Trump dit avoir déplacé l’ambassade à Jérusalem ‘pour les évangélistes »
Le président américain, en campagne électorale dans les États du Midwest, déclare que les chrétiens sont « plus enthousiastes » de son soutien à Israël que le peuple juif
Le président américain Donald Trump a déclaré lundi que sa décision, en 2017, de déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem et de reconnaître la ville comme capitale d’Israël avait été prise pour les chrétiens évangéliques.
« Et nous avons déplacé la capitale d’Israël à Jérusalem », a déclaré Trump lors d’un rassemblement organisé à l’aéroport d’Oshkosh, dans le Wisconsin, faisant apparemment référence à sa décision de déplacer l’ambassade. « C’est pour les évangéliques. »
Jérusalem est la capitale d’Israël depuis sa fondation en 1948, bien qu’une grande partie de la communauté internationale ne la reconnaisse pas, car le plan de partage initial des Nations unies faisait de Jérusalem une ville internationale.
« Vous savez, c’est incroyable avec ça – les évangéliques sont plus excités par ça que les juifs », a-t-il dit sous les acclamations de la foule. « C’est vrai, c’est incroyable. »
Trump a officiellement reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël en décembre 2017, lorsqu’il a annoncé son intention d’y déménager l’ambassade. En mai 2018, son administration a ouvert la nouvelle installation – une décision qui a suscité une vive controverse à la fois à Washington et au Moyen-Orient.
“And we moved the capital of Israel to Jerusalem. That’s for the Evangelicals. You know, it’s amazing with that: the Evangelicals are more excited by that than Jewish people.” pic.twitter.com/nO8aIzuZJa
— David Pinsen (@dpinsen) August 17, 2020
À la suite du déplacement, les Palestiniens, qui revendiquent Jérusalem-Est comme la capitale d’un futur Etat, ont rompu leurs liens avec Washington, accusant le gouvernement de Trump de partialité envers Israël.
À l’époque, Trump avait déclaré que la décision avait été prise afin d’avancer les intérêts américains et la paix dans la région, et par respect pour la souveraineté d’Israël.
« J’ai jugé que ce plan d’action était le meilleur pour les États-Unis d’Amérique et pour la paix entre Israël et les Palestiniens. Il s’agit d’une étape, qui arrive bien tard, pour faire avancer le processus de paix et œuvrer pour un accord durable », a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée lors de l’inauguration de l’ambassade en 2018.
« Israël est une nation souveraine avec le droit, comme toute autre nation souveraine, de déterminer sa propre capitale. Reconnaître cela comme un fait est une condition nécessaire pour parvenir à la paix », a-t-il ajouté.
Cependant, il était clair dès le départ que cette initiative visait également la communauté évangélique, qui compte parmi les plus fervents partisans de Trump.
Un grand nombre de chrétiens évangéliques aux États-Unis croient que Dieu a choisi Trump pour développer le royaume de Dieu sur Terre. Plusieurs chefs religieux de haut rang ont fait des déclarations similaires, comparant souvent Trump au roi Cyrus, à qui Dieu a demandé de sauver la nation d’Israël de l’exil vers Babylone.
D’éminents chrétiens partisans d’Israël étaient impliqués dans l’inauguration de l’ambassade et l’ambassadeur des États-Unis en Israël David Friedman a noté à l’époque qu’il trouvait que les chrétiens évangéliques « soutiennent Israël avec beaucoup plus de ferveur et de dévotion que beaucoup de membres de la communauté juive ».
Israël est un sujet crucial pour de nombreux chrétiens évangéliques, dont le vote pourrait décider des élections.
Gallup – citant la proportion de personnes qui répondent oui à la question « Vous décririez-vous comme ‘born-again ou évangélique ?’ – déclare que les évangéliques représentent un peu plus de 40 % de la population depuis des décennies. Un sondage de 2017 commandé par des évangéliques pro-israéliens a révélé que le pourcentage d’évangéliques pensant que l’établissement d’Israël était un accomplissement de la prophétie était de 80 %.
Elizabeth Oldmixon, politologue à l’Université du Nord du Texas, qui étudie les évangéliques et leur relation à Israël, estime qu’environ un tiers des évangéliques mettraient probablement la politique d’Israël au centre de leur prise de décision électorale. (Des questions comme le droit à l’avortement et la liberté religieuse influencent également le vote évangélique.)
Les remarques de Trump sont intervenues alors qu’il visitait lundi les États du Midwest, organisant une série d’événements sur le tarmac de l’aéroport, essayant de contrer l’apparition de l’ancien vice-président Joe Biden à la convention nationale des Démocrates.
Biden a déclaré que l’ambassade américaine en Israël resterait à Jérusalem s’il était élu, alors même qu’il qualifiait la décision de Trump de déplacer la base diplomatique de Tel Aviv d’ « aveugle et frivole ».
À Mankato, au Minnesota, Trump a intensifié sa rhétorique contre Biden, le qualifiant de « marionnette d’extrémistes de gauche essayant d’effacer nos frontières, d’éliminer notre police, d’endoctriner nos enfants, de calomnier nos héros, et de nous enlever notre énergie ».
Il a allégué qu’une victoire de Biden « remplacerait la liberté américaine par le fascisme de gauche ».
« Fascistes. Ce sont des fascistes », a poursuivi Trump. « Certains d’entre eux, pas tous, mais certains d’entre eux. Mais ils sont de plus en plus proche. Nous devons gagner cette élection. Mais le peuple fier du Minnesota ne laissera pas cela se produire. »
Le fascisme, cependant, est une forme de nationalisme d’extrême-droite.
Sur le tarmac à Minneapolis, Trump s’est adressé à environ 150 partisans – dont la moitié portaient des masques – qui ont scandé « Quatre ans de plus ». Trump leur a dit que les Démocrates retireraient l’amendement constitutionnel du droit de porter une arme.
Il a également critiqué Biden pour son soutient d’une augmentation des admissions d’asile de réfugiés, y compris des « nids de terroristes », vraisemblablement en référence à l’importante communauté de réfugiés somaliens du Minnesota.
« Je vais être tellement politiquement correct », a déclaré Trump, avant de s’attribuer le mérite de l’interdiction de voyager depuis certains pays à majorité musulmane, en disant : « Nous voulons que les gens qui viennent dans notre pays aiment notre pays. »