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Turquie: le leader de l’opposition visé par la loi sur la désinformation

Kemal Kılıçdaroğlu est poursuivi pour avoir dénoncé la responsabilité du gouvernement Erdogan dans la propagation de ce qu'il a appelé "une épidémie de métamphétamines" en Turquie

Kemal Kiliçdaroglu, au centre, dirigeant du principal parti d'opposition de Turquie, pendant son "Congrès de la Justice", à Canakkale, le 27 août 2017. (Crédit : Ozan Kose/AFP)
Kemal Kiliçdaroglu, au centre, dirigeant du principal parti d'opposition de Turquie, pendant son "Congrès de la Justice", à Canakkale, le 27 août 2017. (Crédit : Ozan Kose/AFP)

Le président du principal parti d’opposition en Turquie, et probable candidat à l’élection présidentielle l’an prochain contre le président sortant Recep Tayyip Erdogan, est devenu jeudi le premier inculpé au titre de la nouvelle loi sur la désinformation.

Selon une source au sein de son parti le CHP, confirmant des informations de presse, Kemal Kılıçdaroğlu est poursuivi pour « diffusion publique d’informations trompeuses » par la direction de la police nationale.

En vertu de l’article 29 de cette loi controversée, adoptée le mois dernier par le Parlement turc, M.Kılıçdaroğlu encourt jusqu’à trois ans de prison.

Il avait dénoncé lundi via Twitter la responsabilité du gouvernement AKP (islamo-conservateur), le parti de M. Erdogan, dans la propagation de ce qu’il a appelé « une épidémie de métamphétamines » en Turquie.

Le patron du CHP, premier parti d’opposition (social-démocrate) au parlement, affirmait que le gouvernement récupérait une partie de l’argent sale de ce trafic pour combler le déficit public.

Dans une vidéo diffusée via le réseau social, il affirmait: « Ils ont fait venir cette drogue dans le pays, ils ont dit aux (trafiquants) ‘venez avec votre argent’ et ensuite ils ont fermé les yeux », a accusé M. Kılıçdaroğlu.

Le ministre de l’Intérieur Süleyman Soylu lui avait répondu le lendemain, par la même voie, estimant qu’il ne revenait pas à un citoyen turc, encore moins à un président de parti, de calomnier l’Etat, la police, la gendarmerie et l’armée ».

Pour l’avocat du CHP, Celal Çelik, cité par l’agence de presse Anka (proche de l’opposition) « ils (les autorités) avaient prévenu que cet article (29, ndlr) serait appliqué aux politiques dans le but de restreindre leur liberté d’expression. C’est exactement ce qui s’est passé ».

Adoptée le 13 octobre malgré de vives critiques des organisations de défense des droits humains et de la liberté de la presse, la loi sur la désinformation a été publiée au Journal Officiel et promulguée cinq jours plus tard.

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