« Trésor nazi » d’oeuvres d’art : une plainte aux Etats-Unis
David Toren réclame la restitution "immédiate" des œuvres volées par les nazis à son grand-oncle
Un octogénaire américain descendant d’un collectionneur d’art juif, a porté plainte mercredi à Washington contre l’Allemagne et la Bavière pour demander la restitution d’œuvres du « trésor nazi » découvert dans un appartement de Munich, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.
David Toren, 88 ans, de New York, a demandé devant la cour du District de Columbia la restitution « immédiate » du tableau « Deux cavaliers sur la plage » de l’Allemand Max Liebermann, et des œuvres ayant appartenu à son grand-oncle David Friedmann, depuis disparues.
Le tableau avait été l’une des œuvres montrées lors d’une conférence de presse qui faisait état, à l’automne dernier, de la spectaculaire découverte d’une collection de 1 400 œuvres d’art dans un appartement.
Les œuvres, parmi lesquelles des Picasso, des Matisse ou des Renoir, mais dont la liste exhaustive n’a pas été donnée, avaient été découvertes chez Cornelius Gurlitt, 81 ans, fils d’un marchand d’art au passé trouble sous le Troisième Reich.
Une majeure partie d’entre elles sont soupçonnées d’avoir été volées ou extorquées à des familles juives ou saisies dans les musées comme faisant partie de ce que les nazis classaient dans la catégorie « Art dégénéré ».
David Toren, qui avait 14 ans quand ses parents l’ont mis dans un train pour la Suède, en 1939, se souvient avoir vu les « Deux cavaliers » accrochés aux murs de la maison de Breslau de son grand-oncle, un riche homme d’affaires.
Toute la famille du jeune homme a été décimée par les nazis. David Toren a ensuite émigré en 1956 avec la seule photo de ses parents comme souvenir de famille.
Il a depuis découvert l’existence d’une lettre du ministère nazi de l’Economie à Berlin, datant de 1939, prouvant selon lui que les nazis avaient volé la collection de son grand-oncle.
La plainte dénonce également le fait que la découverte de ce trésor ait été caché par l’Allemagne et la Bavière au public et aux propriétaires légitimes, et qu’aucune explication n’ait été donnée de ce silence.
« Chaque jour où [l’Allemagne et la Bavière] privent les propriétaires légitimes de la possession des œuvres volées par les nazis, elles perpétuent la persécution des victimes des nazis », selon la plainte.
Au total, 458 de ces 1 400 tableaux ont été rendus publics sur le site internet lostart.de, édité par la cellule de coordination fédérale consacrée à l’art disparu pendant la Seconde Guerre mondiale.