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« Témoins » de la Shoah : comment faire perdurer leur mémoire ?

"Il faudra qu'on raconte. Il y a une responsabilité. Les anciens nous le demandent et les jeunes ont accepté", affirme Haïm Korsia

Une jeune fille juive hongroise, couverte d'un drapeau israélien, devant le mémorial de chaussures commémorant les victimes de la Shoah sur la rive du Danube lors de la commémoration de la Journée de la Shoah en Hongrie, mercredi 16 avril 2008 à Budapest (Crédit : AP/Bela Szandelszky)
Une jeune fille juive hongroise, couverte d'un drapeau israélien, devant le mémorial de chaussures commémorant les victimes de la Shoah sur la rive du Danube lors de la commémoration de la Journée de la Shoah en Hongrie, mercredi 16 avril 2008 à Budapest (Crédit : AP/Bela Szandelszky)

« On espère que tous ces jeunes devant qui on a témoigné prendront le relais, quand on ne sera plus là » : c’est ainsi qu’Esther Senot, 91 ans, rescapée d’Auschwitz s’adresse aux quelque 60 élèves venus l’écouter ce vendredi au Mémorial de la Shoah.

Ce message, Elie Buzyn, 89 ans, autre rescapé le répète aussi, que ce soit dans le froid glacial du camp d’Auschwitz où il s’est rendu récemment, à plusieurs reprises, avec des lycéens ou lors de conférences : « Puisque nous allons disparaître sous peu, je vous charge de devenir les témoins des témoins que nous sommes ».

Des survivants de la Shoah sont morts récemment. Après Simone Veil en 2017, deux anciennes déportées d’Auschwitz, qui témoignaient dans les collèges et lycées, sont décédées en septembre : Ida Grinspan, à l’âge de 89 ans et Marceline Loridan-Ivens, à l’âge de 90 ans.

Face à cette disparition progressive, et à l’occasion de la Journée internationale des victimes de la Shoah, dimanche 27 janvier, historiens, enseignants, institutions s’interrogent sur la façon de faire perdurer les témoignages et la mémoire des rescapés.

« C’est évidemment dramatique car c’est une richesse humaine qui va s’éteindre », affirme Olivier Lalieu, responsable de l’aménagement des lieux de mémoire et des projets externes au Mémorial de la Shoah. « On est en butte à cette disparition mais aussi à la nécessité de la dépasser ».

« C’est un défi, à nous d’écrire cet avenir », renchérit Francis Kalifat, président du Crif (institutions juives), dont l’organisation travaille sur les questions de la transmission et de la commémoration.

Selon une étude (Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès) en décembre, 90 % des Français disaient avoir entendu parler du « génocide des Juifs », mais ils n’étaient plus que 79 % chez les moins de 24 ans.

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, lors de la commémoration du 11 février dans le jardin Ilan-Halimi (Crédit : Times of Israël Staff/Glenn Cloarec)

« Il faudra qu’on raconte. Il y a une responsabilité. Les anciens nous le demandent et les jeunes ont accepté », estime Haïm Korsia, le grand rabbin de France qui a à coeur depuis 15 ans d’emmener chaque année une centaine d’élèves à Auschwitz.

Depuis plusieurs années, de nombreuses campagnes d’enregistrements ont été menées, en France ou ailleurs (comme à l’institut Yad Vashem à Jérusalem). Le Mémorial de la Shoah possède ainsi 13 000 films et 2 300 enregistrements. En 2018, il a accueilli (sur les sites de Paris et de Drancy) 283 000 visiteurs, dont 67 000 scolaires.

L’Union des Déportés d’Auschwitz a également un site internet, « Mémoires des déportations« , qui rassemble un millier d’extraits de témoignages, textes et vidéos.

« On aura fait tout ce que l’on peut pour laisser une trace. Ça ne m’angoisse pas », confie Henri Borlant, autre rescapé d’Auschwitz, 91 ans.

Depuis quelques temps sont également mises en place des visio-conférences, comme ce vendredi, où le témoignage d’Esther Senot était aussi diffusé dans un établissement d’Aix-en-Provence. « Aux Etats-Unis des hologrammes sont projetés », souligne M. Lalieu.

Le Mémorial élargit la « transmission de la mémoire » par d’autres dispositifs, fait-il valoir, sans présence physique de rescapés. Ce sont des « ateliers pédagogiques qui utilisent l’histoire mais aussi les arts, l’ouverture d’archives », dit-il. Ou encore cette rencontre de lycéens de toute la France (« les ambassadeurs de la mémoire ») ce week-end, qui se veut une approche à partir des différents lieux de mémoire existants (La maison d’Izieu à Lyon, le camp des Milles à Aix-en-Provence etc).

Iannis Roder, responsable des formations au Mémorial de la Shoah, et professeur d’histoire-géographie (Crédit : capture d’écran Youtube/Europe 1)

Et dans les classes ? « La tristesse qui va accompagner la disparition des témoins n’empêche pas que l’enseignement va continuer à se faire et la pédagogie progresser », assure Iannis Roder, responsable des formations d’enseignants au Mémorial.

Dans une note de la Fondation Jean-Jaurès publiée samedi, il constate que le témoignage de survivants est apparu comme une « évidence pédagogique » à partir des années 1980. Mais désormais, outre l’explication de « l’idéologie nazie », c’est le travail par « les archives, de recherche, de confrontation des sources, de fabrication du récit historique », qui doit être privilégiée, selon lui.

« Avec la disparition des derniers poilus de la Premier Guerre mondiale, on s’était posé des questions » sur l’enseignement et la pédagogie, dit-il. « Or, au moment du Centenaire, on n’a jamais aussi bien enseigné la Grande Guerre ».

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