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Analyse

Très puissant au Proche-Orient, l’Iran demeure fragilisé à l’intérieur

Un chercheur pointe du doigt "un énorme pouvoir de nuisance" mais Téhéran a de nombreux ennemis qui peuvent l'atteindre

Un homme se recueillant devant des cercueils drapés du drapeau iranien des victimes tuées dans une double explosion le 3 janvier, alors qu'elles participaient à une commémoration marquant l'anniversaire de l'assassinat du général des CGRI, Qassem Soleimani, dans la ville de Kerman, au sud de l'Iran, le 5 janvier 2024. (Crédit : Présidence iranienne/AFP)
Un homme se recueillant devant des cercueils drapés du drapeau iranien des victimes tuées dans une double explosion le 3 janvier, alors qu'elles participaient à une commémoration marquant l'anniversaire de l'assassinat du général des CGRI, Qassem Soleimani, dans la ville de Kerman, au sud de l'Iran, le 5 janvier 2024. (Crédit : Présidence iranienne/AFP)

L’Iran est accusé de jouer un rôle incontournable dans les turbulences au Proche-Orient, mais l’attentat de mercredi, revendiqué par le groupe Etat islamique (EI), est un rappel brutal de ses fragilités internes.

L’Iran, qui ne reconnaît pas l’existence d’Israël, se considère avec le pouvoir en Syrie, le Hezbollah libanais, le mouvement palestinien Hamas, des groupes irakiens et les rebelles yéménites Houthis comme faisant partie de « l’axe de la résistance » face à Israël au Moyen-Orient.

Ces derniers mènent, depuis le début en octobre de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien, des attaques en mer Rouge, perturbant fortement le commerce international. La République islamique dément toute implication.

« L’Iran n’a pas besoin de faire bouger un seul soldat iranien. Ce sont ses relais qui font ce travail », affirme Hasni Abidi, du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève.

Pour autant, si l’Iran est devenu « une puissance régionale importante avec un énorme pouvoir de nuisance, il reste fragile sur le plan intérieur », note-t-il.

Un double attentat suicide revendiqué par l’EI a fait 91 morts lors d’une cérémonie commémorative près de la tombe du général Qassem Soleimani, ex-architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient, tué en janvier 2020 par une frappe américaine en Irak.

Des Iraniens assistant aux funérailles des victimes tuées dans une double explosion le 3 janvier, alors qu’elles participaient à une commémoration marquant l’anniversaire de l’assassinat du général des CGRI, Qassem Soleimani, dans la ville de Kerman, au sud de l’Iran, le 5 janvier 2024. (Crédit : Présidence iranienne/AFP)

L’EI est venu rappeler qu’Israël n’est pas le seul adversaire de la République islamique capable de l’atteindre. L’Iran est en effet confronté à des mouvements séparatistes dans la province du Sistan-Baloutchistan, voisine du Pakistan, ainsi qu’à des séparatistes arabes à Ahvaz, à la frontalière avec l’Irak, auteurs présumés d’attentats dans le pays ces dernières années.

Par ailleurs, Téhéran a annoncé à plusieurs reprises l’arrestation d’agents travaillant pour des services de renseignement étrangers, notamment le Mossad israélien. L’un d’eux a été exécuté le 16 décembre.

L’Iran accuse aussi Israël d’avoir saboté certains de ses sites nucléaires et assassiné plusieurs scientifiques iraniens.

« De leur incapacité à protéger les responsables et installations nucléaires et militaires contre des opérations secrètes, en passant par leur incapacité à sécuriser les rassemblements organisés par l’Etat et les sites religieux contre les attaques terroristes, les forces de sécurité iraniennes ont échoué dans leur tâche première, à savoir assurer la sécurité », résume Ali Vaez, chercheur spécialiste de l’Iran au centre de réflexion Crisis Group.

L’EI avait revendiqué en 2017 sa première attaque en Iran, visant le siège du Parlement et le mausolée de l’ayatollah Rouhollah Khomeiny, fondateur de la République islamique, faisant 17 morts.

DOSSIER – L’ayatollah Khomeiny s’adresse à ses partisans au cimetière Behesht Zahra après son arrivée à Téhéran, en Iran, mettant fin à 14 ans d’exil, le 1er février 1979. (Crédit : AP Photo/AF)

Plus récemment, l’EI avait attaqué un sanctuaire chiite à Chiraz (sud), faisant 13 morts.

Par ailleurs, l’Iran a aussi été le théâtre de manifestations déclenchées par la mort en détention de Mahsa Amini, en septembre 2022, après son arrestation pour infraction au strict code vestimentaire.

« Axées sur le harcèlement des femmes sans hijab ou sur la répression de la société civile, les forces de sécurité iraniennes n’ont clairement pas réussi à définir leurs priorités », estime Ali Vaez.

Le pouvoir pourrait se retrouver sous le feu « de critiques internes sur la priorité accordée aux conflits régionaux avec Israël plutôt qu’aux questions intérieures », souligne de son côté Sanam Vakil, du groupe de réflexion britannique Chatham House.

Le mécontentement populaire est d’autant plus fort que le pays est soumis à des sanctions internationales, notamment américaines, visant des secteurs clés comme le pétrole, qui mettent sous pression l’économie et la devise iranienne.

Le Fonds monétaire international table sur une inflation de 47 % pour 2023.

Les négociations engagées avec les grandes puissances pour limiter les activités nucléaires iraniennes en échange d’une levée des sanctions sont au point mort.

« La sécurisation du programme nucléaire est une obsession pour le régime iranien », affirme Hasni Abidi. C’est son « assurance-vie ».

Une étudiante observant des centrifugeuses construites en Iran lors d’une exposition sur les réalisations nucléaires du pays, à Téhéran, en Iran, le 8 février 2023. (Crédit : AP Photo/Vahid Salemi)

Peut-être sa faiblesse également, car « l’axe de la résistance » fait peser le risque d’une escalade pouvant aboutir à des opérations d’Israël contre ses sites nucléaires.

« Conscient de ces vulnérabilités, l’Iran ne souhaite pas voir la guerre à Gaza déclencher une conflagration régionale dans laquelle il ne serait pas en mesure de protéger efficacement » le pays, opine Ali Vaez.

Pour Hasni Abidi, le Hezbollah libanais reste « le meilleur indicateur de la réponse et de la politique iranienne non seulement au Proche-Orient, mais encore vis-à-vis des événements de Gaza ».

Alors qu’Israël vient d’éliminer le numéro 2 du Hamas palestinien dans un fief du Hezbollah à Beyrouth, le mouvement libanais se demande, dit-il, « comment répondre sans vraiment provoquer une riposte disproportionnée de la part des Israéliens ».

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