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Trump, qui arrivera mardi à Pittsburgh, ne serait pas le bienvenu

Des responsables juifs accusent le président américain d'avoir une part de responsabilité dans l'attaque antisémite

Le président américain Donald Trump vient d'annoncer sa décision concernant l'accord nucléaire avec l'Iran lors d'un discours à la presse prononcé dans la salle de réception diplomatique de la Maison-Blanche à Washington, DC, le 8 mai 2018. (AFP / SAUL LOEB)
Le président américain Donald Trump vient d'annoncer sa décision concernant l'accord nucléaire avec l'Iran lors d'un discours à la presse prononcé dans la salle de réception diplomatique de la Maison-Blanche à Washington, DC, le 8 mai 2018. (AFP / SAUL LOEB)

Le président des Etats-Unis Donald Trump se rendra mardi à Pittsburgh, en Pennsylvanie, trois jours après la fusillade qui a fait 11 morts dans une synagogue, la pire attaque antisémite de l’histoire américaine.

M. Trump, qui sera accompagné de sa femme Melania, « exprimera le soutien du peuple américain et partagera le deuil de la communauté de Pittsburgh », a déclaré lundi Sarah Sanders, porte-parole de l’exécutif américain.

Or, dimanche, un groupe de représentants juifs de Pittsburgh a accusé Donald Trump, dans une lettre ouverte, d’avoir « enhardi » la mouvance suprémaciste blanche et d’avoir ainsi une part de responsabilité dans l’attaque meurtrière survenue samedi dans une synagogue.

Onze personnes, quasiment toutes âgées de plus de 60 ans, sont tombées samedi sous les balles d’un antisémite de 46 ans qui a semé la terreur à l’intérieur de la synagogue « Tree of Life » de Pittsburgh, au coeur du quartier de Squirrel Hill.

Le tireur, arrêté et identifié par les autorités comme étant Robert Bowers, a déclaré plus tard qu’il voulait « que tous les juifs meurent ».

« Ces trois dernières années, vos paroles et vos politiques ont enhardi un mouvement nationaliste blanc qui grandit de plus en plus. Vous avez vous-même qualifié le meurtrier de maléfique, mais la violence survenue hier est (le résultat) direct de votre influence », affirment les responsables religieux dans leur lettre ouverte.

Ils appelent Donald Trump à « dénoncer sans réserve le nationalisme blanc », à « cesser de cibler et de mettre en danger toutes les minorités », à « cesser de s’en prendre aux migrants et aux réfugiés » et à « s’engager dans des politiques démocratiques » qui « reconnaissent la dignité de tous ».

Tant qu’il ne l’aura pas fait, le président américain – qui a annoncé son intention de se rendre à Pittsburgh – n’est pas le bienvenu dans la ville, assure la lettre.

L’un des survivants de l’attentat qui a frappé une synagogue de Pittsburgh a exhorté lundi le président américain Donald Trump à ne pas venir présenter ses condoléances à la communauté.

« J’espère qu’il ne viendra pas. Il ne servira à rien », a déclaré Barry Werber à la chaîne Hadashot.

« Cela fait partie de son programme de susciter cela. Il se qualifie de nationaliste. Le dernier groupe politique que j’ai entendu s’appeler nationalistes, c’était les nazis. »

Le rabbin Jeffrey Myers, à droite, de la congrégation Tree of Life/Or L’Simcha étreint le rabbin Cheryl Klein, à gauche, de la congrégation Dor Hadashet le rabbin Jonathan Perlman pendant un rassemblement organisé suite à la fusillade meurtrière de la synagogue Tree of Life à Pittsburgh, le 28 octobre 2018 (Crédit : AP Photo/Matt Rourke)

Le rabbin de la syngagogue de Tree of Life, où onze personnes ont été tuées samedi a déclaré que sa communauté « se reconstruira » après le massacre.

Jeffrey Myers s’est souvenu des moments d’angoisse de la fusillade dans une interview sur le plateau de l’émission « Today ».

Il a raconté avoir entendu le bruit d’un fracas de métaux et pensait que l’un des fidèles était tombé. Quand il a réalisé qu’il s’agissait d’un coup de feu, il a ordonné à toutes les personnes présentes de se mettre à terre et de rester silencieux, espérant que les bancs en bois les protégeraient des balles.

« Je suis monté sur l’estrade, et je l’ai entendu abattre mes fidèles », a-t-il dit à la télévision américaine. « Je n’ai pas regardé, je ne pouvais pas regarder. »

Il a ajouté qu’il n’a pas vu le tireur.

Myers a dit qu’il était prêt à rencontre le président américain Donald Trump pour parler de cette fusillade.

