Un avocat se dit prêt à prendre les armes si la réforme judiciaire est adoptée
David Hodek a menacé "de tirer à balle réelle" plutôt que de vivre dans la dictature qu'imposerait la refonte de la justice : "Si je dois me battre, je me battrais"
Un avocat et ancien héros de la guerre de Yom Kippour a suscité la controverse lors d’une conférence de droit, mercredi, après avoir affirmé qu’il n’hésiterait pas « à tirer à balle réelle » si le gouvernement devait poursuivre son plan controversé de refonte du système judiciaire.
David Hodek, spécialiste en droit commercial à qui avait été décernée la médaille du Courage, l’une des plus hautes distinctions militaires d’Israël, pour sa conduite dans une unité de blindés au cours de la guerre de Yom Kippour, en 1973, a déclaré lors de la conférence annuelle de l’Association des avocats israéliens, qui était organisée à Eilat, que « si on doit me forcer à vivre dans une dictature et qu’on ne me donne pas d’autre choix, je n’hésiterais pas à tirer à balle réelle ».
Hodek a ensuite semblé établir clairement qu’il n’utilisait pas une métaphore, disant : « Oui, les gens sont prêts à se battre et à prendre les armes si nécessaire. Tout le monde semble horrifié [par de tels propos]. On vous dit : ‘Mais comment pouvez-vous dire une chose pareille ?’. »
« Hé bien, je le dis. Si je suis forcé d’en arriver là, si je me retrouve dans cette situation contre mon gré, c’est ce que je ferais », a-t-il ajouté.
Selon le journal Maariv, certaines personnes dans le public – surpris par ces paroles – ont applaudi Hodek. D’autres réfléchiraient, semble-t-il, à porter plainte.
« Je ne suis pas favorable à ces réformes radicales – je pense que cette perspective est terrifiante – mais je ne vivrai pas en dictature. Ceux qui ne veulent pas la guerre doivent empêcher cette dictature à tout prix », a continué Hodek avait d’affirmer que « si je dois me battre, je me battrais ».
« En tant qu’adulte vivant en Israël, on m’a appris deux choses : Etre avocat et comment me battre – je crois que ce gouvernement ne comprend pas réellement dans quel bourbier il va s’enliser », a-t-il poursuivi.
Hodek a salué l’opposition large, chez les Israéliens, aux réformes programmées. « Le peuple est prêt à se battre en recourant aux armes. S’il faut en arriver là, si je me retrouve dans cette situation contre mon gré, c’est ce que je ferais ».
A la même conférence, le président du Conseil de la presse et ex-vice-président de la Cour suprême Hanan Melcer a évoqué la menace faite par des membres du nouveau gouvernement de fermer la chaîne publique Kan.
Lancée en 2017 après un processus juridique fastidieux visant à remplacer son prédécesseur, l’Autorité israélienne de radiodiffusion, Kan est depuis longtemps la cible du Likud qui considère que la chaîne est hostile à son agenda.
Une tentative du Premier ministre Benjamin Netanyahu de diviser Kan en deux départements distincts – information et divertissement – avait été approuvée en 2018 avant d’être abandonnée quant l’État juif avait remporté l’Eurovision, la même année, dans la mesure où le maintien d’un organisme de radiodiffusion indépendant était nécessaire pour accueillir le concours, l’année suivante.
Melcer a comparé Kan à la BBC, disant au public qu’au Royaume-Uni, il y avait un consensus bipartisan sur l’importance de ce service.
« Un radiodiffuseur public n’est pas là seulement pour répondre au droit à l’information du public ou à la nécessité de respecter la liberté de la presse », a-t-il commenté. « Il permet de rapporter l’information de manière neutre, objective. Il peut être un outil déterminant et tenir un rôle unique » que les chaînes commerciales ne tiennent pas, a-t-il noté.
Melcer a aussi souligné la capacité d’un radiodiffuseur public à fournir des contenus et des informations aux populations les plus vulnérables de la société, aux groupes minoritaires et aux personnes en situation de handicap.
« La loi dit également qu’un radiodiffuseur doit être critique et c’est très précisément ce que les gouvernants n’apprécient pas – tout comme les dirigeants de la Pologne, de la Hongrie et de la Turquie ne l’apprécient pas. En résultat, eux aussi ont porté atteinte à la liberté de la presse et à la radiodiffusion publique », a conclu Melcer.