Tzahi Hanegbi : Israël et l’AP mènent des discussions « ouvertes »
Le conseiller à la Sécurité nationale affirme que le gouvernement est prêt à faire des "concessions significatives" à Ramallah pour parvenir à un accord avec les Saoudiens
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le conseiller à la Sécurité nationale, Tzahi Hanegbi, a déclaré lundi être en contact régulier avec des responsables palestiniens depuis qu’il a pris ses fonctions, et que le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu était ouvert à des concessions significatives à Ramallah dans le cadre d’un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite.
« Je mène un dialogue avec eux au nom du Premier ministre depuis huit mois », a-t-il déclaré, dans un rare aveu de contacts étroits entre les deux parties.
S’exprimant lors de la deuxième journée de la conférence annuelle de l’Institute for Counter-Terrorism Policy (Institut pour la politique antiterroriste ou ICT) à l’Université Reichman de Herzliya, Hanegbi a déclaré que ces conversations s’inscrivaient dans le cadre d’un dialogue à cinq – avec la Jordanie, l’Égypte et les États-Unis. Les parties se sont rencontrées à Aqaba et à Charm el-Cheikh au début de l’année.
« Nous essayons de parvenir à des accords sur les questions de sécurité, afin qu’ils assument la responsabilité des questions qui touchent à leur vie, la zone A, et que Tsahal n’ait pas à entrer dans les camps de réfugiés de Jénine et de Naplouse à leur place », a-t-il déclaré.
En juillet, l’armée israélienne s’est lancée dans une vaste opération de deux jours à Jénine contre la branche locale du groupe terroriste du Jihad islamique palestinien et d’autres groupes armés plus modestes.
Hanegbi a déclaré que les hauts fonctionnaires des deux parties parlent « ouvertement de ce qu’ils veulent recevoir en contrepartie ».
Il a ajouté que les pourparlers portaient leurs fruits, notamment parce que les pays arabes « s’intéressent activement au succès des négociations ».
En ce qui concerne les perspectives d’un accord avec Ryad, Hanegbi a déclaré « qu’il est important que les Palestiniens fassent partie du processus ».
Il sera probablement demandé à Israël d’offrir des concessions significatives aux Palestiniens qui pourraient faire avancer une solution à deux États – une pilule qui sera difficile à avaler pour le gouvernement radical de Netanyahu.
« Je pense que l’approche des Palestiniens a changé », a déclaré Hanegbi. « Ils sont très actifs. Ils parlent avec les Américains, ils parlent avec les Saoudiens, ils parlent avec nous de ce que pourrait être la ‘composante palestinienne significative’ d’un accord. »
Il a déclaré que le gouvernement Netanyahu était prêt à faire des « concessions significatives » aux Palestiniens, mais qu’il ne pouvait accepter aucune mesure mettant en péril la sécurité d’Israël.
S’exprimant après Hanegbi lors de la conférence, le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a également abordé la question des concessions faites aux Palestiniens. « Je conseillerais à tous d’attendre et de voir la proposition d’accord, et ensuite seulement d’exprimer une opinion sur la question de savoir s’il s’agit de concessions ou plutôt de mesures qui préservent la sécurité et les besoins nationaux de l’État d’Israël. »
La figure de l’opposition a également critiqué la manière dont le gouvernement Netanyahu a géré la diplomatie délicate autour d’un accord israélo-saoudien.
« Le processus m’inquiète », a déclaré Gantz, partenaire du précédent gouvernement Netanyahu. « Israël est passé du statut de partenaire à celui d’observateur, et des éléments radicaux dans notre gouvernement pourraient saboter l’accord. »
Dans le même temps, il a promis que son parti soutiendrait un accord s’il le jugeait dans l’intérêt d’Israël.
Abordant les conversations en cours entre les États-Unis et les Saoudiens au sujet d’un accord de normalisation avec Israël et d’un pacte de sécurité à long-terme entre Washington et Ryad, Gantz a déclaré qu’il s’agissait d’une « grande occasion pour atténuer le terrorisme ».
« Il peut être à l’avant-garde de l’architecture régionale que nous avons déjà commencé à construire – contre l’axe iranien également », a-t-il poursuivi. « Un accord qui renforcera les forces modérées [dans les Territoires] et affaiblira les éléments terroristes en Cisjordanie, à Gaza et au Liban est un bon accord pour Israël. »
Hanegbi s’est également montré prudent mais plein d’espoir quant au processus, affirmant que les pourparlers se transforment lentement en « l’ébauche d’un accord ».
« Il ne s’agit plus d’un coup d’épée dans l’eau, mais de discussions sur des objectifs concrets, dans lesquelles toutes les parties identifient les bénéfices qu’elles peuvent en retirer. »
En ce qui concerne le projet récemment annoncé, soutenu par les États-Unis, de construction d’un corridor ferroviaire et maritime reliant l’Inde au Moyen-Orient, à Israël et à l’Europe, Hanegbi a déclaré que des conversations sur cet ambitieux projet avaient eu lieu quotidiennement entre Jérusalem et ses partenaires en Europe et aux États-Unis.
« Nous n’en avons pas parlé parce qu’il n’était pas certain qu’il aboutisse », a-t-il déclaré.
Le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré samedi que le projet de transport n’était pas considéré comme un « précurseur » d’un éventuel accord de normalisation, mais il a qualifié l’inclusion d’Israël « d’importante ».
« Sans Israël, il n’est pas possible de traduire toute cette histoire en actes, car ils doivent passer par le port de Haïfa« , a déclaré Hanegbi.
« Je ne peux pas dire ce que ce projet signifie pour l’avenir, mais à partir du moment où [le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane] MBS signe un document qui mentionne Israël et dit que toute cette histoire sera mise en œuvre par l’intermédiaire d’Israël, je suppose que cela signifie que nous devons examiner cela en profondeur », a-t-il ajouté.
Dans le même temps, a déclaré Hanegbi, Israël ne peut qu’observer avec intérêt les efforts déployés par les Saoudiens et les Américains pour parvenir à un accord entre eux, sans lequel aucun accord de normalisation imminent n’est possible.
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