Téhéran refuse le retour des inspecteurs bannis de ses sites nucléaires – Grossi
L'Iran a fortement réduit depuis 2021 les inspections des sites. Des caméras de surveillance ont été débranchées et l'accréditation d'un groupe d'experts a été retirée
L’Iran semble disposé à reprendre les négociations sur le nucléaire, mais refuse pour l’heure le retour sur ses sites des inspecteurs dont l’accréditation a été retirée, a déclaré jeudi le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans un entretien avec l’AFP.
Les Iraniens « montrent des signes de volonté de se réengager, non seulement avec l’AIEA, mais aussi (…) avec nos anciens partenaires dans l’accord nucléaire de 2015 », a indiqué Rafael Grossi, se fondant sur ses échanges cette semaine, à New York, avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.
En revanche, Téhéran ne compte pas « remettre sur la liste les inspecteurs » dont l’accréditation a été retirée, a-t-il expliqué, tout en estimant le moment opportun « pour faire quelque chose » avec les Iraniens.
L’Iran a fortement réduit depuis 2021 les inspections des sites. Des caméras de surveillance ont été débranchées et l’accréditation d’un groupe d’experts a été retirée. Une situation que le patron de l’AIEA a constamment déplorée.
Rafael Grossi, dont les relations avec les autorités iraniennes se sont détériorées ces dernières années en raison de leur manque de coopération, doit se rendre à Téhéran courant octobre où il ne manquera pas de faire pression pour que les inspecteurs bannis des sites puissent revenir.
Au cours de sa visite, il compte discuter de « différentes mesures de surveillance et de vérification sur lesquelles nous pourrions nous mettre d’accord avant un accord plus large ».
« Je pense qu’obtenir un accord avec l’Iran sur ces questions serait une indication très constructive (…) vers de futures négociations », a-t-il également opiné.
Le programme nucléaire iranien n’a eu de cesse de monter en puissance, même si Téhéran nie vouloir se doter de la bombe.
Selon l’AIEA, la République islamique a considérablement augmenté ses réserves de matières enrichies à 60 %, proches des 90 % nécessaires pour élaborer une arme atomique.
« C’est à eux de décider »
Mais depuis l’arrivée l’été dernier du président réformiste Massoud Pezeshkian, Téhéran a exprimé son souhait de relancer des négociations pour ranimer l’accord conclu en 2015 avec les pays européens de l’E3 (Paris, Londres, Berlin), les Etats-Unis, la Russie et la Chine.
Ce pacte connu sous l’acronyme JCPOA était censé encadrer les activités atomiques de l’Iran en échange d’une levée des sanctions internationales.
Mais il a volé en éclats après le retrait américain décidé en 2018 par le président d’alors, Donald Trump. Des tractations menées à Vienne ont échoué à l’été 2022.
Pour l’heure, les Européens se montrent prudents sur la possibilité d’un retour à la table des discussions à l’approche de l’élection présidentielle américaine début novembre et alors que toutes les tentatives ont échoué ces dernières années.
« Si les choses évoluent de manière positive, il se pourrait, et je pense que c’est l’intention du président (Pezeshkian) et du ministre des Affaires étrangères (Abbas Araghchi), qu’il y ait une reprise des discussions avec les anciens partenaires de négociation pour voir quel type de cadre », a néanmoins déclaré Rafael Grossi à l’AFP.
La question étant de savoir si cela sera celui du JCPOA ou non.
« Est-ce que ce sera la même chose ? Est-ce que cela sera quelque chose de complètement différent (…) ? C’est à eux (négociateurs) de décider si c’est réalisable, réaliste et utile », a-t-il souligné.
« C’est un moment où il y a une possibilité de faire quelque chose » sur la question nucléaire, a insisté Rafael Grossi. « L’avantage d’Araghchi est qu’il sait tout sur ce processus, ce qui nous permet d’avancer plus rapidement », a-t-il mis en avant.