Surchargé de travail, l’institut médico-légal national ferme ses portes pour 24h
Avec seulement trois médecins légistes disponibles, Abu Kabir a du mal à gérer les 21 dépouilles amenées entre vendredi et samedi
L’institut médico-légal (IML) d’Abu Kabir a annoncé dimanche qu’il n’accepterait plus de nouveaux corps pendant 24 heures. Selon plusieurs médias israéliens, l’institut est au bord de l’effondrement en raison de la surcharge de travail et du manque d’installations.
La direction de l’IML a décidé de refuser de nouveaux corps pendant au moins une journée après que 21 dépouilles ont été transférées entre vendredi et samedi et que seuls trois des six médecins légistes étaient disponibles pour pratiquer les autopsies. Le nombre de corps a également dépassé le nombre d’unités réfrigérées disponibles pour les conserver.
Le nombre d’homicides ayant considérablement augmenté au cours de l’année écoulée en raison d’une recrudescence des violences dans la communauté arabe et d’une augmentation des attentats terroristes palestiniens, l’IML est débordé.
La Dr. Maya Furman, responsable de l’unité de pathologie médico-légale de l’IML, a déclaré à un journaliste de la Treizième chaîne que « le nombre de meurtres pour la première moitié de 2023 est le même que sur l’ensemble de l’année 2022 ».
L’IML de Jaffa, connu familièrement sous le nom d’Abu Kabir, est le seul institut médico-légal en Israël. Tous les cas de décès non dus à des causes naturelles doivent y faire l’objet d’une enquête – notamment en cas de meurtres, d’homicides involontaires, de décès dus à des agressions sexuelles et de suicides. Abu Kabir doit préparer les preuves médico-légales pour les affaires judiciaires et fournir des réponses définitives sur la cause du décès aux familles des défunts.
Abu Kabir a déclaré au Times of Israel lundi matin que l’IML était ouvert. Toutefois, la personne qui a répondu au téléphone a refusé de discuter du refus signalé d’accepter de nouveaux cadavres la veille et a renvoyé les questions au ministère de la Santé.
Lundi après-midi, le ministère de la Santé n’avait pas encore répondu. Cependant, la radio de l’armée a rapporté que le ministère avait publié une déclaration dimanche.
« Le ministère de la Santé est conscient du fardeau et s’en occupe. Il semble que dès ce soir, d’autres corps pourraient être acceptés si nécessaire. »
Un reportage de la Treizième chaîne datant du début du mois montrait des médecins de l’IML qui se disaient épuisés et sous-payés et qui, en conséquence, envisageaient sérieusement de démissionner. Dans le même temps, il y a moins d’internes en médecine qui souhaitent entrer dans le domaine pour les remplacer.
« Nous avons peur de ne pas pouvoir faire face à [la pression]. Si un médecin de plus démissionne, je ne sais pas ce qui va se passer », a déclaré Dr. Furman.
Dr. Avi Zalan, qui a décidé cet été de quitter Abu Kabir, a déclaré qu’il pensait que le gouvernement l’avait délibérément négligé.
La radio de l’armée a rapporté qu’il y a deux mois, une discussion a eu lieu à la Knesset sur le manque de personnel à Abu Kabir. Des statistiques ont été présentées, indiquant qu’un pays de la taille d’Israël devrait avoir entre 50 et 100 médecins légistes, alors qu’il n’en compte actuellement qu’un petit nombre.
La Treizième chaîne a présenté les chiffres différemment, indiquant que les pays européens disposent d’un médecin légiste pour 30 000 à 100 000 habitants. En Israël, il y en a un pour 1,5 million d’habitants.
Abu Kabir souffre également de la vétusté de ses installations et de l’insuffisance de son personnel de soutien, qui se compose actuellement d’un photographe, d’un assistant social et de cinq techniciens en pathologie médico-légale.
« L’institut convient à une petite ville européenne et non à un pays de la taille d’Israël », a déclaré le Dr. Chen Kugel, directeur de l’IML.