Un autocollant « Free Palestine » apposé sur un mémorial dédié à un soldat tombé le 7 octobre
Andrey Khrzhanovskiy a été appréhendé après avoir posté une vidéo de lui le montrant en train de coller le sticker sur un monument érigé à Sderot, en mémoire d'un soldat tué le 7 octobre
La police a arrêté jeudi un militant actif sur les réseaux sociaux qui avait placé un autocollant pro-palestinien sur un monument érigé en mémoire d’un soldat tué pendant le pogrom commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023.
Andrey Khrzhanovskiy a été appréhendé alors qu’il était assis dans un café de Tel Aviv. La police avait reçu une plainte après la publication d’une vidéo, qu’il avait postée lui-même en date du 30 novembre, et qui le montrait en train de poser un autocollant affichant le drapeau palestinien avec la phrase « Free Palestine » sur un mémorial établi en souvenir du capitaine Shilo Cohen, à Sderot.
Son avocat, de son côté, a affirmé que ses agissements étaient protégés au nom de la liberté d’expression. Il a ajouté que dans la mesure où l’autocollant a été enlevé, l’incident ne saurait s’apparenter à un acte de vandalisme.
Khrzhanovskiy est resté en détention pendant la nuit et sa libération a été ordonnée vendredi, moyennant le dépôt d’une caution à hauteur de 15 000 shekels. Il lui a été demandé de ne pas se rendre sur d’éventuels sites de commémoration pendant un mois.
La police a toutefois apparemment fait appel de la décision – Khrzhanovskiy devant être finalement incarcéré jusqu’à dimanche, a mentionné un post paru sur sa page Instagram.
Khrzhanovskiy compte plus de 70 000 abonnés sur les réseaux TikTok et Instagram. Il y publie en majorité des vidéos qui le montrent en train de filmer des soldats et des résidents d’implantation en Cisjordanie.
2. מצרף את הסרטון של אנדריי ממצפה שילה ומאנדרטת הארבעה הסמוכה (לזכר 4 מחללי צוק איתן), ותמונות של אנדריי בג'נין, טול כרם וטובאס תוך הפרת החוק וכניסה לשטח A לצורך הזדהות עם תושבי הערים הללו לאחר פעולות צה"ל נגד מחבלים.
בעבר נעצר כמה פעמים ושוחרר pic.twitter.com/QXO4hvNkce— אלחנן גרונר (@elchanangr) December 3, 2024
Dans la vidéo qui a apparemment entraîné son arrestation, il qualifie le mémorial de « poste de garde israélien qui a été mis en place de manière à ce que les Israéliens puissent venir et observer le génocide auquel leur État est en train de se livrer ». Israël nie avec véhémence être en train de commettre un « génocide ».
Ressortissant russe, Khrzhanovskiy avait apparemment émigré en Israël suite à l’invasion de l’Ukraine par Moscou.
Selon le journal Israel Hayom, le ministre du Logement et de la Construction, Yitzchak Goldknopf, a écrit mercredi au chef de la police israélienne, Daniel Levy, pour lui demander que des mesures soient prises à l’encontre de Khrzhanovskiy.
« L’activiste de gauche susmentionné dans cette lettre entre dans des zones interdites, violant par ailleurs systématiquement la loi », aurait écrit le ministre ultra-orthodoxe. « Dans une série de vidéos, il apparaît dans plusieurs villes de l’Autorité palestinienne après des opérations menées par l’armée contre des terroristes, notamment à Jénine, Tulkarem et Tubas. Ses actions viennent, de manière flagrante, violer la loi et l’ordre public au sein de l’État d’Israël ».
« En tant que responsable de la loi et en tant que responsable de l’ordre au sein de l’État d’Israël, je vous demande d’ordonner à la police de mettre un terme à ses actions immorales, à des actions qui déshonorent la mémoire de ceux qui ont été tués et qui mettent de l’huile sur le feu dans le pays », a noté Goldknopf dans son courrier.
Le père de Cohen, Aryeh, a déclaré que les actions de Khrzhanovskiy étaient « malveillantes ».
Le mot ‘profanation’ est trop gros pour ce qui est arrivé. Le mot correct est ‘malveillant’, » a-t-il commenté devant les caméras de la chaîne publique Kan.
« Quand quelqu’un se saisit d’un site destiné à honorer les héros tombés pendant cette guerre pour le transformer en tribune pour affirmer des choses extrêmes, absurdes et inappropriées, il ne fait, en fait, qu’exploiter la vraie démocratie israélienne en abusant de la liberté offerte et en disant des choses aussi dures », a déclaré Aryeh Cohen.
Shilo Cohen, 24 ans, un habitant de Sderot qui était officier au sein de l’unité d’élite Shaldag, avait quitté son domicile, le 7 octobre, avec son arme de poing lorsqu’il avait compris que la situation était dramatique. Il avait rejoint un groupe de soldats de l’unité Sayeret Matkal, qu’il avait rencontrés à un carrefour, et il avait pris part à leurs côtés aux combats qui avaient déchiré le kibboutz Beeri. Il avait été tué là-bas.
Les responsables israéliens de la droite de l’échiquier politique tentent depuis longtemps de faire adopter un projet de loi qui interdirait de brandir un drapeau aux couleurs palestiniennes dans les espaces publics. La police confisque généralement les drapeaux palestiniens lors des manifestations, profitant de la grande marge de manœuvre qui lui est octroyée concernant le maintien de l’ordre public.