Israël en guerre - Jour 434

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Traquer les constructions arabes illégales, financées par l’UE

Revagim, l’équivalent de la droite de La Paix maintenant, affirme que l’UE utilise les Bédouins démunis pour créer des faits politiques

Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes

Une dépendance financée par l'UE à Arareh, à l'est de Jérusalem, le 29 avril 2015 (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israël)
Une dépendance financée par l'UE à Arareh, à l'est de Jérusalem, le 29 avril 2015 (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israël)

Deux versets bibliques figurent sur le mur de la salle de conférences de Regavim, une ONG israélienne qui surveille et informe sur la construction arabe illégale en Israël et en Cisjordanie.

Le premier, tiré du livre de la Genèse, résume la motivation de l’organisation, qui se retrouve dans les paroles de Dieu à Abraham : « Toute la terre que tu vois, Je te la donnerai à toi et tes descendants, pour toujours ».

La deuxième, symbolisant le modus operandi de Regavim, cite le premier chapitre d’Isaïe : « Sion sera libérée avec justice ». Regavim – Le Fonds d’Indépendance d’Israël, a été fondé en 2006 par les députés nouvellement élus de HaBayit HaYehudi, Bezalel Smotrich, et Yehuda Eliyahu, en réponse à une décision de la Cour suprême de septembre 2005 sur une requête introduite par La Paix maintenant contre l’avant-poste illégal de Harasha en Samarie.

Aujourd’hui, avec un effectif de 10 personnes qui travaillent dans des bureaux dans la zone industrielle de Shaar Benyamin dans le sud-est de Ramallah, Regavim définit sa mission comme étant celle d’« élaborer un programme sioniste pour l’Etat d’Israël, en mettant l’accent sur la terre, sa gestion et sa conservation ».

En pratique, cela se traduit par le déploiement de dizaines de bénévoles sur le terrain et l’utilisation d’images aériennes sophistiquées pour surveiller les violations des constructions arabes.

Plus récemment, le groupe a choisi de se concentrer sur l’Union européenne et son financement massif de construction illégale bédouine dans les zones à l’est de Jérusalem, communément connues sous le nom E-1.

Selon un rapport publié en janvier intitulé « Construction illégale de l’UE dans la région d’Adumim », au cours de ces deux dernières années, l’Union européenne a contribué à ériger des centaines de structures illégales dans la zone C en Cisjordanie, administrativement contrôlée par Israël, en violation des lois sur la construction israélienne.

Des structure illégalement construites dans le hameau de Arareh, à l'est de Jérusalem, le 29 avril 2015 (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israël)
Des structures illégalement construites dans le hameau de Arareh, à l’est de Jérusalem, le 29 avril 2015 (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israel)

« On ne pourrait jamais imaginer que l’Allemagne finance la construction de milliers d’habitations illégales dans les banlieues de Paris comme une ‘solution permanente’ pour les Roms vivant en France, en opposition complète avec la politique et les lois de la France », affirme l’introduction du rapport.

Au-delà de sa réelle préoccupation du bien-être des Palestiniens les plus démunis, l’UE est politiquement motivée lorsqu’elle installe la communauté bédouine de Jahallin dans les terres où elle construit actuellement dans le but stratégique de maintenir la contiguïté arabe entre le nord et le sud de la Cisjordanie, a soutenu Regavim.

Mais l’organisation met en cause, non seulement l’Europe mais aussi la bureaucratie et du système juridique israélien, qui laisse la situation se poursuivre sans agir.

« L’Europe a décidé de faire cavalier seul et Israël a décidé de le laisser faire », a déclaré Ari Biggs, le directeur des relations internationales de Regavim. L’UE n’a pas commenté les allégations de Regavim au moment de la publication de cet article.

Les tuyaux d’eau de France, des panneaux solaires de l’UE

Dans le hameau bédouin de Jahallin-Ararah, juste à côté de l’autoroute 1 menant de Jérusalem jusqu’à la mer Morte, les eaux usées s’écoulaient entre des baraques de fortune en tôle et les enclos des animaux. Mardi, de nombreuses dépendances et d’autres structures du village avaient des autocollants de l’UE collés bien en vue.

Les Jahallin ont migré de la région d’Arad dans le nord du Néguev après avoir été chassés par Israël dans le début des années 1950. Deifallah, 65 ans, chef de file de la communauté et berger, a déclaré que les restrictions israéliennes sur les nouvelles constructions continuent à être imposées.

Une nouvelle canalisation d’eau donnée par l’ONG française Action Contre la Faim (ACF) il y a deux ans a mis fin à la nécessité de parcourir de longues distances pour prendre de l’eau. L’eau est fournie gratuitement par l’Autorité palestinienne, qui paie la facture à la compagnie des eaux israélienne Mekorot.

