Israël en guerre - Jour 370

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Tsahal annonce sa victoire à Rafah ; aucun tunnel transfrontalier actif découvert

Selon l'armée, seuls 9 tunnels passaient de Gaza en Égypte, tous avaient été bloqués avant l'arrivée de l'armée ; plus de 2 000 terroristes tués, 13 km de tunnels détruits

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Un grand tunnel du Hamas découvert le long du corridor de Philadelphie à Rafah, dans le sud de Gaza, le 12 septembre 2024. (Crédit : Emanuel Fabian/Times of Israel)
Un grand tunnel du Hamas découvert le long du corridor de Philadelphie à Rafah, dans le sud de Gaza, le 12 septembre 2024. (Crédit : Emanuel Fabian/Times of Israel)

RAFAH, Bande de Gaza – La brigade de Rafah du groupe terroriste palestinien du Hamas a été décimée par l’armée israélienne, avec au moins 2 308 de ses membres éliminés, et plus de 13 kilomètres de tunnels détruits, ont annoncé des responsables militaires à la presse jeudi, de la ville la plus au sud de la Bande de Gaza.

Alors que l’armée israélienne maintient son contrôle sur l’ensemble de la ville et sur la zone frontalière avec l’Égypte, connue sous le nom de corridor de Philadelphi, ses unités du génie de combat achèvent leurs fouilles des quelques dizaines de tunnels du Hamas qui n’ont pas encore été démolis. Selon les estimations, ces opérations ne devraient pas prendre plus de quelques semaines.

Faute de tout accord en vue avec le groupe terroriste – en vertu duquel Tsahal devrait probablement se retirer de la bande de Gaza, y compris du corridor de Philadelphi -, l’armée n’a pas encore précisé ses intentions concernant Rafah une fois les tunnels détruits.

Les hauts responsables militaires ont indiqué qu’ils accompliraient toute mission qui leur serait ordonnée par les responsables politiques.

« La brigade de Rafah a été vaincue », a déclaré à la presse le général de brigade Itzik Cohen, responsable de l’offensive dans la ville, au corridor de Philadelphi. « Leurs quatre bataillons ont été anéantis et nous avons réussi à prendre le contrôle opérationnel de l’ensemble de la zone urbaine ».

Cohen, qui commande la 162e division de Tsahal, a ajouté que ses forces de génie de combat avaient localisé 203 tunnels distincts, mais interconnectés, situés sous le corridor de Philadelphi, s’étendant de la frontière égyptienne à environ 300 mètres de la ville de Rafah.

« Nous avons détruit la plupart d’entre eux », a déclaré le général. « Nous sommes en train de procéder au contrôle des autres sites, et dès que nous aurons achevé nos investigations, ils seront détruits. »

Parmi les 203 tunnels découverts, Cohen a confirmé que neuf d’entre eux traversaient la frontière vers l’Égypte. Cependant, ils auraient été obstrué avant l’arrivée de Tsahal, soit par les autorités égyptiennes, soit par le Hamas lui-même.

«  Au total, neuf sites souterrains [tunnels] qui traversaient effectivement vers le territoire égyptien, mais ils se sont effondrés, et sont inutilisables, et inactifs », a-t-il déclaré.

Le général de brigade Itzik Cohen, le commandant de la 162e division de Tsahal, à Rafah, dans le sud de Gaza, le 12 septembre 2024. (Crédit : Emanuel Fabian/Times of Israel)

La présence de tunnels transfrontaliers entre l’Égypte et la bande de Gaza est bien connue depuis longtemps. L’Égypte, pour sa part, mène depuis des années une lutte acharnée contre ce réseau, en faisant exploser les tunnels, en les inondant, en y injectant des gaz toxiques, et même en rasant des habitations le long de la frontière pour créer une zone tampon.

Tandis que l’Égypte détruisait les tunnels de son côté, et que le Hamas gagnait en puissance, ce dernier aurait progressivement réduit l’utilisation de ces passages souterrains pour la contrebande d’armes, selon les estimations israéliennes. Le Hamas aurait privilégié les voies terrestres, via le poste frontière de Rafah, en Égypte. Par ailleurs, une grande partie de l’armement du Hamas, comprenant principalement des roquettes, des RPG et des explosifs, aurait été fabriquée localement, selon les conclusions de Tsahal.

Malgré les appels répétés du Premier ministre Benjamin Netanyahu à maintenir une présence militaire dans le corridor de Philadelphi pour empêcher le réarmement du Hamas, Tsahal n’a pas semblé se précipiter pour explorer les tunnels transfrontaliers inactifs le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte. L’offensive n’a été lancée qu’en mai, soit sept mois après le début de la guerre.

Un soldat se tient sur le corridor de Philadelphi dans le sud de Gaza à Rafah, le 12 septembre 2024. (Crédit : Emanuel Fabian/Times of Israel)

Tsahal a néanmoins jugé nécessaire de prendre le contrôle du point de passage de Rafah, utilisé par le Hamas pour l’importation clandestine d’armes, bien que ce flux ait probablement diminué au fil des années en raison de l’augmentation de la production locale.

Jeudi, les journalistes ont visité l’un des anciens tunnels transfrontaliers, déjà mentionné dans un communiqué de presse de Tsahal. Ce tunnel, qui n’était pas particulièrement profond, se distinguait par sa largeur et sa hauteur, suffisamment importantes pour permettre le passage de véhicules.

