Tensions entre des proches d’otages et Smotrich à la Knesset
Le ministre des Finances a demandé si les familles sacrifieraient 20 civils pour leurs proches et un député Yahadout HaTorah leur a reproché de "politiser la question pour se débarrasser de Bibi"
Des proches d’otages encore aux mains des terroristes du Hamas, dans la bande de Gaza, se sont confrontés au ministre des Finances Bezalel Smotrich ainsi qu’à des députés, dans les locaux de la Knesset, lundi matin. La rencontre a donné lieu à des échanges difficiles et même à l’expulsion de la belle-fille d’un homme mort en captivité.
Lors d’une réunion de la commission des Finances de la Knesset, des proches d’otages se sont plaints à Smotrich d’avoir attendu huit mois pour le rencontrer et lui ont dit avoir l’impression que leurs proches ont été abandonnés.
En butte à des critiques passionnées, qu’il a combattues, Smotrich a dénoncé ce qu’il a qualifié de « cynisme et [de] démagogie », avant de quitter les lieux.
Interrogé sur le prix de la vie d’un otage, Smotrich s’est borné à reprocher leurs cris aux familles, ce qui n’a pas manqué de lui attirer des récriminations véhémentes.
A propos de ces familles, qui lui ont reproché son opposition à toute forme d’accord sur les otages, Smotrich a répondu : « Quel accord ? Y a-t-il un accord accepté par le Hamas ? Y en a-t-il un ? Je ne suis pas favorable à un accord ; mais la question fondamentale est « Y a-t-il un accord ? ».
« Imaginons que [le chef du Hamas à Gaza, Yahya] Sinwar demande, pour la libération de chaque otage vivant, la mort de 20 habitants de la zone frontalière de Gaza », a déclaré Smotrich. « Serait-ce un bon prix … » a-t-il suggéré avant d’être interrompu par les proches d’otages, furieux du ridicule de sa proposition.
Il a malgré tout poursuivi : « Nous avons libéré Sinwar en vertu de l’accord Shalit [en 2011] et déplorons à ce jour la mort de 1 500 Juifs parce que nous l’avons libéré en vertu de cet accord… Libérer des centaines de meurtriers qui ont du sang sur les mains pourrait – Dieu nous en garde – amener la mort de nombreux Juifs.
Smotrich et le ministre d’extrême droite de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, ont déclaré qu’ils n’accepteraient pas d’accord avec le Hamas pour mettre fin à la guerre en échange de la libération des otages, et menacé de faire tomber le gouvernement si ce dernier concluait un pareil accord.
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Le Hamas a indiqué qu’il refuserait probablement la dernière proposition d’accord, au motif qu’elle serait radicalement différente de la version présentée publiquement par le président américain Joe Biden en début de mois.
Les proches d’otages ont réagi aux propos de Smotrich en scandant une phrase du Tamud : « Celui qui sauve une âme sauve le monde entier. »
Dans le même temps, lors d’une réunion du Comité des pétitions publiques, le député Yahadout HaTorah, Yitzhak Pindrus, a accusé la mère d’un otage de politiser la question pour obtenir le dépat du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Il y a des familles endeuillées ici. Vous voulez politiser la question, que Bibi parte », a déclaré Pindrus, en utilisant le surnom sius lequel est connu le Premier ministre. « Il y a des gens dans une situation difficile : nous voulons juste les aider. »
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Pindrus a tenu ces propos lorsqu’Esther Buchshtav, dont le fils Yagev Buchshtav a été pris en otage dans le kibboutz Nirim, le 7 octobre dernier, a tenté de parler.
Buchshtav a demandé au député haredi de présenter des excuses pour ce qu’il venait de dire, assurant « ne pas être venue pour parler politique ». Pindrus ne lui a pas présenté d’excuses.
« Je suis ici en qualité de mère de Yagev Buchshtav, qui est otage à Gaza », a-t-elle déclaré. « Je suis de tout coeur avec les familles de ceux qui ont été assassinés. Je ne suis pas ici pour en dire du mal. »
Par ailleurs, lors de la commission de la Constitution, du droit et de la justice, le président Simcha Rothman a ordonné à Ayala Metzger – dont le beau-père Yoram Metzger, 80 ans, a été déclaré tué en captivité par le Hamas le 3 juin dernier – de quitter les lieux au motif qu’elle perturbait les travaux.
Metzger avait à plusieurs reprises interrompu Tzvika Mor, dont le fils Eitan a été pris en otage lors de l’attaque de la rave Nova.
https://x.com/rozolyo/status/1800066599225037111?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1800066599225037111%7Ctwgr%5E9037b86114da571b9e8622b0720f2d7aa5f9a191%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.timesofisrael.com%2Fcynicism-and-demagoguery-hostage-families-clash-with-smotrich-mks-in-knesset%2F
« Je n’ai jamais expulsé de proche d’otage et je vous demande vraiment de ne pas forcer les huissiers à prendre une telle mesure, mais il y a un parent d’otage, ici, qui souhaite dire quelque chose. Ceux qui dérangent la réunion seront désormais expulsés », a menacé Rothman, avant d’ordonner l’expulsion de Metzger.
La semaine dernière, le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, a dû délocaliser une réunion de son parti d’extrême droite Otzma Yehudit pour ne pas voir les proches d’otages qui attendaient, comme chaque semaine – décision qui a donné lieu à un sit-in dans la Knesset.
Interrogé sur les raisons pour lesquelles il avait refusé d’autoriser les proches d’otages à venir et délocalisé sa réunion, Ben Gvir a expliqué aux journalistes qu’il s’était déjà entretenu avec des proches d’otages et continuerait à le faire, mais que le faire devant les caméras était ni plus ni moins que du « populisme ».
Depuis le début de la guerre, les proches d’otages se rendent régulièrement dans les couloirs de la Knesset, où ils tentent de convaincre des députés de prendre des mesures en vue de la libération de leurs proches.
Udi Goren, cousin de l’otage Tal Haïmi, déclarait au Times of Israel, le mois dernier : « Les proches d’otages se rendront à la Knesset chaque semaine, au bas mot, pour s’assurer que les commissions ne fassent rien si ce n’est travailler pour obtenir la libération de nos otages. C’est de loin le sujet le plus important pour Israël ».