Tom Friedman exhorte Abbas à accepter le plan de paix de Trump à deux conditions
Pour l'éditorialiste du NYT, les Palestiniens devraient soutenir un État démilitarisé et Israël doit choisir entre une séparation ou la perte de sa démocratie juive
Thomas Friedman, célèbre éditorialiste au New York Times, a exhorté le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas à tendre la main aux quatre principaux alliés arabes des États-Unis et a suggéré que ces derniers répondent favorablement et de façon unifiée au très attendu plan de paix de Trump, si celui-ci prévoit un État palestinien viable et démilitarisé en Cisjordanie et une certaine dose de souveraineté palestinienne sur Jérusalem-Est.
Dans un éditorial publié le jour de Yom Kippour et coïncidant avec le 40e anniversaire des accords israélo-égyptiens de Camp David, Friedman a averti que le Moyen-Orient se trouvait aujourd’hui confronté de nouveau à une « période fatidique », précisant ce que, selon lui, les Palestiniens, Israël, l’administration Trump et ses alliés arabes pourraient faire pour sortir de cette nouvelle impasse.
Abbas, a-t-il écrit, devrait se tourner vers l’Egypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis « et leur proposer collectivement de dire ‘oui’ à Trump et à [son conseiller et gendre Jared] Kushner si le plan proposé comprend deux critères : s’il appelle à la création d’un État palestinien contigu en Cisjordanie – que ce ne soit pas un groupe de zones déconnectées entre elles – et s’il accorde aux Palestiniens une forme de souveraineté dans la partie orientale de Jérusalem, où vivent déjà 300 000 Arabes. (L’AP devra également accepter que son État soit démilitarisé.) »
Friedman a affirmé qu’une telle manœuvre « apporterait aux dirigeants arabes un soutien de l’opinion et permettrait aux Palestiniens de reprendre leurs relations avec Trump ».
Sans ces deux éléments clés, a-t-il ajouté, les dirigeants arabes feraient clairement savoir que le plan très attendu de Trump serait « mort-né dans le monde arabe, pas seulement en Cisjordanie ».
L’article de Friedman n’a fait aucune mention de l’autre revendication palestinienne majeure – qui se trouve au cœur de la stratégie du groupe terroriste palestinien du Hamas qui vise à détruire Israël et à laquelle Abbas n’a jamais renoncée : celle du « droit au retour » en Israël pour des millions de descendants de réfugiés.
Dans l’état actuel des choses, a-t-il écrit, la stratégie palestinienne familière consistant à « défier et mettre en évidence son statut de victime ne fonctionne pas ». « Le statu quo anéantit les Palestiniens mais reste tolérable pour tous les autres. L’Autorité (palestinienne) doit donc revenir à la table des négociations », a expliqué Friedman.
Pour Israël, l’intérêt de progresser sur cette base serait également clair, a-t-il affirmé : « Il faut choisir entre la séparation avec les Palestiniens, le bi-nationalisme ou l’apartheid. »
Selon lui, l’Autorité palestinienne pourrait s’effondrer et « Israël devrait alors assumer la pleine responsabilité de la santé, de l’éducation et du bien-être des 2,5 millions de Palestiniens en Cisjordanie. Israël devrait alors décider de gouverner la Cisjordanie avec une ou deux autorités légales, ce qui signifierait qu’Israël choisirait entre le bi-nationalisme et l’apartheid, soit deux catastrophes pour une démocratie juive. »
Si le Premier ministre Benjamin Netanyahu est comme ce que Friedman juge « un brillant stratège pour affronter l’Iran et gérer la présence de la Russie en Syrie », il consacre son énergie à ce que, sur un autre front, « les Palestiniens soient accusés par les États-Unis d’absence de progrès, sans apporter d’idées nouvelles – ou anciennes – sur la façon de se séparer d’eux » afin de préserver un Israël juif et démocratique.
Netanyahu « est bien parti pour entrer dans l’histoire en tant que Premier ministre israélien qui a remporté tous les débats mais fait perdre à Israël sa démocratie juive », a-t-il accusé.
En ce qui concerne les Américains, Friedman a accusé le président Donald Trump de suivre « une stratégie pro-droite et pro-implantations ». Il a également qualifié les actions de Trump « d’art du cadeau » – notamment en déplaçant l’ambassade américaine à Jérusalem et en stoppant les versements aux Palestiniens sans chercher à obtenir de concessions d’Israël sur les implantations ou autre.
À Camp David, Friedman a écrit que l’Egyptien Anouar el-Sadate et l’Israélien Menachem Begin avaient fait des choix difficiles. Maintenant, « nous nous trouvons de nouveau face à un moment fatidique, a-t-il jugé.
« Pour les Palestiniens, il faut choisir entre le nihilisme ou le pacifisme. Pour Israël, il faut choisir entre se séparer des Palestiniens, le bi-nationalisme ou l’apartheid. Pour Jared et Donald, il faut soit être sérieux – et se préparer à adopter une position ferme avec toutes les parties, y compris Israël – ou rester à la maison ».
Friedman cite l’ancien envoyé de paix américain au Moyen-Orient, Dennis Ross, qui a servi à la fois dans des administrations républicaines et démocrates et qui semble en accord avec ce qu’il propose ici. « Les Palestiniens ne peuvent pas accepter de perdre leur autorité en Cisjordanie », a déclaré Ross. « Et l’administration Trump et Israël ne peuvent pas accepter qu’il y ait un vide total – car au Moyen-Orient, quand il y a un vide, il se remplit avec quelque chose de pire. »
Selon Ross, si Abbas et les alliés des États-Unis avaient manifesté leur accord sur des bases minimales pour des négociations, les Palestiniens auraient bénéficié d’un soutien arabe pour reprendre les négociations et l’administration Trump aurait ressenti une pression pour proposer un plan de paix crédible. Et Israël aurait eu à faire « des choix fatidiques ».