Tsahal frappe des fabriques de drones souterraines du Hezbollah à Beyrouth après un ordre d’évacuation
L'armée a dénoncé une "violation flagrante" du cessez-le-feu de novembre et accusé le groupe terroriste de préparer la guerre ; un autre atelier du Hezbollah a été touché à Ain Cana
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Jeudi soir, l’armée israélienne a mené plusieurs frappes sur des bâtiments de la banlieue sud de Beyrouth qui, selon elle, servaient au Hezbollah pour fabriquer des drones. Dans le sud-Liban, elle a averti la population avant de tirer.
Selon Tsahal, ces frappes à Beyrouth ont touché plusieurs installations souterraines de fabrication de drones appartenant aux forces aériennes du Hezbollah, également connues sous le nom d’Unité 127.
Toujours selon Tsahal, préalablement aux frappes, qui ont commencé un peu après 22 heures, elle avait « établi que l’unité aérienne du Hezbollah était en train de produire des milliers de drones, sous la direction et avec les fonds de responsables terroristes iraniens ».
Cela s’est fait, a indiqué l’armée, « malgré les accords conclus entre Israël et le Liban » ä la faveur du cessez-le-feu de novembre dernier qui a mis fin à plus d’un an de combats le long de la frontière nord d’Israël.
« Ces activités constituent une violation flagrante des accords conclus entre Israël et le Liban. Ainsi, l’organisation terroriste du Hezbollah attire des problèmes à l’État libanais et entrave la mise en œuvre des accords », a affirmé Tsahal.
Dans un autre communiqué, plus tard, l’armée israélienne a ajouté que les forces aériennes du Hezbollah avaient lancé plus d’un millier de drones explosifs et de surveillance sur Israël lors de la guerre de l’andernier et qu’elles faisaient en sorte, en ce moment-même et au mépris de l’accord de cessez-le-feu, de renforcer leurs capacités.
צה”ל תקף בדאחייה ובדרום לבנון אתרים תת-קרקעיים לייצור ואחסון כטב”מים וסדנה לייצור רחפנים
לפני זמן קצר, צה"ל תקף באופן ממוקד באמצעות מטוסי קרב, אתרי ייצור ומחסני כטב"מים בשימוש היחידה האווירית של ארגון הטרור חיזבאללה (127), בדאחייה שבביירות ובדרום לבנון.
היחידה האווירית הוציאה… pic.twitter.com/4CCd7obPjy
— צבא ההגנה לישראל (@idfonline) June 5, 2025
« Cette unité fabriquait des milliers de drones sous la direction et avec les fonds de responsables terroristes iraniens, dans le cadre des efforts iraniens pour nuire à Israël », a déclaré Tsahal.
« Depuis des années, l’Iran finance et dirige des attaques terroristes dans le cadre de ce projet, en coordination avec le Hezbollah. Les terroristes du Hezbollah se rendent en Iran s’entraîner aux systèmes de production, ce qui lui permet ensuite de fabriquer de façon autonome des drones au Liban », a poursuivi l’armée.
« L’armée israélienne, une fois établi que les terroristes du Hezbollah continuaient à faire ainsi même après l’entrée en vigueur des accords, redit sa détermination à faire le nécessaire contre les terroristes entrainés en Iran à mener des attaques terroristes. »
Comme elle le fait généralement avant les frappes à Beyrouth, l’armée a averti la population civile pour qu’elle évacue les abords des bâtiments visés.
LEBANON: Multiple Israeli air strikes target at least 8 buildings in southern Beirut. pic.twitter.com/dLV1rO02jl
— Hamdah Salhut (@hamdahsalhut) June 5, 2025
« Vous vous trouvez à proximité immédiate d’installations appartenant à l’organisation terroriste du Hezbollah », a ainsi écrit sur X le porte-parole en langue arabe de Tsahal, le colonel Avichay Adraee.
« Pour votre sécurité et celle de vos proches, il convient d’évacuer immédiatement ces bâtiments et de vous en éloigner d’au moins 300 mètres », a précisé Adraee.
Son message était accompagné de cartes montrant l’emplacement des bâtiments bientôt ciblés.
Dans une vidéo ayant circulé sur les réseaux sociaux suite à l’avis d’évacuation israélien, on voit des bouchons dans les rues de Dahiyeh, un quartier de Beyrouth, tandis que des milliers de personnes tentent de quitter précipitamment le secteur.
حركة نزوح وزحمة سير خانقة في الأحياء التي هدد الجيش الاسرائيلي بقصفها في الضاحية الجنوبية لبيروت pic.twitter.com/QVkOOvgvw7
— Lebanon Debate (@lebanondebate) June 5, 2025
Les photographes de l’AFP ont fait état d’un très grand nombre de personnes jetées sur les routes tentant de fuir la zone. Les médias libanais ont rapporté que le secteur s’était presque vidé de tous ses habitants et que le périmètre avait été bouclé.
