Tsahal n’enrôlera plus les nouveaux immigrants âgés de 22 à 26 ans
Six mois de service pour les nouveaux Israéliens étaient plus un souci qu’un avantage, selon les officiers ; le volontariat pour servir est toujours possible
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
L’armée israélienne n’enrôlera plus les nouveaux immigrants âgés de 22 à 26 ans, afin de faciliter leur intégration dans la société israélienne, a déclaré mardi un officiel de l’armée.
Dans le passé, les hommes qui emménageaient en Israël – ou faisaient leur alyah, selon le nom hébreu – devaient servir au moins six mois dans l’armée israélienne. Les femmes étaient exemptées de service si elles arrivaient après 20 ans.
Mais avec ce changement dans la politique de l’armée israélienne, qui a d’abord été annoncé par la Knesset lundi, les hommes de moins de 26 ans n’auront plus besoin de servir du tout, mais pourront toujours s’enrôler comme volontaires s’ils le souhaitent, selon le commandant adjoint de l’unité d’enrôlement de l’armée, le colonel Nimrod Arzuan.
« Nous laissons le choix à l’individu », a déclaré Arzuan au Times of Israel par téléphone.
Même en enrôlant moins de monde dans l’armée, Arzuan ne prévoit pas que cette nouvelle mesure n’ait un effet sérieux sur le nombre total de recrues, puisque beaucoup de nouveaux immigrants étaient déjà volontaires pour étendre leur service.
La nouvelle politique avance vers l’objectif global de l’armée israélienne, d’encourager les gens à s’installer en Israël, selon Arzuan.

En tant qu’armée populaire, l’armée israélienne est chargée d’aider les nouveaux immigrants – olim en hébreu – de s’intégrer dans la société, fournissant aux soldats des cours d’hébreu sur leur connaissance de la langue est faible ou des cours d’histoire juive pour ceux qui sont intéressés à en apprendre plus sur la culture.
« La politique d’enrôlement des nouveaux olim est supposée soutenir et encourager l’alyah, a déclaré Arzuan. Nous voyons le service de l’armée comme un outil central pour acclimater les immigrants à la société israélienne et un outil pour l’intégration dans le pays. »
Pour certains des milliers d’immigrants qui rejoignent l’armée israélienne chaque année, les six mois de service requis peuvent être plus un obstacle qu’un tremplin vers l’intégration dans la société, a déclaré Arzuan.
Les gens qui viennent en Israël, espérant trouver un travail ou commencer des études universitaires, peuvent voir leurs projets chambouler, alors qu’ils sont forcés d’effectuer un service militaire « inefficace », a-t-il ajouté.
Avec seulement six mois de service, les nouvelles recrues sont incapables de prendre des positions plus utiles ou intéressantes, puisque le temps nécessaire à les entraîner peut parfois excéder leur temps de service. Beaucoup de nouveaux immigrants servent donc des positions subalternes pour leur demi-année de service, équipant les entrepôts ou faisant de la maintenance.
Le bénéfice de ce travail, bien qu’important et nécessaire, est largement dépassé par le coût pour un homme de 24 ou 25 ans, diplômé d’université, qui cherche à commencer un travail et à fonder une famille en Israël, selon Arzuan.
En conséquence de cette évaluation, la direction des ressources humaines de l’armée a décidé cet été de supprimer les six mois de service obligatoire.
L’armée a attendu avant d’annoncer officiellement la décision, cependant, puisque la Knesset et la direction des ressources humaines de l’armée discutaient toujours d’autres aspects liés aux services militaires des nouveaux immigrants.
La Knesset a cependant annoncé la décision dans un communiqué lundi matin, à la suite d’une discussion plénière de la commission pour l’immigration, l’intégration et les affaires de la diaspora.
Bien que beaucoup de nouveaux immigrants seront à présent exemptés de tout service, l’armée pense non seulement que cette nouvelle politique n’impactera pas sérieusement ses ressources humaines globales, mais qu’elle ne réduira pas non plus le nombre total de recrues parmi les nouveaux immigrants.
« En fait, nous nous attendons au contraire », a déclaré Arzuan.
Il y a eu une augmentation du nombre de juifs emménageant en Israël ces dernières années, donc le nombre total d’immigrants rejoignant l’armée israélienne va augmenter, selon Arzuan.

Plus de 30 000 personnes ont immigré en Israël en 2015, et avec une « réalité qui se détériore en Europe », ce nombre devrait augmenter, a déclaré lundi Avraham Neguise, le président de la commission de la Knesset.
Beaucoup de ceux qui seront exemptés se porteront probablement volontaires, a déclaré Arzuan.
« Nous venons d’avoir [un nouvel immigrant] qui est allé vers la gestion de projets dans l’armée de l’air, a ajouté Arzuan. Alors qu’il n’était pas obligé de servir, il a signé pour 24 mois. »
Et ce n’est pas exceptionnel, a déclaré Arzuan. « La majorité des gens signent pour un service plus long que celui demandé. Les gens qui devaient servir six mois allaient au centre d’enrôlement et étendaient leur service à deux ans. »
« Ce n’est pas seulement parce qu’ils veulent faire quelque chose de plus important avec leur service, mais également parce qu’ils veulent l’expérience complète de servir l’armée israélienne, dans les unités de combat. Et aussi pour donner au pays », a-t-il ajouté.

En plus de ceux qui rejoignent l’armée indépendamment, chaque année des centaines de nouveaux immigrants qui emménagent en Israël sans leur familles choisissent de s’enrôler via la programme Garin Tzabar, qui fournit des logements et un soutien aux « soldats seuls ».
L’organisation demande à ses participants de servir un minimum de deux ans dans l’armée, donc les nouvelles directives n’affecteront pas ces immigrants soldats.
Sous la nouvelle politique, les hommes arrivant en Israël entre 18 et 19 ans devront servir pour 32 mois, et les femmes pour deux ans. Les hommes âgés de 20 à 21 ans serviront deux ans, et les femmes du même âge pendant un an.
La commission de la Knesset a aussi discuté du besoin de réexaminer beaucoup des protocoles de l’Etat pour les nouveaux immigrants, en raison d’une augmentation inattendue de l’alyah.
« Nous devons sans cesse examiner l’état de préparation de l’Etat pour les immigrants en ce qui concerne l’emploi, les bénéfices sociaux, les autorisations de certaines professions, l’éducation, l’intégration et l’armée – afin d’empêcher, autant que possible, le retour des immigrants dans leur pays d’origine », a déclaré Moti Yogev, député HaBayit HaYehudi, pendant la session.