Syrie : Des déplacés inquiets face à l’arrêt des aides onusiennes
Le Programme alimentaire mondial a dit "regretter" de devoir "annoncer la fin de ses aides alimentaires en Syrie en janvier 2024, faute de fonds suffisants"
L’annonce en début de semaine du Programme alimentaire mondial (PAM) qu’il allait mettre fin à ses aides alimentaires en Syrie à partir de janvier a ravivé les inquiétudes des déplacés du nord-ouest du pays, accablés par la misère après plus de 12 ans de guerre civile.
« Avec l’arrêt de l’aide, les souffrances vont croître de manière exponentielle », a déclaré à l’AFP le directeur du camp de Maram à Atmé, Ali Farhat. « Certains me disent : (…) ‘On va mourir de faim' », a-t-il ajouté.
Dans un communiqué publié lundi, le PAM a dit « regretter » de devoir « annoncer la fin de ses aides alimentaires en Syrie en janvier 2024, faute de fonds suffisants ». L’agence onusienne continuera à « soutenir les familles dans une situation urgente et touchées par les catastrophes naturelles à travers le pays grâce à des interventions d’urgence plus modestes et plus ciblées ».
Le « financement » est un « problème auquel le programme est confronté partout dans le monde », a indiqué à l’AFP le PAM, dont les activités peuvent être réduites ou augmentées en fonction des besoins et ressources disponibles.
En septembre, l’agence avait prévenu que le manque d’argent, qui le force à réduire ses rations, pourrait pousser 24 millions de personnes supplémentaires au bord de la famine. En juillet, 45 % des bénéficiaires de l’aide en Syrie ont dû être exclus, selon le PAM.
Les déplacés du camp de Maram ont du mal à cacher leur inquiétude.
Les zones contrôlées par le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ancienne branche locale d’Al-Qaïda) dans la province d’Idleb abritent trois millions de personnes, dont environ la moitié sont des personnes déplacées et réparties dans des centaines de camps surpeuplés.
Accablés par la faim, la misère et une hygiène déplorable, ils dépendent principalement de l’aide alimentaire, médicale et logistique fournie par les organisations internationales.
La décision du PAM impactera fortement les camps du nord-ouest syrien, comme celui de Maram à Atmé, où les habitants font la queue devant un camion pour recevoir les dernières rations alimentaires de 2023.
« Couper l’aide entraînera la mort des personnes qui en vivaient parce qu’elles n’ont pas d’argent pour se nourrir », a déclaré Ahmed Adla, 40 ans, et père de quatre enfants, déplacé depuis onze ans.
« J’espère qu’ils viendront voir comment on passe l’hiver. On ne peut même pas tenir nos enfants au chaud. On se moque de nous », a lancé Khaled al-Masri, 45 ans et déplacé depuis 13 ans avec onze membres de sa famille.
La guerre en Syrie, déclenchée par la répression de manifestations pro-démocratie a fait plus d’un demi-million de morts et des millions de déplacés.