Un ancien député druze condamné à un an de prison
Said Nafa, qui a rencontré le secrétaire du Front Populaire de Libération de la Palestine en Syrie, se dit victime d’une chasse aux sorcières
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Le tribunal régional de Nazareth a condamné jeudi l’ancien député Saïd Nafa à un an de prison en raison de ses voyages en Syrie et au Liban, quand il était encore un membre du parlement israélien.
Nafa, ancien député druze, a été condamné en avril pour avoir rencontré un agent étranger et voyagé dans un pays ennemi. L’ancien député a l’intention de faire appel devant la Haute Cour de justice.
En 2007, quand il était encore député du parti Balad, Nafa s’est rendu en Syrie où il a rencontré Talal Naji, le directeur adjoint du Front Populaire de Libération de la Palestine. Le FPLP est classé organisation terroriste par l’Union européenne, les États-Unis, Israël et le Canada.
L’avocate Yael Kochavi du Bureau du Procureur général a déclaré que le verdict et la peine enverraient un message clair à ceux qui souhaiteraient suivre les traces de Nafa, a rapporté la Deuxième chaîne.
« C’est une décision importante pour tous les députés qui envisagent de commettre des infractions similaires ; elle montre qu’il s’agit d’une infraction punissable », dit-elle.
Nafa a raconté à la Deuxième chaîne qu’il ne s’attendait pas à moins du système judiciaire.
« J’ai toujours dit que j’accepterai une peine d’un an, quelle que soit l’accusation. En fin de compte, je ne m’en serai jamais sorti sans faire de la prison. Toute cette affaire est une chasse aux sorcières politique », a-t-il dit. « Cette décision n’empêchera pas les gens en Israël d’être en contact avec leurs proches en Syrie et au Liban. »
L’ancien député a souligné le fait qu’il y a plusieurs mois, les charges ont été abandonnées contre plus d’une douzaine de cheikhs druzes qui avaient voyagé avec lui vers les mêmes destinations. Pour lui, cela montre que sa condamnation cache un mobile politique.
Le ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman a déclaré qu’il se félicite de la peine.
« C’est un message important que le tribunal envoie : Israël n’acceptera pas d’activités subversives contre l’Etat de la part de ceux qui siègent dans son corps législatif, et qui oeuvrent parallèlement pour le détruire », a déclaré Liberman.
Les communautés druzes sont réparties sur le plateau du Golan israélien, au Liban et en Syrie. Les Druzes israéliens peuvent parfois se rendre dans les pays voisins pour visiter leurs familles et d’autres communautés, séparées par des frontières internationales.
Nafa, résident de Beit Jann qui a servi à la Knesset de 2007 à 2013, a plaidé pour que la population druze d’Israël abandonne sa fidélité traditionnelle à Israël, adopte une identité palestinienne et panarabe, et cesse de remplir le service obligatoire de Tsahal aux côtés des Juifs israéliens.
L’ancien député a organisé un voyage de 282 personnalités religieuses druzes en Syrie en septembre 2007.
Nafa a été informé par le ministère de l’Intérieur qu’il ne serait pas autorisé à voyager, mais il a ignoré l’avertissement et a organisé son départ, avec l’aide de de l’ancien député Azmi Bishara, aujourd’hui un fugitif de la loi israélienne accusé d’avoir transmis des informations sensibles à la Syrie.
Nafa et son entourage ont gagné la Syrie grâce à une coordination avec l’ambassade de Syrie en Jordanie, et plus tard, il a rencontré Naji.
Nafa s’est vu retirer son immunité parlementaire en 2010 par une commission de la Knesset.
À la fin août, trois membres du Balad, l’ancien parti de Nafa, ont rencontré Bishara au Qatar, déclenchant une enquête et des appels de la commission parlementaire d’éthique à proscrire la faction. Le voyage aurait été financé par Bishara.
Lazar Berman a contribué à cet article.