Thierry Lhermitte a sauté sur l’occasion quand Steve Suissa l’a invité à (re)jouer en Israël
Avec “Inconnu à cette adresse”, la star française se réjouit de retrouver le public israélien pour le premier Festival de théâtre français
C’est la bonne nouvelle de cette nouvelle année, Thierry Lhermitte est de retour en Israël. Présent les 22 et 23 octobre prochains à l’occasion du premier Festival de théâtre français à Tel Aviv et Jérusalem, il devrait brûler les planches avec Inconnu à cette adresse, d’après le célèbre roman de Kressmann Taylor.
Une pièce qui aborde, entre autres, les thèmes de l’identité, de la judéité et de l’acceptation de cette identité par l’autre. A ses côtés, Francis Huster pour lui donner la réplique, dans un face-à-face inédit qui promet d’être intense et chargé en émotion.
La star, déjà venue en Israël en 2013, s’est confiée au Times of Israël sur sa participation au Festival et sur cette pièce déjà auréolée de succès en France et à l’étranger qu’il revient défendre une nouvelle fois dans le pays. Une œuvre qui évoque la montée du nazisme, et l’échange épistolaire entre deux amis, un Allemand et un Juif américain, qui va vite tourner à l’affrontement.
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Dans ce registre dramatique, nul doute que Thierry Lhermitte, star de grandes comédies populaires qu’on ne présente plus (Les Bronzés, Un Indien dans la ville, Le dîner de cons…) saura se renouveler et nous étonner encore… Entretien.
Le Times of Israël : Dans quel état d’esprit êtes-vous à un mois environ de votre venue ? Est-ce votre première visite dans le pays ?
Thierry Lhermitte : Non, je suis déjà venu il y a quatre ans pour jouer « Inconnu à cette adresse ». J’ai joué à Tel Aviv et à Jérusalem avec Patrick Timsit et donc je reviens pour les mêmes raisons. J’en suis enchanté, parce que la dernière fois j’avais passé un séjour formidable avec un accueil extraordinaire du public israélien.
J’avais visité la Vieille Ville de Jérusalem évidemment, et le Mémorial de la Shoah qui m’avait vraiment bouleversé, non seulement par son contenu mais aussi par son architecture. La sortie du Mémorial sur la Ville de Jérusalem était vraiment quelque chose de bouleversant.
Vous êtes un acteur très connu et populaire et le milieu francophone israélien est très friand de spectacles et de culture française. Comment appréhendez-vous d’ailleurs l’accueil des spectateurs ici ?
Écoutez, j’espère qu’il sera le même que celui de la dernière fois. Vous savez, j’ai joué dans beaucoup de pays dans le monde, en Israël, en France, en Italie, en Angleterre, en Suisse, en Belgique, au Canada, avec Christian Clavier, beaucoup avec Patrick Timsit et puis pour la première fois maintenant avec Francis Huster.
Je me réjouis de cette collaboration avec Francis que j’admire beaucoup au cinéma et au théâtre. Je suis sûr que ce sera nouveau et formidable, voilà.
Comment Steve Suissa, qui est à l’initiative de ce Festival, vous a-t-il convaincu de participer à l’aventure ?
J’avais déjà émis le souhait de revenir en Israël, parce que franchement on avait joué deux fois et on aurait pu joué dix fois, il y avait le public pour ça. Les places s’étaient vendu instantanément, donc Steve était au courant que j’étais partant. Il m’a appelé et j’ai sauté sur l’occasion, voilà.
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La pièce est construite sur dix-neuf lettres qu’échangent deux amis, un Allemand et un Juif américain, à l’heure de la montée du nazisme. Comment vous étiez-vous préparé à ce rôle d’un Allemand progressivement conquis par les idées d’Hitler ? Quel rapport aviez-vous vous-même à la Seconde Guerre mondiale avant de jouer cette pièce, vous intéressiez-vous déjà à cette période ?
