Tel Aviv : manifestation pro-réforme contre la « dictature de la Haute Cour »
Ben Gvir demande "la réforme maintenant !", attaque la procureure générale et d'autres responsables alors que les pourparlers sur le compromis sont au point mort
Les partisans de l’initiative gouvernementale de refonte du système judiciaire se sont rassemblés jeudi à Tel Aviv, pour appeler la coalition à faire avancer la réforme très controversée, alors que les négociations avec l’opposition sur un compromis sont au point mort.
La manifestation comprenait un défilé et des discours prononcés par plusieurs législateurs de la coalition. La Douzième chaîne a estimé le nombre de manifestants à quelques centaines.
« Arrêtez la dictature de la Cour Suprême », « La nation exige une réforme judiciaire », ont scandé les manifestants.
Un groupe de manifestants portait des combinaisons de prison orange, et plusieurs manifestantes portaient des couronnes et des robes, vraisemblablement en réponse à la tenue des personnages de la série « La Servante Ecarlate », qui est devenue emblématique lors des manifestations anti-réforme judiciaire.
S’adressant à la foule, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s’est emporté contre la procureure générale Gali Baharav-Miara et d’autres responsables qui s’opposent aux diverses mesures proposées par le ministre au motif qu’elles ne sont pas conformes à la loi.
« Nous devons mettre un terme à leur intervention et exiger la réforme maintenant ! » a déclaré Ben Gvir, qui est à la tête du parti d’extrême droite Otzma Yehudit. « Nous devons gagner. »
La députée Tally Gotliv, du parti Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a également assailli Baharav-Miara, lançant un nouvel appel à sa destitution.
« Une droite forte ne laisse pas au pouvoir un fonctionnaire nommé par Gideon Saar « , a déclaré Gotliv, faisant référence à l’ancien ministre de la Justice qui est maintenant député de l’opposition. « Une droite forte n’a pas peur de la Cour suprême et ne demande pas l’autorisation du président pour faire passer des lois ».
« Je suis venue rappeler aux membres de la Knesset qu’ils doivent tenir leurs promesses », a-t-elle ajouté.
Le rassemblement, baptisé « marche de la gouvernance », a eu lieu après la tenue de petites manifestations organisées par les opposants au projet de réforme judiciaire, plus tôt dans la journée de jeudi, en marge d’événements auxquels participaient deux ministres du gouvernement, et au cours desquelles ces derniers ont été chahutés alors qu’ils tentaient de prendre la parole.
Un rassemblement de protestation a également eu lieu devant le domicile de Moshe Koppel, directeur du Kohelet Policy Forum, un groupe de réflexion qui a mené une grande partie des efforts en faveur des réformes.
Selon le gouvernement, cette réforme est nécessaire pour contrôler ce qu’il considère comme une Haute Cour de justice trop intrusive. Ses détracteurs affirment qu’elle minerait le pouvoir de la Cour de faire office de contrepoids à la Knesset, ce qui, à son tour, nuirait dangereusement à la nature démocratique d’Israël.
La réforme est en suspens depuis la fin du mois de mars, tandis que des négociations sont menées avec les partis d’opposition en vue d’un accord sur les changements à apporter au système judiciaire, mais aucun progrès n’a à ce jour été signalé dans les pourparlers. Netanyahu et d’autres représentants de la coalition ont juré que les réformes seraient promulguées même en l’absence d’un accord.