Israël en guerre - Jour 374

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Troisième nuit de manifestations ultra-orthodoxes anti-confinement à Jérusalem

La police a procédé à 16 arrestations après que des bennes à ordure ont été incendiées, alors que la colère monte contre les soi-disant "discriminations" du gouvernement

Officiers de la police aux frontières s'opposent aux Juifs ultra-orthodoxes lors d'une manifestation contre la fermeture des quartiers Romema et Kiryat Belz de Jérusalem, le 13 juillet 2020. (Olivier Fitoussi/Flash90)
Officiers de la police aux frontières s'opposent aux Juifs ultra-orthodoxes lors d'une manifestation contre la fermeture des quartiers Romema et Kiryat Belz de Jérusalem, le 13 juillet 2020. (Olivier Fitoussi/Flash90)

Lundi, pour la troisième soirée d’affilée, des hommes et des jeunes garçons ultra-orthodoxes ont organisé des manifestations à Jérusalem contre le confinement imposé par le gouvernement. La police a procédé à 16 arrestations.

Des dizaines d’ultra-orthodoxes se sont rassemblés dans le quartier de Romema. Ils ont hurlé des slogans contre les forces de police et le gouvernement. Il ont également incendié des bennes à ordure.

Certains manifestants ont lancé les bennes à ordure montées sur roues en direction des officiers de la police des frontières.

« Nous n’abandonnerons pas, c’est une guerre pour notre foyer et nous n’autoriserons pas les discriminations dans l’Etat juif », a déclaré un manifestant au site d’information ultra-orthodoxe Kikar Hashabbat. Nous prendrons chaque mesure jusqu’à ce que le confinement soit levé et que la police commence à nous traiter comme des êtres humains. »

Vendredi, des mesures de confinement sont entrées en vigueur dans des quartiers de cinq villes, notamment des enclaves ultra-orthodoxes de Jérusalem et Beit Shemesh. Le gouvernement avait auparavant à nouveau confiné l’implantation ultra-orthodoxe de Beitar Illit en Cisjordanie et des quartiers ultra-orthodoxes d’Ashdod.

Samedi, dix manifestants ont été arrêtés à la suite d’émeutes contre la police. Des centaines de manifestants ont bloqué le croisement des rues Yirmiyahu et Shamgar. Ils ont jeté des pierres, des œufs et d’autres objets sur les officiers, a rapporté la police israélienne dans un communiqué. Certains manifestants s’en sont pris aux barrages mis en place par la police afin d’imposer les confinements, notait le communiqué.

Dimanche, au moins deux personnes ont été arrêtées, alors que des centaines de Juifs ultra-orthodoxes ont incendié des poubelles et renversé des barrages pour protester contre les fermetures.

Des officiers de la police aux frontières s’opposent à des Juifs ultra-orthodoxes lors d’une manifestation contre la fermeture des quartiers Romema et Kiryat Belz à Jérusalem, le 13 juillet 2020. (Olivier Fitoussi/Flash90)

Lundi, dans le même temps, la Treizième chaîne a rapporté que des tests à domicile non-autorisés du coronavirus rencontraient beaucoup de succès dans les quartiers ultra-orthodoxes. Ils sont ainsi utilisés comme un outil pour éviter les quarantaines imposées par le gouvernement.

Même si les kits ont une précision estimée à seulement 75 %, de nombreuses publicités ont ces derniers jours appelé les Haredim à se faire tester en les utilisant, avec la promesse de ne pas informer les autorités si le résultat était positif, expliquait le reportage.

Les kits sont vendus en masse pour environ 200 shekels (50 euros) la pièce, précisait le reportage.

Plus tôt lundi, des élus ultra-orthodoxes ont appelé le Premier ministre Benjamin Netanyahu à l’action afin de faire cesser ce qu’ils ont qualifié d’application biaisée et sélective des règles de santé publique, qui cibleraient injustement leurs communautés.

Des députés des partis ultra-orthodoxes Shas et Yahadout HaTorah ont rencontré Netanyahu aux côtés du ministre de la Santé Yuli Edelstein et du ministre de la Sécurité publique Amir Ohana, quelques jours après des plaintes et même des menaces de certains élus ultra-orthodoxes de quitter la coalition.

Le chef du parti Shas Aryeh Deri arrive à la Knesset pour une rencontre avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le 3 mars 2020. (Yonatan Sindel/Flash90)

« La discrimination est appliquée contre la communauté ultra-orthodoxe », a déclaré le président du Shas et ministre de l’Intérieur Aryeh Deri, selon un communiqué de son bureau publié lundi après-midi. « J’appelle le Premier ministre et le ministre de la Sécurité publique à travailler pour une application égale » des règles, a-t-il ajouté.

