Tsahal rase la maison d’un terroriste ayant tué un soldat en Cisjordanie en 2022
Abdel Kamel Jouri, originaire de Naplouse, a participé à l'assassinat, en octobre dernier, du sergent Ido Baruch
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
L’armée israélienne s’est déployée, jeudi matin, dans Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, sur fond de violences, afin de détruire la maison d’un terroriste palestinien ayant tué un soldat israélien l’an dernier.
Selon l’armée, le 11 octobre 2022, Osama Taweel et Abdel Kamel Jouri, membres de l’organisation terroriste de Naplouse « La Fosse aux Lions », ont ouvert le feu et tué le sergent d’état-major Ido Baruch, membre de l’unité de reconnaissance de la brigade d’infanterie Givati. Baruch se trouvait sur place pour assurer la sécurité d’une manifestation de résidents d’implantations près de l’implantation de Shavei Shomron, aux environs de Naplouse.
Taweel et Jouri ont été arrêtés le 13 février dernier, et un troisième membre de la cellule qui aurait apporté son aide, Hussam Bassam Isleem, a été tué lors d’un raid sur Naplouse, une semaine plus tard.
« L’armée israélienne intervient à Naplouse pour détruire la maison de l’un des terroristes responsables de l’attaque qui a tué le sergent d’état-major Ido Baruch », a déclaré l’armée israélienne dans un bref communiqué, tôt jeudi matin, en parlant de Jouri.
La semaine dernière, un Palestinien a été tué lors d’affrontements au moment où l’armée se rendait à Naplouse pour démolir la maison de Taweel, l’autre responsable de la mort du soldat israélien.
De nouvelles échauffourées ont éclaté dans le secteur, tôt dans la journée de jeudi : le Croissant-Rouge palestinien indique avoir pris en charge 33 personnes, pour l’essentiel incommodées par l’inhalation de gaz lacrymogène.
L’armée a fait savoir que des Palestiniens armés avaient ouvert le feu sur ses soldats, et que d’autres avaient lancé des engins explosifs qui ont légèrement endommagé un véhicule militaire. Des émeutiers ont jeté des pierres et incendié des pneus dans les parages, a ajouté l’armée dans un autre communiqué publié plus tard.
« Les soldats ont riposté à l’aide de moyens de dispersion anti-émeute », a précisé l’armée, ajoutant qu’aucun soldat n’avait été blessé.
Tsahal a publié des images de la démolition de la maison de Jouri à l’aide d’explosions contrôlées.
Il n’est pas rare qu’Israël démolisse la maison des Palestiniens accusés d’attentats terroristes meurtriers : elle y voit un moyen de dissuasion, tandis que les militants des droits de l’homme estiment qu’il s’agit d’une punition collective injuste, dont l’efficacité fait débat, même au sein de l’establishment sécuritaire israélien.
Le domicile d’Isleem, le troisième membre de la cellule, a été cartographié par Tsahal, en mai, en prévision de sa démolition.
Naplouse a fait l’objet d’opérations répétées de la part de Tsahal ces douze derniers mois et les démolitions, jeudi, se sont faites au plus fort d’une vague de violences en Cisjordanie.
Quatre Israéliens ont été tués et quatre autres blessés par des hommes armés affiliés au Hamas dans le centre de la Cisjordanie, mardi. L’un des terroristes a été abattu sur place par un civil israélien armé et le second, par les forces spéciales, deux heures plus tard à l’issue d’une chasse à l’homme.
En représailles à cet attentat, des centaines de résidents d’implantations israéliens s’en sont pris à des communautés palestiniennes, en mettant le feu à des maisons, des voitures et des champs et en terrorisant les habitants. Un Palestinien a été tué à Turmus Ayya dans des circonstances encore peu claires, et 12 personnes ont été blessées.
Ces faits ne sont pas sans rappeler un autre incident, que certains ont qualifié de « pogrom » cette année, et qui a eu lieu après une autre fusillade palestinienne.
Mercredi soir, un drone de Tsahal a frappé le véhicule à bord duquel se trouvaient trois Palestiniens armés qui venaient d’ouvrir le feu à un poste de contrôle, dans le nord de la Cisjordanie.
Selon Tsahal, cette frappe, qui a tué les trois occupants du véhicule, est le signe de la reprise des assassinats ciblés en Cisjordanie, abandonnés depuis 2006. Cette semaine déjà, des hélicoptères d’attaque avaient été déployés lors d’une opération militaire à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, pour la première fois depuis une vingtaine d’années.
Ces douze derniers mois, des Palestiniens armés s’en sont pris à plusieurs reprises à des militaires déployés dans le cadre d’opérations d’interpellation, à des postes militaires ou dans des implantations israéliennes, voire à des civils sur les routes, surtout dans le nord de la Cisjordanie.
Les tensions entre Israël et les Palestiniens ont été fortes ces dix-huit derniers mois, avec des interventions de nuit de l’armée en Cisjordanie quasi-quotidiennes et plusieurs attentats terroristes palestiniens meurtriers.
Depuis le début de l’année, les attentats palestiniens en Israël et en Cisjordanie ont tué 24 personnes, dont les victimes de mardi – Nachman Mordoff, 17 ans, Elisha Anteman, 17 ans, Harel Masood, 21 ans, et Ofer Fayerman, 64 ans.
Selon un décompte du Times of Israel, 132 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués dans la même période, la plupart lors d’affrontements avec les forces de l’ordre ou lors d’attentats, sans oublier les civils non impliqués tués dans des circonstances encore peu claires.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.