Oui, c’est un sujet que je connais quand même pas mal, j’ai lu beaucoup sur cette période, sur la Shoah en particulier et sur la guerre aussi. Quand « Inconnu à cette adresse » est paru en France en 1993, c’était un petit livre que l’on s’offrait très facilement parce qu’il ne coûtait pas cher et qu’il se lisait très vite.
Avec Patrick Timsit on était déjà amis à cette époque-là et nous nous étions dit que ce serait bien de la jouer. Et puis le hasard a fait que quinze ans plus tard on nous le propose; et on s’est régalés avec ça. Il n’y avait rien à préparer, car tout est dans le texte, tout est écrit et c’est vraiment un chef-d’œuvre de la littérature épistolaire.
On comprend l’évolution des mentalités en Allemagne, on comprend l’ignorance de ce qui va se passer et c’est vraiment au crédit de Kressmann Taylor d’avoir écrit ça sans connaître la fin de l’histoire [la première édition date de 1934, ndlr].
Cette pièce, c’est le choix des hommes face à l’Histoire.
Cette pièce de Kressmann Taylor sera jouée à Jérusalem dans l’immeuble où a été jugé Adolf Eichmann. Un moment fort selon vous que cette date, avec un sujet à forte résonance symbolique quand même ?
C’est là où nous avions joué il y a quatre ans. C’était un moment très fort. J’espère que ce sera aussi intense et chaleureux que ça l’était la dernière fois dans ce lieu chargé d’histoire.
Ce sont deux hommes qui ne sont que des hommes et pas des héros, ni l’un ni l’autre, et qui se trouvent chacun d’un côté de la barrière. Il y en a un qui se fait embarquer par des idées abominables, des idées qui deviennent majoritaires dans son pays. L’autre ne comprend pas que son amitié puisse être brisée par cette idéologie.
Enfin, il y a une lâcheté épouvantable d’un côté, et une vengeance épouvantable de l’autre. C’est de ça dont ça parle principalement, et c’est une histoire universelle, voilà. Et il y a le contexte de la montée du nazisme qui dépasse ça.
Quels souvenirs marquants gardez-vous des dates où vous étiez sur scène pour « Inconnu à cette adresse » ?
Honnêtement, en tout cas pour cette pièce, il y a eu deux moments très forts, en Israël évidemment avec le contexte et le lieu, et puis on a joué en France la semaine du massacre de Mohammed Merah. Je crois qu’on a joué pendant que ça se passait, c’était pratiquement concomitant.
Je ne sais si vous imaginez interpréter cette pièce et dire ces mots qui sont des mots qui étaient valables en 1934 et qui demeurent encore valables en 2014… Il y avait un silence dans la salle qui était énorme.
Pour parler un peu de votre actualité cinéma il y a la « La Finale », votre nouveau film qui va sortir prochainement. Quelques mots sur ce film et sur vos prochains projets à l’écran, au théâtre et à la télé notamment ?
Le film sortira en 2018, je viens d’achever le tournage il y a quelques semaines, c’est tout récent. Pour mes autres projets je n’ai encore rien décidé et ma prochaine actualité reste ce film, « La Finale », mais c’est un peu prématuré d’en parler parce qu’il n’y a pas encore de date de sortie.
Connaissez-vous un peu le cinéma israélien ?
Il y a Amos Gitaï que j’apprécie beaucoup. Je connais très peu le cinéma israélien mais je sais qu’il est extrêmement foisonnant et plein de talents, ça, j’en suis sûr.
Pour conclure, un mot pour les lecteurs du Times of Israël qui liront cette interview à quelques semaines du Festival ?
Oui, shana tova [bonne année] à tout le monde !
Festival du théâtre français, « Inconnu à cette adresse » de Kressmann Taylor, avec Francis Huster et Thierry Lhermitte
Dimanche 22 octobre à Tel Aviv et lundi 23 octobre à Jérusalem
Réservation ICI, retrouvez le programme du festival sur son site internet.
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