Tsahal lance une campagne de vaccination contre la rougeole
Des officiels de l’armée sont mobilisés pour retrouver des centaines de soldats qui ont été au contact d'une soldate infectée par la rougeole
Plusieurs centaines de soldats de Tsahal qui servent sur la base de quartier général de la Kirya à Tel Aviv sont peut-être porteurs du virus de la rougeole, selon l’armée israélienne.
L’armée cherche à contacter les soldats, ayant pu entrer en contact avec la soldate qui est arrivée à la clinique de la Kyria avec les symptômes de la rougeole la semaine dernière.
Jeudi, des examens ont révélé que la soldate avait contracté la rougeole, une maladie qui revient en force en Israël alors que beaucoup de parents refusent de faire vacciner leurs enfants.
L’armée a publié un communiqué affirmant que la grande majorité des soldats qui avaient été en contact de la soldate étaient vaccinés. Tsahal cherchait pourtant à prendre ses précautions pour minimiser le risque que le virus ne se propage dans ses rangs.
« Après que le diagnostic a été confirmé aujourd’hui, le Département de la santé militaire [du corps médical de Tsahal] et la clinique de Kirya ont contacté tous les soldats qui ont été en contact avec la personne malade pour s’assurer de leur bonne vaccination et procéder à une vaccination si nécessaire », a déclaré dimanche la Division de la technologie et de la logistique, qui supervise le Corps médical.
Des officiels médicaux de l’armée ont souligné que la grande majorité de soldats israéliens sont nés après 1987, l’année de naissance du premier groupe d’enfants israéliens à recevoir le régime actuel de vaccination contre la rougeole en deux étapes. Avec la recrudescence de la maladie, ont précisé des officiels, l’armée a pris un soin particulier à faire vacciner des soldats qui n’auraient peut-être pas bénéficié d’une vaccination complète alors qu’ils étaient enfants.

La prochaine étape de vaccination aura lieu mercredi, quand des vaccins seront administrés aux soldats de sept bases de l’armée dans le pays.
Israël lutte contre une vague d’infections à la rougeole qui a principalement concerné la communauté ultra-orthodoxe du pays, où les taux de vaccination sont généralement bas. En novembre, un enfant de 18 mois est mort de la maladie à Jérusalem. Il s’agissait du premier décès imputé à la rougeole recensé en Israël depuis 15 ans.
Mercredi dernier, une fille de 16 mois a été hospitalisée dans un état critique après avoir été atteinte par une méningite et une pneumonie en conséquence d’une infection à la rougeole. La petite fille était soignée dans une unité pédiatrique de soins intensifs au centre médical Emek dans le nord d’Israël.
Les autorités ont vérifié si l’enfant, qui vient d’une famille ultra-orthodoxe, a pu contracter la maladie lors d’une visite de proches à Jérusalem. Selon des articles de journaux, la petite fille n’était pas immunisée.

Les taux de vaccination plus bas dans les quartiers ultra-orthodoxes ont été attribués à une idée fausse selon laquelle les Juifs très pratiquants seraient protégés des infections par la nature fermée de leur communauté, mais aussi de fausses rumeurs selon lesquelles la pratique de la vaccination est dangereuse.
La vague de rougeole en Israël a été mise sur le compte d’infections dans les communautés juives de New York et de Londres. La propagation de la maladie aurait commencé quand des résidents non vaccinés se sont rendus en Israël, y ont contracté la maladie et l’ont transmise à leurs communautés.
Des craintes au sujet du vaccin ont commencé à voir le jour en 1998, quand une étude britannique, depuis discréditée, l’a lié à l’autisme. L’étude était en réalité fausse et le lien avec l’autisme a été discrédité, mais les taux de vaccination ont chuté dans certains pays et communautés, puisque des parents inquiets n’ont pas voulu que leurs enfants reçoivent les injections.
Avec plus de 2 000 Israéliens ayant contracté la maladie cette année, des officiels dans plusieurs hôpitaux ont accusé le ministère de la Santé de ne pas avoir réussi à endiguer l’épidémie. Les officiels affirmaient qu’il était « déraisonnable » d’attendre que les hôpitaux retrouvent tous les gens qui ont été en contact avec chaque patient et ils appelaient donc à une campagne de vaccination pour immuniser toute la population.
Ils ont aussi expliqué qu’il n’y avait pas assez de salles d’hôpital isolées pour les patients atteints de la rougeole.
Le ministère de la Santé a répondu au rapport en accusant les hôpitaux d’être responsables du manque de chambes isolées et pour ne pas avoir réussi à vacciner convenablement ses propres employés.

Le mois dernier, des membres de la Knesset ont soutenu à l’unanimité un projet de loi qui donnerait aux autorités israéliennes le droit de sanctionner les parents qui refusent de faire vacciner leurs enfants. La loi permettrait aussi d’interdire l’accès à toutes les institutions éducatives, y compris les crèches, à tout enfant ou personne qui n’a pas été vaccinée contre une maladie quand il y a une préoccupation nationale d’une possible épidémie de la maladie.
S’il est adopté, le projet de loi autoriserait le ministère de la Santé de suivre les enfants qui ne sont pas vaccinés dans des cliniques d’état pour bébés et d’envoyer aux parents un avertissement officiel s’ils continuent de refuser. Des officiels du ministère pourraient décider d’appliquer des sanctions financières sous la forme de diminutions des avantages fiscaux et sociaux. Cela pourrait représenter une perte d’environ 2 000 shekels (environ 470 euros) par mois.
L’épidémie en Israël s’inscrit dans un phénomène international de résurgence du virus auparavant quasiment éradiqué.
Selon le professeur Shai Ashkenazi, directeur de la Société pédiatrique d’Israël, la rougeole « était en voie d’extinctions, mais, à cause d’une baisse de la vaccination, la maladie est revenue en force. En Europe aussi, pour la première moitié de 2018, il y a eu plus de 41 000 incidents d’infections avec au moins 37 décès ».
Le 29 novembre, les Nations unies ont annoncé que le nombre de cas de rougeole dans le monde a fait un bond de 30 % par rapport à l’année 2016, avec des augmentations record dans des pays européens riches comme l’Allemagne où le taux de vaccination était historiquement haut.