Toujours pas de confirmation pour savoir si Dayan est accepté au Brésil
Nommé en août, l'ex-chef du Conseil des implantations n’a toujours pas de nouvelles de Brasilia ; Jérusalem attend jusqu’à Noël pour décider de comment procéder
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
La nomination du chef d’implantation Danny Dayan en tant que nouvel ambassadeur au Brésil, qui a été annoncée il y a plus de quatre mois, n’a toujours pas été approuvée par Brasilia, indiquant que le pays d’Amérique latine ne souhaiterait pas accepter sa nomination.
Le 5 août, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a nommé Dayan en tant que nouvel ambassadeur d’Israël au Brésil, le pays le plus peuplé du continent.
La décision a été saluée par de nombreux Israéliens même de gauche comme Shelly Yachimovich du parti travailliste, malgré la position de responsable de Dayan au Conseil Yesha, un comité représentant les implantations israéliennes en Cisjordanie.
Pourtant, des Brésiliens et des Israéliens de gauche, y compris un groupe d’anciens diplomates de haut rang, ont commencé à faire pression sur le gouvernement au Brésil contre l’acceptation de Dayan, affirmant qu’une telle décision pouvait être comprise comme une acceptation tacite des implantations israéliennes.
La présidente du Brésil Dilma Roussef aurait informé Jérusalem qu’elle désapprouve la nomination de Dayan.
Le 6 septembre, le cabinet israélien a approuvé la nomination de Dayan ouvrant la voie pour que le ministère des Affaires étrangères fasse la demande de ce que l’on appelle en jargon diplomatique, un agrément, une confirmation de la part du pays hôte de la nomination effectuée par l’envoyé d’un autre état dans sa capitale.
Un agrément est généralement donné en l’espace de deux ou trois semaines. Lorsqu’un agrément n’est pas accordé après deux mois, un gouvernement doit comprendre que son choix d’ambassadeur n’a pas été approuvé par le pays hôte.
« Le Brésil ne confirmera pas Dayan, a déclaré un ancien diplomate de haut rang à Jérusalem. Ils ne nous donnent simplement aucune réponse ce qui signifie qu’ils espèrent que nous comprendrons le message nous-mêmes. Pour le Brésil, c’est un scandale qu’Israël veuille envoyer un dirigeant d’implantations en tant qu’ambassadeur ».
Les gouvernements donnent rarement des réponses négatives aux demandes d’autres pays d’accréditer un ambassadeur nommé. Ils préfèrent ne pas répondre à la demande d’agrément, indiquant ainsi qu’ils désapprouvent et espèrent que le pays hôte retirera la nomination.
Il y a déjà eu des cas similaires. En 1977, un professeur israélien, Ehud Toledano, a été nommé nouvel ambassadeur d’Israël en Turquie, mais Ankara n’a pas confirmé sa nomination pendant plusieurs mois. Jérusalem a fini par se rendre compte que la Turquie ne voulait pas de Toledano, certainement à cause d’une déclaration qu’il avait faite sur le génocide arménien, et avait retiré sa nomination.
D’autres sources ont néanmoins déclaré qu’elles n’étaient pas préoccupées par le retard de la part de Brasilia pour confirmer Dayan, avançant l’argument que le précédent ambassadeur israélien au Brésil avait dû attendre trois mois avant d’être confirmé et que de tels délais arrivent parfois pour diverses raisons non liées au désir d’un pays de rejeter un certain candidat.
Contactés par le Times of Israel, le ministère des Affaires étrangères et Dayan ont tous les deux refusé de commenter.
Dans des conversations privées, les diplomates israéliens déclarent qu’ils se sont fixés une date limite à Noël. Si à ce moment là, aucun agrément n’a été reçu, le ministère des Affaires étrangères considérera que la nomination de Dayan a été rejetée et passera à l’étape suivante.
Puisqu’il a été nommé cet été, Dayan se préparait pour son nouvel emploi : il a appris le portugais et a rencontré des groupes juifs brésiliens et des parlementaires brésiliens.
Rousseff, la présidente brésilienne, a subi des pressions de la part de dizaines d’organisations brésiliennes pour rejeter la nomination de Dyan de fait de son passé d’avocat du mouvement d’implantation. En août, une pétition a été présentée au gouvernement brésilien qualifiant la nomination « de violation de la légitimité internationale et de la souveraineté du Brésil ».
En tant que pays le plus peuplé d’Amérique du Sud et l’une des économies en plus forte croissance dans le monde, le Brésil est perçu à Jérusalem comme un partenaire stratégique et économique important.
Né en Argentine, Dayan est un opposant de longue date à la solution à deux États entre Israël et les Palestiniens ; il est actif dans la promotion des implantations juives en Cisjordanie.
Avant les élections à la Knesset de cette année, Dayan était en 21e place sur la liste du parti de droite HaBayit HaYehudi, mais il s’est retiré du parti juste avant le vote.
« J’ai accepté le défi posé par le Premier ministre de renforcer et d’améliorer les relations entre Israël et le Brésil, a déclaré Dayan à la suite de sa nomination. J’ai assuré au Premier ministre que je n’épargnerais aucun effort ou aucune créativité pour remplir la tâche stratégique qui m’a été donnée ».
Dayan, âgé de 60 ans, a immigré en Israël avec sa famille à l’âge de 15 ans. Il a ensuite continué à travailler dans une entreprise de programmes informatiques puis a créé sa propre entreprise qui a eu beaucoup de succès, Elad Systems.
A l’âge de 50 ans, il a vendu sa part de la compagnie et s’est consacré à l’activisme politique à plein temps.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.