Les Palestiniens s’impliqueront dans un potentiel accord israélo-saoudien – média
Ramallah aurait changé de tactique et définira ses exigences dans un éventuel processus de normalisation cette fois-ci, au lieu de le boycotter comme il l'a fait dans le passé

Une délégation de hauts responsables palestiniens devrait se rendre en Arabie saoudite dans les semaines à venir pour discuter des exigences que Ryad devrait formuler à l’égard d’Israël dans le cadre d’un éventuel accord de normalisation, selon un reportage diffusé dimanche.
Selon la Treizième chaîne, de hauts responsables israéliens auraient compris que les exigences saoudiennes relatives aux concessions israéliennes aux Palestiniens seront au cœur de la visite.
Selon la chaîne, les responsables de la sécurité pensent que l’Autorité palestinienne (AP) a décidé dans ce cas de changer de tactique en choisissant de s’impliquer dans le processus pour tenter de récolter autant de lauriers que possible dans le cadre d’un éventuel accord, plutôt que de le boycotter comme elle l’a fait lors des précédentes tentatives de normalisation.
Sans citer ses sources, le reportage ajoute que les dirigeants israéliens, qui espéraient auparavant parvenir à un accord avec les Saoudiens sans prendre de mesures significatives à l’égard des Palestiniens, commencent à comprendre qu’il n’en sera pas ainsi et que les pressions américaines et saoudiennes sur la question ne sont pas que de simples paroles en l’air.
Dans une récente interview accordée à Bloomberg News, Netanyahu a laissé entendre que les Saoudiens n’étaient pas particulièrement préoccupés par ce que les Palestiniens obtiendraient d’un éventuel accord.
« Je pense que la question palestinienne est soulevée en permanence et qu’il s’agit en quelque sorte d’une case à cocher. Vous devez la cocher pour dire que vous le faites », avait-il déclaré.

De leur côté, Netanyahu et son ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen (Likud), ont tous deux indiqué qu’Israël était ouvert à des gestes envers les Palestiniens si un accord de normalisation en dépendait.
Netanyahu considère la normalisation avec Ryad comme un objectif clé de sa politique étrangère, qui pourrait consolider son héritage. Mais la perspective de voir le gouvernement israélien actuel approuver toute concession matérielle aux Palestiniens a été remise en question, les alliés d’extrême-droite de Netanyahu, dont dépend sa coalition, étant très peu enclins à accepter de telles mesures.
Certains analystes ont évoqué la possibilité que le Premier ministre cherche à se débarrasser de ses partenaires de la ligne radicale si un accord était sur la table, en faveur d’une coalition plus centriste avec les partis d’opposition actuels – bien que cela semble également une possibilité lointaine compte tenu de l’animosité intense entre les deux bords.
Cependant, Netanyahu a insisté sur le fait que la question palestinienne ne serait pas un obstacle.
« Est-ce que je pense que [la normalisation] c’est faisable et est-ce que je pense que des questions politiques la bloqueront ? J’en doute », a déclaré Netanyahu à Bloomberg. « S’il y a une volonté politique, il y aura un moyen politique de parvenir à une normalisation et à une paix formelle entre Israël et l’Arabie saoudite. »
« Je pense qu’il y a suffisamment de place pour discuter des possibilités », avait-il ajouté.

Vendredi, Axios a rapporté que des fonctionnaires américains avaient souligné au ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer, lors d’une récente visite, qu’Israël devrait faire des concessions importantes aux Palestiniens pour obtenir un accord de normalisation.
Citant des responsables américains actuels et anciens, l’article indique que le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré à Dermer qu’Israël « interprète mal la situation » s’il ne pense pas que des gestes significatifs envers les Palestiniens seront nécessaires pour apaiser les Saoudiens, qui, selon lui, devront démontrer des résultats tangibles à d’autres pays arabes et musulmans s’ils veulent conclure un accord avec Israël.
L’article indique également que le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré à Dermer que le président américain Joe Briden souhaitait que les démocrates du Congrès soutiennent largement un accord avec l’Arabie saoudite, et que des gestes israéliens à l’égard des Palestiniens pourraient contribuer à cet objectif.
Dermer n’a guère proposé de gestes en faveur des Palestiniens au cours des réunions, affirmant que la concession d’Israël consistait à accepter le développement d’un programme nucléaire civil par l’Arabie saoudite, selon l’article.

La demande de Ryad d’obtenir le feu vert de Washington pour développer un programme nucléaire s’inscrit dans le cadre de discussions plus larges entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, qui pourraient voir Israël et l’Arabie saoudite normaliser leurs relations diplomatiques. En échange de l’établissement de relations avec l’État hébreu, les Saoudiens chercheraient également à avoir accès à des technologies de défense américaines avancées et à conclure une alliance de défense avec les États-Unis.
De leur côté, les États-Unis attendent de Ryad qu’il réduise considérablement ses liens économiques et militaires avec la Chine et la Russie et qu’il soutienne la trêve qui a mis fin à la guerre civile au Yémen.
Le New York Times a rapporté en juillet que les dirigeants saoudiens ayant exprimé une volonté accrue de parvenir à un accord sur la normalisation avec Israël, les États-Unis ont lancé un « effort complet » sur la question.