Tsahal: Les armes trouvées à l’hôpital de Gaza prouvent qu’il est utilisé par les terroristes
Dans le cadre de l'opération en cours à Shifa - qui, selon Israël et les États-Unis, serait un centre de commandement majeur du Hamas, - Tsahal a diffusé des images des armes et équipements militaires stockés là-bas
L’armée israélienne a indiqué mercredi que les troupes avaient trouvé des équipements militaires et notamment des armes lors de leurs raids au sein du plus grand hôpital de Gaza.
Au cours d’une opération qui a commencé dès l’aube et qui a continué pendant une grande partie de la journée de mercredi, les soldats sont entrés dans certaines parties de l’hôpital Shifa. Un journaliste qui se trouvait sur le site a indiqué à l’AFP que les militaires avaient mené des fouilles minutieuses dans toutes les pièces après avoir affronté les hommes armés du Hamas aux abords de l’établissement pendant plusieurs jours.
Tsahal a encerclé Shifa pendant des jours, affirmant que le Hamas a installé un centre de commandement majeur souterrain en-dessous de la structure, utilisant les patients, les personnels et les civils qui se sont réfugiés dans l’enceinte de l’hôpital pour couvrir ses terroristes et ses hommes armés. Les États-Unis, de leur côté, ont confirmé mardi que le Hamas et le Jihad islamique exploitaient Shifa, d’autres établissements hospitaliers similaires et les tunnels souterrains qui ont été creusés sous les bâtiments pour « dissimuler et soutenir leurs opérations militaires, et pour garder des otages ».
« Dans l’hôpital, nous avons trouvé des matériaux de renseignement, des matériaux issus des technologies militaires et des équipements », a déclaré Hagari.
IDF releases evidence of Hamas weapons found inside Shifa Hospital's MRI center, during the raid by the elite Shaldag unit and other forces of the 36th Division inside the medical center today. pic.twitter.com/HrtzHmpELR
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) November 15, 2023
« Nous avons aussi trouvé un quartier-général opérationnel avec des matériels de communication… appartenant au Hamas » et « des uniformes du Hamas », a-t-il continué.
L’armée a diffusé les images d’armes à feu, de grenades et autres équipements qui, a-t-elle affirmé, ont été retrouvés à l’hôpital Shifa.
« Ces découvertes apportent la preuve sans équivoque que l’hôpital a été utilisé pour des activités terroristes, en violation totale du droit international », a dit Hagari.
La vidéo diffusée par l’armée montre trois sacs de sport qui étaient cachés dans un laboratoire d’imagerie IRM – chacun contenant un fusil d’assaut, des grenades et des uniformes du Hamas. Dans un placard, un certain nombre de fusils d’assaut sans munition ont été retrouvés et un ordinateur a été saisi par les soldats. Son contenu sera examiné.
« Ces armes n’ont absolument rien à faire à l’intérieur d’un hôpital, » commente pour sa part le colonel Jonathan Conricus, porte-parole militaire, dans la vidéo. Il ajoute qu’il pense que les équipements découverts ne sont « que le sommet de l’iceberg ». L’armée a fait savoir que les perquisitions continuaient sans montrer, pour le moment, de preuves de l’existence d’un tunnel ou d’un centre de commandement important.
Le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas, a nié ces accusations, affirmant que les forces israéliennes « n’ont trouvé ni matériels, ni armes dans l’hôpital. »
L’armée a affirmé avoir mené « une opération précise et ciblée contre le Hamas dans un périmètre spécifique de l’hôpital », ajoutant que les soldats étaient accompagnés par des équipes médicales apportant des couveuses et divers approvisionnements.
Tsahal n’a pas paru entrer dans les parties souterraines de l’hôpital où se trouverait le principal quartier-général du groupe terroriste.
Les militaires ont indiqué qu’ils allaient continuer leurs opérations à l’hôpital Shifa afin de trouver des renseignements et autres ressources du groupe terroristes, ajoutant que les forces cherchaient également les otages -en vain pour le moment.
Quelques heures avant le raid israélien, les États-Unis avaient fait savoir que leurs propres services de renseignement avaient établi que les terroristes utilisaient Shifa et d’autres hôpitaux – et les tunnels souterrains qui ont été creusés en dessous – pour soutenir leurs opérations et pour garder les otages.
