Ukraine : pour Glucksmann, Trump agit comme les Occidentaux en 1938 à Munich
L'eurodéputé déplore "l'effondrement, non pas du front ukrainien, mais de l'arrière-front occidental"

En engageant des discussions avec Vladimir Poutine « sur l’Ukraine sans l’Ukraine », Donald Trump se comporte comme les Occidentaux « offrant à Munich en 1938 la Tchécoslovaquie à Hitler sur un plateau d’argent », dénonce jeudi l’eurodéputé social-démocrate Raphaël Glucksmann.
« Nous sommes aujourd’hui arrivés à ce tournant de la guerre que Poutine attendait depuis l’échec de son blitzkrieg sur Kiev : l’effondrement, non pas du front ukrainien, mais de l’arrière-front occidental. La soumission non pas des soldats ukrainiens qui risquent leur peau et ne cèdent rien, mais des dirigeants occidentaux qui ne risquent rien et sont prêts à tout céder », estime l’eurodéputé sur les réseaux sociaux.
Vladimir Poutine et Donald Trump se sont parlés au téléphone mercredi, convenant de commencer « immédiatement » des négociations sur la fin de l’offensive russe en Ukraine.
« Nous voilà revenus à ce moment 1938 (…) A Munich, la Tchécoslovaquie fut offerte à Hitler sur un plateau d’argent dans des négociations dont ses dirigeants furent exclus », compare M. Glucksmann.
« Là, Trump a engagé des discussions avec Poutine sur l’Ukraine sans l’Ukraine. Sans l’Ukraine et sans l’Europe. En sacrifiant – avec cette légèreté si vulgaire d’une administration pour laquelle le destin des peuples pèse moins qu’un deal immobilier – avant même le début des négociations, l’intégrité territoriale de l’Ukraine et son avenir dans l’OTAN », fulmine-t-il.
A Munich en 1938, le Premier ministre britannique Neville Chamberlain et son homologue français Edouard Daladier avaient cédé aux revendications territoriales de Hitler sur les Sudètes en Tchécoslovaquie en espérant éviter ainsi une guerre.
« Ne pensez surtout pas qu’un cessez-le-feu fondé sur le dépeçage de l’Ukraine marquera la fin de la guerre. Cela ne fera que lancer sa seconde phase qui consistera à s’étendre sur le sol même de l’Union européenne », prévient l’eurodéputé, engagé de longue date dans le soutien à l’Ukraine et aux opposants à Vladimir Poutine.
Selon lui, l’Europe peut encore agir : « Saisissons enfin les avoirs publics russes gelés dans nos banques, augmentons drastiquement nos livraisons d’armes à la résistance ukrainienne, lançons l’emprunt de 500 milliards pour la défense européenne, et rendons nos sanctions cohérentes ».