et les activistes d’extrême-droite ont accusé Fox de s’en prendre aux résidents d’implantation, ces dernières semaines.
A la fin du mois de décembre, la Douzième chaîne avait fait savoir que le responsable du Shin Bet, Ronen Bar, avait averti que « la menace » émanant de l’extrême-droite qui plane actuellement sur la vie du général était « bien concrète ».
Bar avait attribué les critiques de plus en plus nombreuses de Fox à des initiatives prises en Cisjordanie depuis le 7 octobre – avec la mise en œuvre de la mise en détention administrative des partisans extrémistes du mouvement pro-implantation, qui peuvent ainsi être emprisonnés sans mise en examen préalable et la collecte des armes à feu qui avaient été distribuées aux équipes de sécurité, dans les communautés de Cisjordanie, sans supervision.
Si la communauté internationale considère toutes les implantations comme illégales, Israël fait la distinction entre les habitations construites dans des implantations autorisées par le ministère de la Défense et édifiées sur des terres appartenant à l’État et les avant-postes illégaux, construits sans les autorisations nécessaires et souvent sur des terres appartenant à des privés palestiniens.
Toutefois, les avant-postes sont parfois installés avec l’accord tacite de l’État et les gouvernement successifs ont cherché à en légaliser au moins quelques-uns.