La présidente du parti du Front national, parti d’extrême-droite français, Marine Le Pen (à droite) applaudit l’ancien conseiller du président américain Steve Bannon après son discours durant le congrès annuel de la formation, le 10 mars 2018 au Grand Palais de Lille, dans le nord de la France (Crédit : AFP PHOTO / PHILIPPE HUGUEN)

La tuerie de samedi, pire attaque antisémite de l’histoire des Etats-Unis, a suscité un chagrin immense et secoué la communauté juive américaine, la plus importante dans le monde derrière celle d’Israël.

Les théories conspirationnistes, accusant notamment les juifs de dominer le gouvernement et le monde de la finance, sont monnaie courante au sein du mouvement de l’alt-right, l’extrême droite américaine.

Soutien du président Donald Trump, cette mouvance a gagné en influence ces dernières années, notamment par le biais de l’ancien stratège du président Steve Bannon.

Le président Donald Trump a dénoncé solennellement l’attaque. « Le fléau de l’antisémitisme ne peut être ni ignoré, ni toléré, ni permis de continuer. »

Dimanche, il a comme souvent accusé les médias d’attiser les tensions : « Les Fausses Nouvelles font tout ce qu’elles ont en leur pouvoir pour blâmer les Républicains, les Conservateurs et moi-même pour la division et la haine qui se perpétuent depuis si longtemps dans notre Pays! »

« En réalité, ce sont leurs reportages Faux et Malhonnêtes qui entraînent des problèmes bien plus importants qu’ils ne peuvent le comprendre », a-t-il déclaré.

Trump a indiqué qu’il se rendrait à Pittsburgh pour présenter ses condoléances. Mais certaines familles de victimes n’ont que peu envie de rencontrer un président qu’elles accusent d’attiser la haine.

Trump prend de la hauteur, mais par intermittence

Sur le tarmac à sa descente d’Air Force One, Donald Trump promet d’adopter « un ton très différent », après la fusillade qui a ensanglanté une synagogue de Pittsburgh et pétrifié l’Amérique.

Puis, dans la même phrase, il justifie son ton habituel – résolument provocateur, souvent outrancier, par moment agressif – car c’est le seul moyen assure-t-il de « se battre contre la malhonnêteté des médias ».

La scène, samedi au coucher du soleil sur l’aéroport de Murphysboro, dans l’Illinois, résume la valse hésitation de l’impétueux président au cours d’une semaine qui a secoué le pays, entre inquiétants colis piégés adressés à des figures du parti démocrate et attaque antisémite meurtrière.

Posture présidentielle puis coups de canif, appels à l’unité puis outrances, Trump-téléprompteur et Trump-Twitter.

Depuis la Maison Blanche, mercredi après l’interception d’une impressionnante série de colis suspects, il appelle au rassemblement et délivre un message clair : « les actes et les menaces de violence politique n’ont pas leur place aux Etats-Unis ».

D’un tweet, deux jours, plus tard, il brise cette image de président au-dessus de la mêlée, déplorant ouvertement que cette affaire nuise à la « dynamique » des candidats de son parti et semblant mettre en doute la réalité de la menace.

A Indianapolis, samedi devant de jeunes étudiants en agriculture, et alors que les premiers détails macabres de la tuerie de Pittsburgh commencent à émerger, il prend de nouveau de la hauteur.

« Le poison chargé de haine de l’antisémitisme doit être condamné et combattu partout et à chaque instant », lance-t-il, la mine grave, visiblement touché, avec des accents présidentiels.

Puis, en un éclair, re-bascule en mode campagne.

Quelques minutes après avoir annoncé qu’il avait décidé de ne pas annuler son meeting du soir en dépit de la fusillade, il plaisante sur ses cheveux qui ont failli le pousser à modifier son programme de la journée.

Comme en écho, Jonathan Greenblatt, directeur de l’Anti-defamation League (ADL), principale association de lutte contre l’antisémitisme du pays, a salué la prise de parole présidentielle après le traumatisme de Pittsburgh.

Jonathan Greenblatt, chef de l’Anti-Defamation League, s’exprimant à l’hôtel Grand Hyatt à New York, le 2 octobre 2015. (Leigh Vogel/Getty Images pour le Concordia Summit)

« Mais l’important n’est que seulement ce que vous dites après une tragédie, c’est l’environnement que vous créez avec votre discours », a-t-il ajouté.

Vendredi, dans les jardins de la Maison Blanche, un journaliste a demandé au 45e président américain s’il envisageait, dans un geste chargé un symbole, d’appeler son prédécesseur démocrate Barack Obama ou d’autres personnalités démocrates à qui les colis piégés étaient destinées ?

« Je pense qu’on va faire l’impasse sur ce coup-là », a-t-il répondu, visiblement agacé par la question.

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