Comme les huit autres tunnels qui traversent l’Égypte, celui-ci a été bloqué une première fois du côté égyptien et une seconde fois par le Hamas à l’intérieur de la bande de Gaza. On ne sait pas exactement pourquoi le groupe terroriste a fermé une partie de son propre tunnel mais, selon certains responsables militaires, cela serait une tentative du Hamas de dissimuler le fait qu’il utilisait auparavant des tunnels transfrontaliers.

Un grand tunnel du Hamas trouvé le long du corridor de Philadelphi dans le sud de Gaza à Rafah, le 12 septembre 2024. (Crédit : Emanuel Fabian/Times of Israel)

La « mère des tunnels »

Le réseau de tunnels du Hamas à Rafah a été jugé unique et vaste par rapport à d’autres zones de Gaza. Les responsables de Tsahal l’ont décrit comme « Umm al-anfaq », la mère des tunnels en arabe, en raison de ses passages souterrains interconnectés sur trois niveaux.

Dans le nord de Gaza, Tsahal a repéré des tunnels distincts utilisés par les hauts commandants du Hamas, qui n’étaient pas reliés aux passages utilisés par les agents subalternes.

À Rafah, en revanche, chaque tunnel était relié aux autres, selon Tsahal. Certains responsables militaires l’ont décrit comme une ville souterraine plus grande que celle qui se trouve au-dessus en surface.

Un des principaux complexes de tunnels de la région de Yabna, situé à environ 40 mètres de profondeur, a été utilisé par le commandant de la brigade du Hamas à Rafah, Muhammad Shabana, et potentiellement par d’autres figures importantes du groupe terroriste au cours du conflit en cours.

L’entrée d’un tunnel du Hamas où les corps de six otages israéliens ont été retrouvés dans le quartier de Tel Sultan à Rafah, au sud de Gaza, le 12 septembre 2024. (Crédit : Emanuel Fabian/Times of Israel)

La 162e division a également pu observer, lors de son offensive à Rafah, que les terroristes du Hamas avaient à plusieurs reprises détruit des parties de tunnels lors de leur tentative de fuite de ces zones à l’approche des troupes de Tsahal.

Un tunnel dans le quartier de Tel Sultan, où les terroristes du Hamas avaient bloqué l’une des principales entrées et détruit une autre partie, est l’endroit où six otages israéliens ont été récemment assassinés.

Hersh Goldberg-Polin, Eden Yerushalmi, Ori Danino, Alex Lobanov, Carmel Gat et Almog Sarusi ont été exécutés à bout portant par leurs ravisseurs dans le tunnel le 29 août. Leurs dépouilles ont été découvertes par les troupes du Tsahal moins de deux jours plus tard.

Les journalistes ont été conduits à l’entrée du tunnel, dissimulée dans une salle de jeux pour enfants d’une maison de Tel Sultan.

La 162e division avait presque terminé ses opérations à Tel Sultan lorsqu’elle a décidé de vérifier un dernier site sur lequel elle disposait d’informations concernant un tunnel encore non découvert.

Le corridor de Philadelphi dans le sud de Gaza, à Rafah, le 12 septembre 2024. (Crédit : Emanuel Fabian/Times of Israel)

Dans un premier temps, les troupes n’ont pas réussi à localiser le tunnel. Elles ont alors fait demi-tour avec une pelleteuse pour creuser le sol dans l’espoir de trouver une entrée. Curieusement, la pelleteuse n’a pas creusé pour trouver l’entrée du tunnel, mais est tombée légèrement dans la galerie.

À l’intérieur du tunnel, à environ 20 mètres de profondeur, une porte anti-explosion bloquait le passage. Après avoir creusé quelques mètres plus loin, les forces du génie de combat ont envoyé un drone dans le tunnel, où les corps des six otages ont été retrouvés.

La 162e division de Tel Sultan soupçonnait la présence d’otages dans la région, même si cette hypothèse était jugée comme modérée à faible. En effet, avant l’offensive de Rafah, quelque 1,4 million de Palestiniens – parmi lesquels de nombreux terroristes du Hamas – avaient fui vers la zone humanitaire désignée par les Israéliens. L’hypothèse était que, comme dans d’autres zones de Gaza, les terroristes du groupe auraient emmené les otages avec eux lors de leur fuite.

Le corridor de Philadelphi à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 septembre 2024. (Crédit : Emanuel Fabian/Times of Israel)

Alors que l’opération progressait à Tel Sultan, Tsahal a identifié et éliminé tous les dirigeants du bataillon du Hamas qui tentaient de fuir. Voyant cela, les commandants ont supposé que les chances de trouver des otages dans la zone étaient faibles, puisque les commandants et combattants du bataillon de Tel Sultan fuyaient sans être accompagnés d’otages.

Mais quelques jours plus tard, le 27 août, Tsahal a réussi à secourir l’otage Farhan al-Qadi dans un tunnel à Tel Sultan. Des responsables militaires ont expliqué que le fait que cet otage ait été libéré d’un tunnel par les forces spéciales montrait que Tsahal continuait d’opérer sous l’hypothèse que des otages pouvaient encore être détenus dans la zone, sans pour autant considérer cette opération comme une mission de sauvetage spéciale, contrairement à d’autres lancées grâce à des renseignements précis.

Les corps des six otages assassinés ont été retrouvés quatre jours plus tard, à 700 mètres seulement de l’endroit où al-Qadi avait été secouru.

« Nous ne nous étions pas préparés à cela. Nous sommes venus ici pour vaincre la brigade de Rafah, et nous étions encore à un pas [des otages] », a déclaré le lieutenant-colonel Yisgav Yisraeli, commandant du 601e bataillon du génie de combat, depuis l’entrée du tunnel où les six otages ont été assassinés.

« C’est un sentiment difficile », a-t-il ajouté.

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