Tsahal parle d’une coopération « inédite » avec Washington contre l’Iran
En visite aux États-Unis, Aviv Kohavi a présenté à des responsables américains "plusieurs moyens pour empêcher l'Iran d'acquérir des capacités nucléaires militaires"
Le chef de l’armée israélienne, le général Aviv Kohavi, a qualifié mercredi de « sans précédent » la coopération avec Washington contre l’Iran, accusé par Israël de chercher à se doter de l’arme nucléaire.
Israël, pays considéré comme la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient, est farouchement hostile à l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 entre l’Iran et les grandes puissances. Il estime que ce pacte pourrait permettre à l’Iran, son ennemi juré, de développer un armement nucléaire et menacer son existence.
Le président américain Joe Biden veut revenir dans cet accord censé encadrer le programme nucléaire iranien, dont est sortie en 2018 l’administration Trump en rétablissant des sanctions contre l’Iran. En riposte, Téhéran, qui dément chercher à se doter de l’arme nucléaire, était revenu sur certains de ses engagements dans le cadre de l’accord.
Le général Kohavi a également discuté avec Jake Sullivan, le conseiller de la Maison Blanche pour la sécurité nationale, de « l’implantation de l’Iran à travers le Moyen-Orient et des failles » de l’accord de 2015, selon le communiqué.
Il a présenté à des responsables américains « plusieurs moyens pour empêcher l’Iran d’acquérir des capacités nucléaires militaires », d’après la même source.
Lors de la réunion à Washington, Kohavi a réitéré les « échecs de l’accord nucléaire actuel » et a tenté de convaincre les responsables américains de méthodes alternatives pour empêcher l’Iran d’obtenir une arme atomique, selon l’armée.
Le coordinateur du Conseil national de sécurité américain pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Brett McGurk, et l’assistant spécial du président, Cara Abercrombie, ont également pris part à la réunion avec Sullivan, selon Tsahal.
Des négociations impliquant la Grande-Bretagne, la Chine, l’Allemagne, la France, la Russie et l’Iran ont eu lieu à Vienne ces dernières semaines pour pousser à un retour des États-Unis au pacte.
Plus tôt dans la journée, l’Iran a indiqué qu’une tentative d’attaque visant un site lié à son programme nucléaire au nord-ouest de Téhéran avait été déjouée. Les médias d’État officiels iraniens ont indiqué que l’attaque avait échoué, mais les médias d’opposition iraniens ont déclaré que des dommages avaient été causés à l’installation, qui était utilisée pour créer des pièces pour les centrifugeuses.
Les observations de Kohavi surviennent alors que les États-Unis et l’Iran – par le biais d’intermédiaires – ont négocié un retour mutuel à l’accord nucléaire de 2015, connu officiellement sous le nom de Plan global d’action conjoint. L’ancien président américain Donald Trump a abrogé l’accord en 2018, mettant en place un régime de sanctions écrasant, ce qui a incité l’Iran à abandonner également l’accord un an plus tard, enrichissant plus d’uranium et à des niveaux de pureté plus élevés que ce qui était autorisé par l’accord, et prenant part à d’autres formes de recherche nucléaire interdite.
Israël s’oppose fermement au projet du président américain Joe Biden de réintégrer l’accord, ce qu’il souhaite faire à condition que l’Iran s’y conforme à nouveau.
Mercredi, des responsables iraniens ont déclaré que les États-Unis avaient accepté sur le principe de lever plus de 1 000 sanctions visant des responsables et des entreprises liés aux secteurs pétrolier et maritime de la République islamique, qui avaient été mises en place sous Trump.
L’administration Biden a déclaré qu’elle prévoyait d’utiliser l’accord sur le nucléaire comme point de départ pour négocier un accord nucléaire « plus long et plus solide », bien que les détracteurs – y compris en Israël – affirment qu’une fois que les États-Unis auront assoupli les sanctions imposées à l’Iran et aux responsables iraniens lors du retour à l’accord sur le nucléaire, Téhéran ne sera plus incité à négocier.