Le porte-parole du Conseiller à la sécurité nationale, John Kirby, avait déclaré aux journalistes lors d’un point-presse, mercredi, que l’hôpital Shifa « est un hôpital en activité, il est légitime… Nous voulons que les patients soient aussi protégés que possible ».
Il avait toutefois établi clairement que « ce que fait le Hamas… C’est une violation du droit de la guerre d’installer son quartier-général dans un hôpital. »
Alors qu’il lui était demandé si les États-Unis avaient donné leur approbation préalable au raid de l’armée israélienne à l’hôpital al-Shifa, Kirby avait répondu par la négative, car Washington ne s’attend pas à ce qu’Israël prévienne de ses opérations militaires à Gaza.
Dave Harden, ancien directeur de mission de l’USAID en Cisjordanie et à Gaza, a écrit sur Twitter, mercredi, qu’il était de notoriété publique dans la bande que les terroristes du Hamas utilisaient l’hôpital Shifa comme centre de commandement et qu’ils se servaient des ambulances pour se déplacer.
« Lorsque j’étais en poste, il a été largement soupçonné avant d’être compris, dès 2014, que le Hamas utilisait le complexe de l’hôpital Al Shifa comme centre de commandement et comme base d’opérations », a écrit Harden dans un fil de discussion sur X, notant qu’il se basait sur des évaluations faites par des responsables palestiniens et israéliens.
Il a ajouté que les membres du Hamas « utilisaient des ambulances pour déplacer ses membres », ce qu’il avait appris au cours de conversations avec le responsable du Comité international de la Croix-Rouge de l’époque.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rencontré à Tel Aviv une délégation américaine dirigée par Brett McGurk, coordinateur du Conseil de sécurité nationale pour le Moyen-Orient, et la secrétaire d’État adjointe aux Affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf. Selon un communiqué du bureau du Premier ministre, Netanyahu a souligné que l’opération de Tsahal visant à « libérer l’hôpital al-Shifa du contrôle du groupe terroriste du Hamas « témoignait de la détermination et de la capacité d’Israël à éradiquer complètement le Hamas de tous le territoire de Gaza.
Le communiqué a ajouté que le groupe a discuté d’un certain nombre de sujets, en mettant l’accent sur la question de la libération des otages retenus captifs à Gaza.
Le raid militaire à l’hôpital Shifa a été condamné par les Nations unies, la Jordanie et l’Autorité palestinienne, en Cisjordanie, qui ont évoqué une violation du droit international.
La loi humanitaire internationale prévoit que les hôpitaux peuvent perdre leur statut de zone protégée si les combattants les utilisent à des fins militaires. Toutefois, les civils doivent avoir eu le temps de fuir et toute attaque doit être proportionnelle à l’objectif militaire – c’est donc à Israël d’apporter la preuve que la cible et son importance au niveau militaire ont justifié son siège.
Les Nations unies ont estimé qu’il y avait au moins 2 300 patients, personnels et Palestiniens déplacés à l’intérieur de Shifa. A un moment de la guerre, des dizaines de milliers de Palestiniens s’étaient réfugiés au sein de l’établissement hospitalier mais la majorité d’entre eux sont partis ces derniers jours, à l’approche des combats.
Les agences internationales – notamment l’Organisation mondiale de la Santé et le Comité international de la Croix Rouge – ont fait part de leur inquiétude pour la sécurité des patients et des personnels dans le sillage de l’opération.
Ni le Hamas, ni l’armée israélienne n’ont fait état d’affrontements à l’intérieur de l’hôpital. Tsahal a indiqué que cinq terroristes avaient été tués aux abords de Shifa, au début de l’opération.
La guerre a été lancée après l’assaut meurtrier mené par des terroristes du Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre. 1 200 personnes ont été massacrées du côté israélien. Des familles ont été exécutées dans leurs habitations et des jeunes ont été massacrés alors qu’ils participaient à une rave-party organisée dans le désert. 240 personnes ont été par ailleurs enlevées par les hommes armés. Elles sont depuis retenues en captivité au sein de la bande de Gaza.
Le ministère de la Santé dirigé par le Hamas a fait savoir mardi que plus de 11 000 personnes avaient perdu la vie à Gaza depuis le début de la guerre – des chiffres qui ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante et qui ne font pas la différence entre les civils et les membres du groupe terroriste, et qui comptent aussi les victimes des roquettes défaillantes qui, lancées vers le territoire israélien, sont retombées dans la bande.
L’AFP a contribué à cet article.