Un cadre du Hamas dit que le groupe souhaite négocier un échange de prisonniers
Musa Dudin appelle Israël à profiter de cette "fenêtre d'opportunité", mais estime que Netanyahu ne réagit pas assez sérieusement à l'offre du groupe terroriste du Hamas
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le groupe terroriste du Hamas a relayé une proposition pour un échange de prisonniers avec Israël. L’Egypte servirait de médiateur, a indiqué jeudi un journal libanais.
Un copie de la proposition faite par Yahya Sinwar, le chef du Hamas dans la bande de Gaza, a été transmise aux renseignements égyptiens, a annoncé Al-Akhabar, selon la chaîne publique Kan.
L’Egypte est en contact à la fois avec Israël et le Hamas, et a mis en avant une proposition similaire à celle de l’organisation terroriste palestinienne, notait l’article.
Le proposition évoquée se baserait sur le modèle d’un accord de 2009 qui a vu Israël libérer 20 prisonnières en échange d’images vidéo de Gilad Shalit, un soldat détenu à Gaza après avoir été capturé par le Hamas lors d’une attaque trans-frontalière en 2006. Shalit avait été libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de prisonniers lors duquel Israël a libéré 1 000 prisonniers de sécurité, dont Sinwar.
Selon Al-Akhbar, la proposition verrait Israël libérer un nombre non spécifié de femmes, de jeunes et de seniors palestiniens détenus dans des prisons en échange d’informations sur les soldats israéliens Hadar Goldin et Oron Shaul. Leurs dépouilles ont été conservées par le Hamas après qu’ils ont été tués dans la guerre de 2014 à Gaza.
L’article ne mentionnait pas les citoyens israéliens Avera Avraham Mengistu et Hisham al-Sayed. Le Hamas les détiendrait après qu’ils soient entrés de leur plein gré dans la bande de Gaza en 2014-2015.
Mercredi, un haut responsable du Hamas a indiqué que le groupe terroriste souhaitait entrer en négociations dès « demain » afin de libérer les deux Israéliens et restituer les dépouilles des soldats tués pendant la guerre de Gaza en 2014.
S’exprimant sur une chaîne affiliée au Hamas, Musa Dudin, un membre du bureau politique de l’organisation, a déclaré qu’Israël avait une « fenêtre d’opportunité » dont l’État juif pourrait profiter avant d’être contraint à « négocier dans des conditions plus difficiles ». Il faisait apparemment référence à la volonté du Hamas de faire un geste humanitaire pendant la crise du COVID-19.
Dudin a déclaré « qu’Israël connait leurs exigences et qu’elles ne devraient pas être discutées devant les médias ».
Ses remarques interviennent après que les médias palestiniens ont annoncé que le Hamas tenait des discussions en interne pour savoir s’il fallait entrer ou non en négociations avec Israël.
Sans entrer dans les détails, Dudin a appelé les « médiateurs à être justes et sans parti pris en faveur d’Israël ».
Dans un message adressé mardi au Hamas, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël était prêt à une « action constructive » pour faire revenir dans l’État juif les Israéliens et les dépouilles des soldats détenus à Gaza.
En collaboration avec le Conseil national de sécurité et les responsables de la Défense, Yaron Blum, le négociateur en chef d’Israël pour la libération des prisonniers de Gaza, est « engagé pour agir de manière constructive dans le but de ramener les dépouilles des soldats et les civils disparus, et de mettre un terme à ce problème », a indiqué le bureau de Netanyahu dans un communiqué. Ce dernier précisait que le Premier ministre appelait « à un dialogue immédiat entre les médiateurs » pour parvenir à un accord.
Pourtant, Dudin a rejeté le communiqué de Netanyahu comme de la « propagande », en déclarant qu’il n’avait pas pris la moindre action concrète.
Le Hamas a publié un communiqué de réponse à Netanyahu en déclarant : « La balle est maintenant dans le camp [d’Israël] pour prendre des mesures concrètes » en vue d’un accord. Le groupe terroriste a indiqué qu’il « répondrait de manière responsable à toute réponse réelle » de la part d’Israël.
Le communiqué du bureau de Netanyahu semblait réagir à un entretien accordé par le chef du Hamas Yahya Sinwar jeudi dernier. Il évoquait la volonté du Hamas d’obtenir un accord.
Evoquant la crise humanitaire actuelle due au COVID-19, Sinwar a déclaré à al-Aqsa TV : « Je veux profiter de cette opportunité. Nous avons une chance… Il y a une initiative pour faire avancer ce dossier. »
« L’occupation [pourrait accepter] plus de mesures humanitaires qu’une [simple] démarche ‘d’échange’, a-t-il continué. Elle pourrait libérer les détenus malades, les seniors, les femmes prisonnières. Il y en a beaucoup. En échange, nous serions en capacité de fournir une réponse partielle sur ce sujet. »
S’il n’a pas précisé ce que le groupe terroriste donnerait en retour, son insistance sur la « mesure humanitaire » a conduit certains analystes à penser qu’il pourrait faire allusion à son intention de libérer les deux civils captifs, Mengistu et al-Sayed.
Dans le passé, les négociateurs du Hamas ont refusé d’envisager tout accord de retour des dépouilles de soldats et de civils qui n’inclurait pas la libération par Israël de prisonniers de sécurité. De nombreux d’entre eux avaient été libérés dans le cadre de l’échange de prisonniers de 2011 avec le soldat Gilad Shalit, avant d’être de nouveau arrêtés pour d’autres activités.
En novembre, Blum, le négociateur israélien, avait déclaré que le Hamas refusait de prendre une position qui permettrait un réel progrès des négociations en vue d’un possible échange de prisonniers.
Il avait cependant souligné qu’Israël travaillait à travers différents canaux de médiation. Selon lui, s’il y avait des progrès en vue d’un accord de libération des prisonniers, le Hamas « n’est pas encore mûr pour un accord – ses demandes sont dingues. Il ne comprend pas que le public israélien a changé et qu’il n’y aura pas de deuxième accord Shalit ».
Israël avait libéré 1 027 prisonniers palestiniens dans le cadre d’un accord pour la libération de Shalit.
Un nouvel accord de libération des otages israéliens et des dépouilles des soldats serait l’un des points qui bloqueraient pour le moment un accord de cessez-le-feu à long terme entre Israël et le Hamas, après des mois de tensions et d’épisodes de violence.