Tensions avec l’Ukraine après l’appel entre Eli Cohen et le russe Sergueï Lavrov
Kiev s'insurge contre le ministre des Affaires étrangères ; l'ambassadeur ukrainien Yevgen Korniychuk condamne le silence de Jérusalem face aux frappes de Moscou contre les civils
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Kiev estime que l’entretien téléphonique qui a eu lieu mardi entre Eli Cohen, le nouveau ministre des Affaires étrangères israélien, et Sergueï Lavrov, son homologue russe, a traduit un changement de positionnement de Jérusalem face à la guerre qui sévit dans le pays, selon l’ambassadeur ukrainien en Israël, Yevgen Korniychuk.
« Le ministre des Affaires étrangères israélien n’avait pas parlé à Lavrov depuis le début du conflit », a-t-il commenté mardi auprès du Times of Israel, indiquant que le régime de Kiev avait été outré par la conversation entre Cohen et le chef de la diplomatie du Kremlin.
Lorsqu’il était ministre des Affaires étrangères, Yair Lapid ne s’était pas entretenu avec Lavrov. Toutefois, le Premier ministre d’alors, Naftali Bennett, était resté en contact avec le président russe pendant toute la guerre, devenant même le premier leader étranger à rencontrer en personne Vladimir Poutine après le début de l’invasion, le 24 février.
Lavrov a appelé Cohen mardi pour le féliciter de son arrivée au poste et pour débattre de « questions bilatérales et régionales » dans l’ombre de l’invasion en cours et des bombardements de civils en Ukraine.
Un responsable israélien a indiqué au Times of Israel, peu après la discussion téléphonique entre les deux hauts-responsables, qu’il n’y avait « pas de changement dans la politique israélienne » suite aux spéculations entraînées par l’appel et suite aussi à l’insistance placée par Cohen, lundi, sur le fait que « nous parlerons moins en public » au sujet de la guerre. Il a nié tout changement favorable à Moscou.
Le sénateur républicain américain Lindsey Graham, fervent soutien de l’Ukraine, a fait partie de ceux qui ont considéré les propos tenus par Cohen comme indication que le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu éviterait de dénoncer publiquement la Russie au sujet de son invasion.

« L’idée qu’Israël devrait parler moins de l’invasion criminelle russe de l’Ukraine est un peu troublante », a écrit Graham dans un tweet.
Korniychuk a indiqué que le positionnement d’Israël sur l’invasion russe était « obscur ».
« Malheureusement, nous n’entendons aucune condamnation des bombardements massifs de nos civils qui sont survenus ces derniers mois. Israël est unique parmi tous nos partenaires. Israël garde le silence », a-t-il déploré.
La Russie a commis des frappes aériennes qui ont pris pour cible des infrastructures d’approvisionnement en électricité et en eau presque toutes les semaines depuis le mois d’octobre tandis que ses forces, sur le terrain, ont du mal à se maintenir et à avancer.
L’envoyé de l’Ukraine a souligné que ni le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, ni le président ukrainien Volodymyr Zelensky n’ont demandé à s’entretenir avec Cohen.

Un responsable israélien a dit au Times of Israel qu’un diplomate avait soumis une requête officielle auprès du ministère des Affaires étrangères ukrainien concernant un appel entre Cohen et Kuleba. Les officiels ukrainiens ont démenti avoir reçu une telle demande.