Un appel à retirer Moshe Kantor de la liste des proches de Poutine
Selon lui, la décision de sanctionner Moshe Kantor est "incompréhensible et ne contribue en rien à la réalisation des objectifs fondamentaux poursuivis"

Ariel Muzicant, président du Congrès juif européen et vice-président du Congrès juif mondial, a publié la semaine dernière une tribune appelant Emmanuel Macron, les chanceliers allemand et autrichien et la Première ministre italienne, à retirer Moshe Kantor, son prédécesseur, « injustement ciblé » par l’Union européenne, de la liste des proches de Vladimir Poutine. L’homme se trouve ainsi frappé de sanctions. Le texte d’Ariel Muzicant a été publié en France dans Le Point.
« Cette décision est non seulement incompréhensible, mais parfaitement étrange, voire absurde. Elle n’est motivée par aucune preuve, aucune explication », écrit le responsable juif autrichien.
« On accuse le Dr. Moshe Kantor d’être un proche de Vladimir Poutine, de faire partie du groupe d’oligarques qui l’entoure et l’aide dans sa guerre contre l’Ukraine : rien n’est plus faux ! M. Kantor n’est rien de plus que l’un des bénéficiaires effectifs d’une société russe qui fabrique des engrais. La moitié de sa famille est ukrainienne. Il a quitté la Russie il y a plus de trente ans, et il est désormais citoyen britannique. »
Il félicite ensuite son prédécesseur pour « sa grande contribution au bien-être et à la subsistance de nos communautés en Europe » ainsi que pour la « mise en place un dispositif de sécurité inégalé pour protéger ces communautés à une époque où l’antisémitisme violent et le terrorisme ont commencé de nous menacer comme jamais auparavant ».
Son action pour la « préservation de la mémoire de la Shoah au centre de l’agenda international » est aussi saluée.
« En tant que fondateur et président de la Fondation du forum mondial de l’Holocauste, Moshe Kantor a organisé cinq forums internationaux, dont le dernier a été co-organisé à Yad Vashem en 2020, en collaboration avec le président de l’État d’Israël Reuven Rivlin, marquant le 75e anniversaire de la libération du camp de la mort d’Auschwitz », écrit-il, rappelant qu’Emmanuel Macron avait participé à la cérémonie.
« Pour tout ce travail contre l’antisémitisme, le racisme, l’exclusion, il a bénéficié d’une large reconnaissance publique. Les chefs d’État et de gouvernement européens, y compris de la République française, lui ont décerné les distinctions les plus prestigieuses. »
Selon lui, la décision de sanctionner Moshe Kantor, « l’unique dirigeant juif élu démocratiquement à ce poste à plusieurs reprises », en l’inscrivant sur la liste des proches du pouvoir russe, est ainsi « incompréhensible et ne contribue en rien à la réalisation des objectifs fondamentaux poursuivis, face à la guerre en Ukraine, par l’Europe ».
La décision affecterait d’ailleurs « directement les organisations, les communautés et la vie juives sur le continent européen », écrit Ariel Muzicant, alors que les dommages collatéraux « se répercutent sur les multiples programmes qu’il a personnellement lancés et dirigés ».
« Sanctionner le Dr. Moshe Kantor ne sert en rien la cause de la paix en Europe, mais porte un profond préjudice aux Juifs d’Europe. Cette action détruit la vie juive en Europe », conclut-il, appelant Emmanuel Macron à « dissiper le malentendu et réparer l’injustice ».