Plusieurs délégations de responsables israéliens, dont l’ancien chef du Mossad, Yossi Cohen, et le conseiller à la sécurité nationale, Meir Ben-Shabbat, se sont rendues aux États-Unis ces derniers mois pour tenter de dissuader l’administration Biden de revenir sur l’accord.
Par le passé, les responsables américains ont déclaré que les préoccupations soulevées par Israël au cours de ces entretiens ne changeraient pas les plans de la Maison Blanche.
Au cours de cette rencontre, le chef d’état-major israélien aurait également déclaré à Sullivan que ce n’était qu’une question de temps pour qu’un nouveau conflit éclate dans la bande de Gaza, après la bataille sanglante de 11 jours contre les groupes terroristes dans l’enclave palestinienne le mois dernier.
Selon le radiodiffuseur public Kan, Kohavi a fait spécifiquement référence aux difficultés rencontrées dans les négociations en cours avec le Hamas et son chef à Gaza, Yahya Sinwar, qui a demandé à Israël d’autoriser l’entrée dans la bande d’importantes sommes d’argent provenant du Qatar. Israël maintient qu’il n’autorisera pas de reconstruction à grande échelle dans la bande de Gaza tant que le Hamas n’aura pas restitué les deux civils israéliens et les dépouilles de deux soldats israéliens qu’il détient en captivité.
Kohavi a atterri à Washington dimanche et a rencontré un certain nombre de hauts responsables de la défense américaine, notamment le secrétaire d’État à la défense Lloyd Austin, le président des chefs d’état-major interarmées Mark Milley et le chef du commandement central américain Kenneth McKenzie. Il doit rentrer en Israël vendredi, selon l’armée.
Kohavi devait rencontrer le chef de la CIA, William Burns, et la directrice du renseignement national, Avril Haines.
Outre les discussions sur le programme nucléaire iranien, le chef d’état-major israélien a également fait part de l’évaluation israélienne de l’expansionnisme militaire de la République islamique au Moyen-Orient, selon les FDI.
Mercredi, Kohavi a également rencontré l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis et aux Nations Unies, Gilad Erdan, pour discuter en particulier des préoccupations de Tsahal concernant la milice terroriste du Hezbollah libanais et des moyens par lesquels l’ONU et sa force de maintien de la paix au Liban peuvent aider à contenir le groupe conformément à la résolution 1701 de l’ONU, qui a mis fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.
« Les deux hommes ont discuté de la nécessité d’appliquer et de remplir efficacement le mandat de la [Force intérimaire des Nations unies au Liban] à la lumière du processus de renouvellement du mandat de l’ONU plus tard cette année. Le chef d’état-major a souligné que depuis des années, l’État libanais a perdu le contrôle de sa politique de sécurité et abdique complètement sa responsabilité de faire respecter la résolution 1701, étant donné que l’organisation terroriste Hezbollah dirige effectivement les politiques de sécurité du Liban », a déclaré l’armée israélienne.
En Floride, le général Kohavi a discuté avec le général Frank McKenzie, le chef du commandement central de l’armée américaine pour le Moyen-Orient (Centcom), de l’Iran, de la guerre de 11 jours en mai entre l’armée israélienne et le mouvement terroriste du Hamas ainsi que du conflit en Syrie et de la coordination entre leurs deux pays.
« La coopération entre les forces armées israéliennes et l’armée américaine est sans précédent de par sa portée et a atteint de nouveaux niveaux », a dit le général israélien dans un communiqué de l’armée publié à Jérusalem. « L’objectif principal et commun du champ d’action des deux armées est de faire échec à l’agression iranienne. »
« L’Iran cherche à implanter des terroristes dans plusieurs pays à travers le Moyen-Orient » et continue de « constituer une menace régionale en termes de prolifération nucléaire, de systèmes d’armement perfectionnés y compris des missiles balistiques, et de financement d’armées terroristes », a-t-il ajouté.
Le chef d’état-major doit retourner en Israël vendredi après une visite de plusieurs jours aux États-Unis.