Israël salue le nouveau couloir logistique reliant l’Inde et l’Europe au Moyen-Orient
Le vaste projet ferroviaire et portuaire "fera entrer Israël dans une nouvelle ère d'intégration et de coopération régionales et mondiales," selon le Premier ministre
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a salué samedi comme un « développement majeur » un projet récemment annoncé, soutenu par les États-Unis, de construction d’un corridor ferroviaire et maritime reliant l’Inde au Moyen-Orient, à Israël et à l’Europe.
Ce réseau ferroviaire et portuaire reliant les États du Golfe et l’Inde est un projet ambitieux visant à favoriser la croissance économique et la coopération politique. Il permettrait de stimuler les échanges commerciaux, de transporter les ressources énergétiques et d’améliorer la connectivité numérique.
Netanyahu a qualifié cette initiative de « projet de coopération le plus important de notre histoire » et qui « nous fait entrer dans une nouvelle ère d’intégration et de coopération régionales et mondiales, sans précédent et unique par son ampleur ».
Dans un message vidéo, Netanyahu a déclaré que le nouveau corridor « concrétisera une vision de plusieurs années qui changera le visage du Moyen-Orient et d’Israël ».
« Notre pays, Israël, sera un point central de ce corridor économique. Nos chemins de fer et nos ports ouvriront une nouvelle voie d’accès de l’Inde à l’Europe en passant par le Moyen-Orient, et vice versa. »
Il a remercié Biden et son administration « pour les efforts considérables qui nous ont permis de faire cette annonce historique ».
« Israël apportera toutes ses capacités, toute son expérience et son plein engagement pour faire de ce projet de collaboration le plus grand de notre histoire », a-t-il ajouté.
Netanyahu avait déjà évoqué la possibilité d’un train reliant Israël à l’Arabie saoudite.
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L’Arabie saoudite et Israël n’ont pas de relations diplomatiques, mais la Maison Blanche les incite à normaliser leurs relations.
Le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré samedi que le projet de transport n’était pas considéré comme un « précurseur » d’un éventuel accord de normalisation, mais il a qualifié l’inclusion d’Israël « d’importante ».
« Les participants à cet effort se concentrent sur des résultats pratiques qui profitent à leur peuple », a déclaré Sullivan. « Et un corridor de ce type, en raison de la géographie, fonctionne mieux si Israël y est inclus que s’il en est exclu, et les pays participants ont donné la priorité à cet aspect. »
Le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, a déclaré samedi que son ministère « poursuivait ses efforts pour relier les pays signataires des Accords d’Abraham et Israël, ce qui permettra de raccourcir de manière inédite le temps nécessaire au transfert de marchandises à travers les États du Golfe vers Israël et, de là, vers l’Europe, et de réduire de manière significative les coûts d’expédition ».
« Cela fait partie de la vision de la paix régionale et constitue un autre résultat des Accords d’Abraham, qui ont été signés il y a trois ans et qui sont en train de changer le visage du Moyen-Orient, en encourageant la stabilité et la prospérité pour les peuples de la région et en réduisant le coût de la vie pour les Israéliens. »
« Le corridor inclurait l’Inde, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Jordanie, Israël et l’Union européenne », a déclaré Sullivan.
Les Etats-Unis ont en effet poussé, à l’occasion du G20, pour un ambitieux projet de « couloir » logistique reliant l’Inde et l’Europe au Moyen-Orient, avec un rôle de premier plan pour l’Arabie saoudite.
Un accord de principe a été signé samedi, à New Delhi, entre les Etats-Unis, l’Inde, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l’Union européenne, la France, l’Allemagne et l’Italie, selon un communiqué diffusé par la Maison Blanche.
« C’est vraiment important »: commentant cette signature, le président américain a parlé d’un accord « historique » lors d’une table ronde rassemblant les dirigeants concernés.
C’est « beaucoup plus que +seulement+ du rail ou un câble », a souligné la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, évoquant « un pont vert et numérique entre les continents et les civilisations ».
A la fin de la réunion, Joe Biden s’est approché du Premier ministre indien Narendra Modi, hôte du sommet du G20, et du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, pour une poignée de main collective.
Il y a un peu plus d’un an, le démocrate de 80 ans avait suscité une intense polémique lors d’un déplacement en Arabie saoudite, lorsqu’il avait salué d’un « check » Mohammed ben Salmane, que les Etats-Unis tiennent pour le commanditaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
Mais l’eau a coulé sous les ponts, et Washington redouble désormais d’efforts pour resserrer les liens avec la monarchie pétrolière, au nom de ses intérêts stratégiques.
« Nous voulons lancer une nouvelle ère connectée via un réseau ferroviaire, reliant des ports en Europe, au Moyen-Orient et en Asie », selon un document diffusé par l’administration Biden à propos de la grande annonce de « couloir » entre l’Inde et l’Europe. L’objectif est de créer des « nœuds commerciaux », tout en « encourageant le développement et l’exportation d’énergies propres ».
Il s’agira aussi de poser des câbles sous-marins.
De source proche du dossier, le projet prévoit aussi un couloir d’hydrogène qui relierait notamment Dubaï, aux Emirats arabes unis, et Jeddah, en Arabie saoudite, avec le port israélien de Haïfa et ensuite à des ports européens. La France espère que Marseille puisse être la « tête de pont » européenne du chantier, le président Emmanuel Macron vantant « l’expertise » des entreprises françaises en matière de transports et d’énergie.
Le projet doit également « faire progresser l’intégration au Moyen-Orient », y compris entre des « partenaires improbables », a commenté Sullivan, qui a mentionné Israël et la Jordanie parmi les pays concernés.
Joe Biden, soucieux de laisser sa marque diplomatique dans la région, s’efforce de convaincre l’Arabie saoudite et Israël de normaliser leurs relations.
Les Etats-Unis et l’Europe ont par ailleurs annoncé qu’ils s’associaient pour soutenir un autre projet d’infrastructures, en Afrique : le « couloir Lobito », reliant la République démocratique du Congo et la Zambie via le port de Lobito en Angola.
Si le projet visant à relier l’Inde à l’Europe en passant par divers pays du Moyen-Orient était réellement « concrétisé, ça changerait les règles du jeu », a jugé dans un message sur X (ex-Twitter) Michael Kugelman, expert au Wilson Center de Washington, et cela « viserait à contrer la BRI ».
La « Belt and Road Initiative » est l’acronyme en anglais du programme dit « des nouvelles routes de la soie » par lequel Pékin réalise des investissements massifs dans nombre de pays en développement pour construire des infrastructures.
Ses opposants dénoncent un cheval de Troie chinois, destiné à obtenir une influence politique, et critiquent l’endettement qu’il fait peser sur des pays pauvres.
Joe Biden l’avait qualifié en juin de « programme d’endettement et de confiscation ».
« Dans cette idée (de nouveau couloir logistique), il y a une concurrence avec les ‘routes de la soie' », a confirmé une source diplomatique française, pour qui l’annonce de Delhi est « juste le début d’une longue histoire ».
Pour Paris, il faudrait notamment, à terme, « voir comment l’Egypte entre au tour de table ».