Il y a six mois, l’organisation palestinienne Arij a fourni des panneaux solaires pour l’ensemble de la communauté, permettant ainsi de subvenir aux besoins énergétiques de la communauté. Deifallah a déclaré que les panneaux avaient été donnés par l’UE.

Deifallah, 65 ans, l'ancien du village de Jahallin-Arareh, se tient à côté de sa maison  de fortune à l'est de Jérusalem le 29 avril 2015 (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israël)
Deifallah, 65 ans, l’ancien du village de Jahallin-Arareh, se tient à côté de sa maison de fortune à l’est de Jérusalem le 29 avril 2015 (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israel)

« Le but est de rendre la vie plus facile aux étudiants qui étudient la nuit », a-t-il expliqué au Times of Israel. « Tous les deux ou trois foyers ont reçu un panneau ».

La seule interaction régulière entre la tribu bédouine et l’Autorité palestinienne, a ajouté Deifallah, est le bus scolaire qui arrive tous les jours pour prendre les personnes qui étudient à Jérusalem.

Une fondation cynique devenue sérieuse

Dans sa routine quotidienne, Regavim agit comme les ONG de gauche israéliennes tels que La Paix maintenant, Ir Amim et Bimkom, qui pendant des années ont documenté les constructions juives illégales en Cisjordanie et apportaient leurs conclusions à la Haute Cour d’Israël pour obtenir réparation. C’est une comparaison qui met mal à l’aise Meir Deutsch, le directeur des relations politiques et gouvernementales de Regavim.

« Nous réagissons à la réalité, et non pas à d’autres organisations et à des personnes » argue-t-il, mais il a reconnu que Regavim a adopté les modes de fonctionnement de la gauche.

« La gauche allait au tribunal et dépeignait l’image que toutes les constructions illégales en Israël se font par des Juifs dans avant-postes illégaux en Judée et Samarie. Regavim a été créé pour montrer l’image dans son ensemble, et dire ‘nous allons parler de la construction illégale’. Parlons des 70 000 structures illégales dans le sud, parlons des 40 000 structures illégales dans le nord. Selon les statistiques de La Paix maintenant, il y a environ 3 000 structures illégales dans les avant-postes [juifs]. Donc, gardons les choses dans leur perspective ».

Meir Deutsch, directeur de la politique et des relations gouvernementales à Regavim, au bureau de l'organisation à Shaar Benyamin, le 29 avril 2015 (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israël)
Meir Deutsch, directeur de la politique et des relations gouvernementales à Regavim, au bureau de l’organisation à Shaar Benyamin, le 29 avril 2015 (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israel)

Deutsch explique que Regavim a été fondé avec la compréhension que les tribunaux israéliens définissent de plus en plus la politique sur les questions cardinales de l’existence d’Israël au lieu de l’interpréter.

« Ce que vous mettez dans l’urne n’a pas d’importance, la réalité est déterminée par la Cour », affirme-t-il. « La Cour suprême a cessé d’être seulement le pouvoir judiciaire et est devenue l’exécutif aussi ».

Bien que Regavim a été créé pour mettre en évidence la polarisation vers la gauche des tribunaux sur les questions foncières, il a vite commencé à prendre ses propres conclusions alarmantes beaucoup plus au sérieux.

Ovad Arad, le directeur des opérations sur le terrain de Regavim, étudie une carte de la Cisjordanie fournies par l'Administration civile israélienne, le 29 avril 2015 (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israël)
Ovad Arad, le directeur des opérations sur le terrain de Regavim, étudie une carte de la Cisjordanie fournie par l’Administration civile israélienne, le 29 avril 2015 (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israel)

« Au début, nous sommes allés dans sud comme un moyen d’aider à les implantations juives en Judée et en Samarie, pour dire ‘regardez ce qu’ils font là-bas’ », a ajouté Deutsch.

« Mais nous nous sommes vite rendu compte qu’il y a un problème sérieux qui devait être résolu. Il y a des questions stratégiques à portée de main, quels que soient les avant-postes [juifs]. Nous avons changé notre état d’esprit ; maintenant, nous croyons que quelque chose d’illégal doit être traité ».

Ce traitement est entrepris par Regavim avec des moyens de plus en plus sophistiqués. L’organisation a accès à la base de données de l’Administration civile, suit régulièrement la construction illégale à l’aide de cartes détaillées fournies par le gouvernement sur CD.

Un petit drone appartenant à l’organisation et équipé d’une caméra Go-Pro survole les communautés arabes à travers le pays quotidiennement, et documente tout changement sur le terrain. En outre, Regavim achète périodiquement les images aériennes de haute résolution à une société israélienne qui les vend dans un but commercial :

« Nous ne sommes pas ici pour remplacer l’État, mais plutôt pour l’amener à des endroits où il refuse d’aller », a déclaré Ovad Arad, le directeur des opérations de terrain de Regavim. « Nous voulons mettre un miroir en face de lui et dire : ‘c’est la situation’ ».

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