Tuerie du musée juif de Bruxelles : Nemmouche et Bendrer déclarés coupables
Nacer Bendrer et le djihadiste antisémite encourent la réclusion à perpétuité. Les peines devraient être annoncées vendredi à l'issue d'une nouvelle délibération
Le jihadiste français Mehdi Nemmouche, qui niait les faits en affirmant avoir été « piégé », a été déclaré jeudi coupable des quatre assassinats terroristes commis le 24 mai 2014 au musée juif de Bruxelles.
La cour d’assises devant laquelle il comparaissait depuis deux mois a également jugé son co-accusé Nacer Bendrer « co-auteur » de la tuerie. Tous deux encourent la réclusion à perpétuité. Les peines devraient être annoncées vendredi à l’issue d’une nouvelle délibération.
« L’existence d’un piège n’est pas avancée avec suffisamment de vraisemblance et de crédibilité et doit donc être écartée », souligne notamment l’arrêt de la cour lue par la présidente Laurence Massart.
A l’énoncé de ce verdict de culpabilité, rendu après deux jours et demi de délibérations, Mehdi Nemmouche, 33 ans, portant fine barbe et pull bleu marine, est resté impassible, le regard dans le vide.
A ses côtés dans le box, Nacer Bendrer, 30 ans, a gardé la tête baissée de longues minutes, avant de se la prendre dans les mains. Lui aussi se disait innocent.
L’accusation, pour qui cette tuerie antisémite est le premier attentat commis en Europe par un combattant de retour de Syrie, avait requis la condamnation de deux hommes, anciens compagnons de détention dans le sud de la France en 2009-2010.
« Nous sommes tous les deux convaincus au plus profond de nous-mêmes que les deux accusés ont bien commis ces actes », avait déclaré l’un des deux avocats généraux dans son réquisitoire le 26 février.
Dans leurs motivations, les 12 jurés et les trois magistrats professionnels ont notamment rappelé que Mehdi Nemmouche, délinquant multirécidiviste radicalisé en prison, avait été arrêté le 30 mai 2014 à Marseille en possession des armes utilisées lors de la tuerie.
« Un ensemble de déductions éparses »
La veste en nylon retrouvée dans ses effets personnels et correspondant à celle observée sur le tireur le jour des faits « contenait exclusivement des traces d’ADN de Mehdi Nemmouche », présentant en outre « des résidus de tirs », a aussi souligné la présidente.
Au total, l’accusation avait recensé « 23 éléments de preuve » accablant Mehdi Nemmouche, dont la morphologie correspond aussi à celle du tireur observée sur la vidéosurveillance du musée.
Pour les avocats du jihadiste antisémite, la tuerie n’était pas un attentat du groupe jihadiste Etat islamique (EI), au sein duquel l’accusé a combattu entre janvier 2013 et février 2014.
Il s’agissait, affirment-ils, d' »une exécution ciblée d’agents du Mossad » (les services secrets israéliens), dans laquelle de supposés agents des services libanais ou iraniens auraient impliqué Nemmouche à son insu.
L’argument visait les époux israéliens Miriam et Emmanuel Riva, 53 et 54 ans, les deux premières des quatre personnes abattues ce samedi du printemps 2014 au musée juif.
La thèse a été jugée invraisemblable par les avocats des parties civiles et l’accusation. Les avocats de la famille Riva ont qualifié de « scandale absolu » qu’on puisse faire passer les deux touristes pour des agents secrets.
« La défense s’est bornée à énoncer un ensemble de déductions éparses sans jamais les approfondir », a relevé la cour dans son arrêt.
Dans le box depuis le 10 janvier comparaissait également Nacer Bendrer, un délinquant marseillais de 30 ans, accusé d’avoir fourni à Mehdi Nemmouche les armes de la tuerie.
L’enquête a montré que les deux hommes avaient eu des dizaines d’échanges téléphoniques en avril 2014, au moment où Nemmouche est censé être en pleins préparatifs.
Au procès, Nacer Bendrer a reconnu que ce dernier lui avait demandé une Kalachnikov lors de sa venue à Bruxelles début avril. Mais le Marseillais a assuré ne pas avoir donné suite. Sa défense a mis en avant l’absence de « preuve matérielle » d’une remise des armes.
« Une décision de culpabilité, c’est une peine à deux chiffres qui l’attend, une vie foutue », avait plaidé son avocat Julien Blot lundi à l’adresse du jury.
Après les époux Riva, un employé belge de 26 ans, Alexandre Strens, et une bénévole française de 66 ans, Dominique Sabrier, avaient aussi été assassinés au Musée juif.