Avant les frappes, le ministre de la Défense Israel Katz avait confirmé avoir, conjointement avec avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, « donné ce soir instruction à Tsahal de détruire les bâtiments utilisés par l’organisation terroriste du Hezbollah pour fabriquer et stocker des drones en plein cœur du quartier de Dahiyeh, à Beyrouth ».
« Nous continuerons à faire respecter les termes du cessez-le-feu sans compromis aucun et nous ne laisserons personne proférer des menaces contre les communautés du nord ou les autres citoyens d’Israël », a déclaré Katz.

Il a souligné que, du point de vue d’Israël, il appartenait au gouvernement libanais « d’empêcher les violations du cessez-le-feu et de toute activité terroriste contre l’État d’Israël ».
À l’issue de ces frappes à Beyrouth, l’armée israélienne a émis un nouvel ordre d’évacuation pour deux zones de la ville d’Ain Cana, dans le sud-Liban, avant la frappe d’emprises du Hezbollah dans les parages.
Adraee a de nouveau publié des cartes pour désigner l’emplacement de plusieurs bâtiments cibles.
« Vous êtes situés à proximité immédiate d’installations appartenant au Hezbollah », a-t-il dit en sommant les civils d’évacuer ces zones pour leur sécurité et à se tenir à une distance minimale de 500 mètres.
Après cet avertissement, les médias libanais ont fait état de plusieurs frappes à Ain Cana qui, selon l’armée israélienne, avaient pour cible une fabrique de drones du Hezbollah en vue d’attaques et d’opérations de surveillance.
#عاجل ‼️انذار عاجل إلى سكان قرية عين قانا في جنوب لبنان وخاصة في المبنى المحدد بالأحمر وفق ما يُعرض في الخريطة المرفقة والمباني المجاورة له
????أنتم تتواجدون بالقرب من منشآت تابعة لحزب الله الارهابي
????من أجل سلامتكم وسلامة أبناء عائلاتكم أنتم مضطرون لإخلاء هذه المباني فوراً… pic.twitter.com/3DV1ZpKT1M— افيخاي ادرعي (@AvichayAdraee) June 5, 2025
Depuis la conclusion d’un cessez-le-feu avec le Liban, fin novembre dernier, Israël a mené des frappes ciblées contre des agents et infrastructures du Hezbollah en excipant de violations des termes de la trêve.
Selon Tsahal, plus de 180 membres du Hezbollah ont été tués durant cette période.
L’accord de cessez-le-feu a mis fin à plus d’un an de combats contre le Hezbollah soutenu par l’Iran, dont deux mois de guerre ouverte dans le sud-Liban à la fin de l’an dernier.
Dès le 8 octobre 2023, le Hezbollah avait commencé à attaquer des avant-postes militaires et des communautés du nord d’Israël en-dehors de toute provocation, en signe de soutien au Hamas à Gaza suite au pogrom commis par lui dans le sud d’Israël la veille.
Selon les termes du cessez-le-feu, le Hezbollah devait replier ses hommes armés au nord du Litani et démanteler la totalité de ses infrastructures militaires dans le sud-Liban.
Depuis lors, l’État libanais travaille au démantèlement méthodiquement des infrastructures de l’organisation terroriste dans le sud du pays et il se dit qu’il serait parvenu à mettre la main sur la majorité des stocks d’armes de l’organisation terroriste dans le secteur.
Jeudi, le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a déclaré que l’armée libanaise avait démantelé « plus de 500 positions militaires et dépôts d’armes » appartenant au Hezbollah dans le sud du pays.
Dans une allocution télévisée à l’occasion du bilan de ses 100 premiers jours au pouvoir, Salam a déclaré que son gouvernement poursuivait les réformes exigées par la communauté internationale.
« L’État poursuit son action… pour restaurer son autorité sur l’ensemble du territoire national… et le monopole des armes », a-t-il ajouté.
« L’armée libanaise poursuit son déploiement et a jusqu’à présent démantelé plus de 500 positions militaires et dépôts d’armes au sud du fleuve Litani » à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne, a précisé Salam.
Le Premier ministre libanais a également reproché à Israël d’avoir conservé des troupes en cinq lieux du sud-Liban, au lieu de se retirer totalement, comme l’exige le cessez-le-feu.
« Il ne pourra y avoir ni sécurité ni stabilité tant qu’Israël s’acharnera à violer quotidiennement les termes de l’accord, tant que des pans de notre territoire seront occupés et que nos prisonniers n’auront pas été libérés », a-t-il conclu.