Toute erreur peut mener à la guerre, dit Israël au Hamas
Après que les sirènes ont sonné, envoyant les habitants du sud aux abris, lors d'une fausse alarme, certains résidents ont quitté la zone - craignant les violences du week-end
Alors que l’armée israélienne continue ses préparations en vue d’un possible éclatement de violences lors des manifestations sur la frontière de Gaza prévues samedi, une délégation égyptienne aurait fait savoir au Hamas que toute erreur de sa part pourrait conduire à la guerre.
Les militaires israéliens ont indiqué jeudi qu’ils se préparaient pour le mouvement de protestation prévu samedi – Journée de laTerre des Palestiniens – sur la frontière avec Gaza et qu’ils étaient prêts à répondre à des potentiels éclatements de violences. Cette journée marquera également le premier anniversaire du début des séries de manifestations violentes sur la frontière qui sépare l’enclave côtière et l’Etat juif, connues sous le nom de « Marche du Retour », qui ont parfois dégénéré en échanges de tirs entre Israël et les groupes terroristes palestiniens. Cela a été le cas, une fois encore, cette semaine.
Une délégation des renseignements militaires égyptiens oeuvre à négocier un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas en amont de ce mouvement de protestation massif, craignant que les affrontements le long de la frontière n’en viennent à entraîner une confrontation plus large.
Jeudi, la délégation a transmis un message d’Israël au Hamas, disant au groupe terroriste qui gouverne Gaza que « toute erreur que vous commettrez samedi sera susceptible d’entraîner la guerre », a fait savoir la Douzième chaîne.
Selon la chaîne, le Hamas a prévu d’organiser une importante opération de transport pour la journée de samedi, faisant venir les manifestants depuis 38 emplacements au sein de l’enclave et les débarquant sur cinq sites différents le long de la frontière. Des hôpitaux de terrain auraient été dressés à des endroits variés et les structures médicales de l’enclave sont en état d’alerte.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a expliqué qu’il avait ordonné aux militaires de se préparer à une « opération d’envergure » si les négociations égyptiennes en vue d’un cessez-le-feu échouaient.
Avant les manifestations et les émeutes attendues pour le week-end, l’armée israélienne a déployé trois brigades supplémentaires au sein de la Division de Gaza, ainsi qu’un bataillon d’artillerie. Elle a également fait appel à des réservistes des défense aériennes et d’autres unités sélectionnées.
Selon le site d’information Walla, de hauts-commandants se préparent à de multiples scénarios – et notamment à la possibilité que la situation dégénère et évolue en une opération terrestre à grande échelle.
Les militaires ont annulé le congé accordé le week-end à tous les soldats stationnés au sein du commandement du sud, et publié une vidéo qui, ont-ils dit, montrent des troupes se préparant ces derniers jours à des combats au sein même de Gaza – avec des entraînements à la guérilla urbaine et autres confrontations similaires propres aux conditions rencontrées dans la bande.
Un certain nombre de résidents des communautés israéliennes situées le long de la bande de Gaza, ont choisi de quitter la zone pour le week-end en amont du mouvement de protestation prévu.
« Nous voulons principalement éloigner les enfants de tous ces événements », a dit un résident au site d’information Ynet. « Ce coup-ci, nous avons décidé qu’à cause des préparations – qui devraient être très tendues – nous avions simplement besoin de sortir de là et de respirer un peu tous ensemble, puis nous reviendrons à la fin des combats. »
« C’est plus sûr pour chacun d’entre nous – l’armée doit pouvoir agir avec la force nécessaire – et cela nous permettra de retrouver un peu de tranquillité d’esprit après ces jours de grande tension, avec ces sirènes et ces missiles », a ajouté le résident.
Une fausse alarme à la roquette a envoyé vendredi dans la nuit les Israéliens dans les abris anti-aériens dans les zones frontalières de Gaza, dans ce contexte de tensions extrêmes.
Tsahal a fait savoir que la sirène à la roquette, qui s’est déclenchée dans la région d’Eshkol juste avant une heure du matin, été une fausse alerte.
L’armée n’a pas précisé ce qui avait activé la sirène, qui a résonné suite à une journée de faibles violences le long de la frontière et à l’issue d’une recrudescence d’échanges de tirs transfrontaliers au début de la semaine.
La sirène s’est faite entendre alors que les Gazaouis participaient à des émeutes nocturnes de faible intensité long de la frontière – qui sont souvent le théâtre de lancers d’explosifs improvisés sur la clôture et sur les troupes israéliennes de l’autre côté. Dans le passé, des explosifs ont activé des sirènes d’alarme à la roquette.
Jeudi, un drone israélien a ouvert le feu sur un groupe de Palestiniens qui lançaient des ballons incendiaires en direction du territoire israélien depuis le nord de l’enclave, faisant trois blessés légers, selon des informations parues dans les médias locaux.
Les violences de cette semaine ont commencé après qu’une roquette tirée depuis Gaza a frappé une communauté agricole du centre Israël dans la matinée de lundi, détruisant une maison et blessant sept personnes, dont deux enfants en bas âge.
Les avions israéliens ont mené des dizaines de frappes de représailles et les Gazaouis ont envoyé environ 60 projectiles vers le sud d’Israël. Les violences n’ont commencé à s’apaiser que mercredi avant l’aube.
La Journée de la Terre marque, chez les Palestiniens, la décision de 1976 par le gouvernement israélien de saisir des milliers d’hectares de terres arabes dans la région de Galilée et du nord d’Israël.
L’an dernier, à l’occasion de la Journée de la Terre, les Palestiniens de la bande de Gaza avaient lancé « la grande marche du retour », une série d’émeutes et de manifestations hebdomadaires auxquelles des milliers de Palestiniens ont parfois participé le long de la barrière de sécurité. Israël affirme que le Hamas s’est approprié cette campagne à des fins malveillantes, utilisant les manifestants civils comme couverture pour mener des activités terroristes violentes.
Environ 30 000 Palestiniens avaient participé à la première marche du retour, l’année dernière, qui avait eu lieu le 30 mars 2018. Quinze Palestiniens étaient morts lors d’affrontements avec l’armée israélienne, chargée de protéger la frontière. Depuis, plus de 100 Palestiniens ont été tués dans les violences, selon des chiffres du mois de février donnés par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. Le Hamas a clamé que des dizaines d’entre eux appartenaient à ses rangs.
Les responsables israéliens de la Défense – ainsi que l’ennemi politique du Hamas, l’Autorité palestinienne – accusent le groupe terroriste d’encourager les émeutes frontalières pour détourner l’attention de ses erreurs de gouvernance dans la bande de Gaza, surpeuplée et accablée par le chômage, un accès limité à l’électricité et à l’eau potable avec peu de perspectives économiques.
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