« Un confinement réalisé sans aide ne permet pas d’atteindre son objectif et nuit à l’ensemble du public », a-t-il déclaré, en référence aux récentes fermetures de plusieurs quartiers ultra-orthodoxes à Jérusalem et Beit Shemesh.

Au plus fort de la première vague, les villes de Beit Shemesh, Elan et Modiin Illit comptaient chacune plus de cas actifs qu’à Tel Aviv, la deuxième ville la plus peuplée du pays. En avril, la ville ultra-orthodoxe de Bnei Brak a été placée en confinement, tout comme plusieurs quartiers ultra-orthodoxes de Beit Shemesh.

Dans un communiqué publié après la réunion de lundi, Yahadout HaTorah a déclaré « qu’imposer un confinement sur les zones à forte densité ultra-orthodoxe n’est pas responsable. C’est un comportement qui nuit au public et qui n’est pas efficace pour lutter contre le coronavirus. Nous demandons que l’action soit transparente et égalitaire, et de retirer ces fermetures sectaires ».

Des officiers de la police des frontières tiennent un barrage conformément aux mesures du gouvernement pour aider à endiguer la propagation du coronavirus à Bnei Brak, le 3 avril 2020. (AP Photo / Oded Balilty)

L’approche actuelle, a déclaré le parti, était « injustifiée, disproportionnée et entachée d’une discrimination sélective. Cela sape la confiance du public envers le système ».

Selon Yahadout HaTorah, Edelstein a répondu que son ministère « travaillerait pour régler ce problème ».

Dans un communiqué, le Bureau du Premier ministre a indiqué que des consultations seraient tenues avec des représentants de la communauté ultra-orthodoxe avant les prochains confinements et que, si possible, des centres de commandements seraient ouverts dans les communautés affectées.

« J’ai demandé à vous rencontrer afin que nous puissions répondre à votre désarroi ; je sais qu’il est réel et il nous touche au cœur », a déclaré Netanyahu. « Nous voulons aider, personne ne veut être harcelé… Et je suis à votre écoute. »

Les députés se sont également plaints des brutalités subies par des membres de la communauté ultra-orthodoxe de la part de la police chargée de faire appliquer les restrictions.

Des manifestants ultra-orthodoxes affrontent la police, à Jérusalem, suite aux confinements localisés de leurs quartiers pour cause de coronavirus, le 11 juillet 2020. (Crédit : Police israélienne)

Dimanche dernier, la police a annoncé un plan pour renforcer l’application des directives de distanciation sociale qui visent à endiguer la propagation du coronavirus. Des dizaines d’officiers ont été incorporés dans une unité spéciale chargée de mener des inspections.

Depuis lors, des sites d’information ultra-orthodoxes et des comptes sur les réseaux sociaux ont partagé des vidéos d’officiers de police faisant recours à ce que beaucoup ont considéré comme un usage disproportionné de la force contre des ultra-orthodoxes qui ne respectaient pas les régulations liées au masque.

« Il y a beaucoup de colère contre l’arrogance de la police, qui discrimine les ultra-orthodoxes », a déclaré le député Michael Michaeli.

Le président de la Commission d’éducation, de culture et des sports Yaakov Margi à la Knesset le 24 février 2016. (Yonatan Sindel/Flash90/File)

Ohana, le ministre de la Sécurité publique, qui avait auparavant déclaré avoir conscience des problèmes avec les forces de l’ordre et qu’il prendrait des mesures afin de les régler, a fait savoir aux élus qu’il « travaillerait pour rectifier cela dès que possible », a rapporté le bureau de Deri dans un communiqué.

Le communiqué de Yahadout HaTorah précisait que Netanyahu condamnait la violence et que les « officiers de police qui avaient agi illégalement devraient répondre de leurs actes ».

Vendredi, le député Yisrael Eichler de Yahadout HaTorah a appelé les deux partis haredim à quitter temporairement le gouvernement pour protester contre ce qu’il appelle le ciblage sélectif des quartiers religieux concernant les confinements. Son appel est survenu quelques jours après que le député Moshe Gafni de Yahadout HaTorah a menacé de retirer son parti de la coalition si le gouvernement décidait de fermer les yeshivot. Peu après, le cabinet a annoncé une nouvelle série de restrictions sur les bars, les synagogues et d’autres endroits, mais pas les yeshivot.

S’exprimant lors d’une rencontre lundi, le député Uri Maklev de Yahadout HaTorah a déclaré qu’alors que le public ultra-orthodoxe se tenait aux côtés de Netanyahu, il avait une « bonne mémoire » et qu’il « attendait maintenant [une] action et [une] intervention, des actes et pas des discours », a rapporté Maariv.

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