Un centre de mémoire des juifs yéménites ouvre à Silwan
Le nouveau centre s'est ouvert dans une ancienne synagogue yéménite, dans le quartier à majorité palestinienne de Silwan, à proximité du mont du Temple
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Mercredi, deux ministres du cabinet, deux candidats à la mairie de Jérusalem, le grand rabbin sépharade de la ville et un ancien gouverneur américain de droite ont fêté l’ouverture d’un nouveau centre de commémoration dans une ancienne synagogue yéménite, dans le quartier à majorité palestinienne de Silwan, à proximité du mont du Temple.
Un représentant de la famille Mosjowitz, qui soutient l’implantation juive dans les quartiers palestiniens dans la capitale, était également présent.
Le bâtiment – autrefois la synagogue de Kfar Hashiolah, un village construit pour de pauvres immigrants yéménites au début des années 1880 et évacué pendant les émeutes arabes au début du 20e siècle – a été acheté en 2015 par l’organisation de droite Ateret Cohanim, qui installe des Juifs dans Jérusalem Est.
Cette vente a été possible après une longue bataille judiciaire qui s’est terminée en 2015 par une décision de justice imposant le départ de la famille palestinienne Abu Nab qui y habitait.
Un membre de la famille possède encore un appartement au sein du complexe, mais c’est Ateret Cohanim qui décide de son potentiel accès — une question litigieuse encore débattue devant les tribunaux.
Le ministère de la Culture va fournir 3 millions de shekels et le ministère des Affaires de Jérusalem 1,5 millions de shekels pour aider le projet – qui devrait coûter en tout trois millions de dollars – de l’établissement dans le bâtiment d’un centre du patrimoine pour la préservation de la culture des immigrants yéménites.
Une synagogue de Miami Beach a promis de lever un demi-million de dollars pour soutenir cette initiative, tandis que la famille Rohr, qui vit aux Etats-Unis, a d’ores et déjà aidé à financer un centre d’études religieuses.
Rendant hommage à la députée du Likud Nurit Koren, qui a oeuvré en faveur du financement du projet, et au fondateur et président d’Ateret Cohanim, Matti Dan, dont elle a dit qu’il était « le meilleur de tous », la ministre de la Culture Miri Regev a déclaré : « Regardez autour de vous. Nous sommes entourés par le patrimoine juif. Les archéologues ne trouveront pas ici une seule pièce palestinienne ! Nous sommes revenus chez nous ».
Quatre-vingt ans après que la police du mandat britannique a évacué les Juifs pour les protéger des émeutiers arabes, la communauté juive est revenue à la synagogue, amenant avec elle un « rouleau de Torah, l’enseignement de la Torah, des chants liturgiques et la richesse culturelle de la grande, de la modeste communauté yéménite, amoureuse d’Israël », a-t-elle continué.
Zeev Elkin, ministre de la protection de l’Environnement qui assume également le portefeuille des Affaires de Jérusalem et qui a annoncé qu’il se présentait dans la course à la mairie de la municipalité, a expliqué que « tout comme nous sommes fiers de notre lien avec tout ce qui peut survenir dans la cité de David [une autre partie de Silwan où des Juifs associés à l’organisation de droite El Ad créent notamment des projets touristiques et aident des membres de la communauté à s’installer], nous sommes fiers de notre lien avec l’histoire de l’immigration yéménite en ces lieux. »
Lorsque les personnes présentes lui ont demandé si acheter des immeubles à Jérusalem-Est, dorénavant occupé par les Palestiniens, valait vraiment la peine, il a indiqué que « je leur montre ce qu’a été l’histoire. La véritable histoire de Jérusalem. C’est une vérité que personne ne peut effacer ».
« Nous étions sur cette colline il y a 3 000 ans. Nous avons enterré nos morts près d’ici [sur le mont des Oliviers] pendant des milliers d’années. Cela fait exactement 80 ans que les Juifs yéménites ont été expulsés d’ici », a ajouté Elkin.
« Nous restituons la justice historique en revenant ici, en rénovant la synagogue et en créant un centre du patrimoine que des milliers de Juifs pourront visiter ».
Moshe Lion, membre de la municipalité de Jérusalem qui se présente également à la mairie, a déclaré qu’il espérait qu’il y ait « autant d’endroits comme celui-là que possible » qui puissent être inaugurés à Jérusalem-Est.
Daniel Moskowitz, dont feu le père, Irving, était un philanthrope juif américain qui a donné des millions de dollars aux initiatives d’implantations juives en Cisjordanie et à Jérusalem-Est et qui était un soutien déterminant d’Ateret Cohanim, a expliqué que sa mère désirait s’associer au gouvernement de manière à ce, qu’ensemble, des projets puissent être menés à bien « au-delà même de ce qu’il est possible d’imaginer ».
Daniel Luria, directeur exécutif d’Ateret Cohanim, a déclaré que le projet de synagogue incarne « du pur sionisme. Nous faisons tous partie de ce processus de rédemption qui se déroule actuellement, avec notre retour sur cette terre et dans notre capitale de Jérusalem », a-t-il noté.
« Le gouvernement a reconnu que cet endroit était un site du patrimoine et c’est sa souveraineté. Ces lieux sont beaux et accueillants », a-t-il ajouté.
Il a poursuivi en disant que « nous avons vu la main de dieu à chaque pas parcouru sur ce chemin que nous avons emprunté. Même si nous ne comptons pas encore 150 familles, nous avons fait de grands progrès ».
Ateret Cohanim est propriétaire de six bâtiments dans le secteur de Batan el-Hawa, à Silwan.
« La vie au village Shiloach est florissante avec 21 familles et 80 enfants », s’est réjoui Luria.
Plus tôt dans la journée, l’ancien gouverneur de l’Arkansas et candidat à la présidence américaine Mike Huckabee — un fervent soutien des entreprises d’implantations juives – avait posé quelques briques lors d’une cérémonie organisée dans un nouveau complexe de logements à Efrat, en Cisjordanie.
Le fille de Huckabee, Sarah Huckabee Sanders, est porte-parole à la Maison Blanche.
« Si le président Trump pouvait être avec nous aujourd’hui, il serait un homme très heureux », s’était exclamé Huckabee, installé devant un important panneau rouge sur lequel était écrit « reconstruire la grandeur d’Israël », une allusion au slogan de campagne qu’avait utilisé le président américain.