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Turquie : un suspect arrêté en lien avec l’attentat d’Istanbul

Aucun élément de l'enquête ouverte après l'attentat suicide qui a tué mardi 10 touristes étrangers ne suggère que l'Allemagne était spécialement visée

Le ministre de l'Intérieur allemand Thomas de Maizière (Crédit : Kobi Gideon/Flash90)
Le ministre de l'Intérieur allemand Thomas de Maizière (Crédit : Kobi Gideon/Flash90)

La police turque a arrêté mercredi une personne en liaison avec l’attentat suicide la veille à Istanbul attribué au groupe Etat islamique (EI) qui a, pour la première fois en Turquie, visé des étrangers et le secteur-clé du tourisme en provoquant la mort de dix Allemands.

Trois mois après celle qui a fait 103 morts à la gare d’Ankara, cette nouvelle attaque a été perpétrée, selon les autorités, par un Syrien âgé de 28 ans entré quelques jours auparavant sur le sol turc en provenance de Syrie et présenté comme un membre de l’EI.

« Une personne a été placée en détention mardi soir après cette attaque », a annoncé le ministre turc de l’Intérieur Efkan Ala, sans précisions sur son rôle ou son identité.

« L’enquête se poursuit méticuleusement et avec le plus d’attention », a ajouté M. Ala devant la presse, à l’issue d’un entretien avec son homologue allemand Thomas de Maizière.

Aucun élément de l’enquête ouverte après l’attentat suicide qui a tué mardi 10 touristes étrangers, dont au moins huit Allemands, à Istanbul ne suggère que l’Allemagne était spécialement visée, a assuré mercredi son ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière.

« En l’état actuel des investigations, il n’y a aucune indication que l’attentat visait des Allemands », a déclaré M. de Maizière devant la presse à l’issue d’un entretien à Istanbul avec son homologue turc Efkan Ala.

« Je ne vois aucune raison d’interrompre ou renoncer à des voyages normaux (hors des zones de conflit ndlr) en Turquie », a-t-il ajouté.

Dès mardi, le ministère allemand des Affaires étrangères avait recommandé à ses ressortissants d’éviter « provisoirement » les lieux fréquentés par le public et les principaux sites touristiques d’Istanbul.

M. de Maizière a une nouvelle fois condamné l’attentat qui a visé un groupe de touristes dans le district de Sultanahmet, près de la Mosquée bleue et de la basilique Sainte-Sophie.

« C’est un attentat contre l’humanité », a-t-il répété, « je suis venu aujourd’hui pour montrer que la population allemande, avec la population turque, condamne ensemble cet attentat et partage le même deuil ».

Dix Allemands ont péri dans l’attaque, a annoncé mercredi Berlin.

Dix-sept personnes ont également été blessées, dont onze étaient toujours hospitalisés mercredi, a de son côté déclaré M. Ala, qui a précisé que deux d’entre elles, également des Allemands, étaient dans un état jugé sérieux.

Dans la foulée de l’attentat, la police turque a poursuivi mercredi ses coups de filet dans les milieux djihadistes, apparemment sans lien immédiat avec les événements d’Istanbul, arrêtant mercredi neuf personnes, dont trois ressortissants russes, à Antalya (sud) et Mersin (sud), selon l’agence de presse Dogan.

Mardi, 65 militants présumés de l’EI avaient déjà été arrêtés en Turquie.

Longtemps soupçonné de complaisance envers les rebelles radicaux syriens, le régime islamo-conservateur turc a rejoint l’été dernier la coalition internationale antidjihadiste, pilonnant l’EI en Syrie. Depuis l’automne, il a multiplié les arrestations de membres présumés de l’EI, affirmant avoir déjoué plusieurs projets d’attentats.

Selon les médias turcs, l’auteur de l’attaque d’Istanbul s’appelait Nabil Faldi, était né en Arabie saoudite, et était entré en Turquie le 5 janvier en tant que réfugié.

Hommages

C’est grâce à ses empreintes digitales enregistrées par les services d’immigration qu’il a pu être rapidement identifié, a précisé la presse turque. Le ministre turc de l’Intérieur a souligné mercredi qu’il ne figurait sur aucune liste de suspects.

Cet homme a actionné sa charge explosive mardi matin dans le cœur historique d’Istanbul, sur l’ancien hippodrome bordant la basilique Sainte-Sophie et la Mosquée bleue, visités chaque année par des millions de touristes étrangers.

Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a rendu visite aux blessés mercredi, puis s’est recueilli avec M. de Maizière sur les lieux de l’attentat et a déposé des œillets rouges au pied de l’obélisque où l’explosion s’est produite.

Mercredi matin, la police avait levé ses cordons de sécurité et rendu la place aux touristes, a constaté l’AFP.

La guide qui accompagnait le groupe de touristes allemands visé a raconté dans le quotidien à grand tirage Hürriyet les derniers instants qui ont précédé l’attentat.

Elle-même blessée à la jambe, Sibel Satiroglu a expliqué qu’elle était en train de donner des explications à ses clients lorsqu’elle a entendu un déclic.

« Le son m’a paru suspect et je me suis aperçue qu’un jeune homme avait rejoint le groupe », a-t-elle dit. « J’ai vu qu’il sortait un objet ressemblant à un engin explosif, alors j’ai crié à mes touristes : sauvez-vous! et tout le monde a commencé à fuir ».

La Turquie est en état d’alerte maximale depuis l’attentat qui a visé le 10 octobre une manifestation prokurde devant la gare d’Ankara, faisant 103 morts. Cette attaque, la plus meurtrière jamais perpétrée sur le sol turc, a été attribuée à l’EI.

Ce pays est également secoué depuis l’été dernier par la reprise de combats meurtriers entre ses forces de sécurité et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), après une accalmie de plus de deux ans.

La presse indépendante turque a largement attribué mercredi l’attentat de mardi aux ambiguïtés de la politique du président Recep Tayyip Erdogan vis-à-vis des djihadistes.

« Nous sommes comme assis sur une bombe à retardement et la seule raison de cette situation est cette tolérance obsessionnelle accordée aux groupes djihadistes », a commenté dans Hürriyet l’éditorialiste Mehmet Yilmaz.

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