Un dessin de Degas volé par les nazis adjugé 462 500 €
"Trois danseuses en buste," confisqué en août 1940 au domicile parisien d'un médecin juif, a été acheté au téléphone par un collectionneur italien

Un dessin de l’artiste français Edgar Degas saisi par les nazis en 1940 et restitué récemment à la famille de son propriétaire, a été adjugé dimanche 462.500 euros, lors d’une vente aux enchères près de Paris.
« Trois danseuses en buste » a été acheté au téléphone par un collectionneur italien, a précisé à l’AFP la maison Osenat, organisatrice de la vente.
Ce dessin au fusain sur papier calque réalisé par Degas autour de 1898 représente des ballerines, dont l’une, de trois-quarts, se passe négligemment la main dans le dos.
Il était estimé entre 350.000 et 450.000 euros (hors frais).
« Je suis très contente que ce soit un collectionneur qui ait acheté ce dessin. Il va pouvoir entamer une nouvelle vie », a déclaré à l’AFP Viviane Dreyfus, fille du propriétaire du dessin.
Le dessin avait été confisqué en août 1940 par les nazis au domicile parisien d’un médecin juif, Maurice Dreyfus. En 1947, il signale aux autorités françaises que le dessin de Degas ne figure pas parmi les oeuvres qui lui ont été restituées après la guerre.
L’oeuvre est retrouvée en 1951 dans un placard de l’ancienne ambassade d’Allemagne affectée à des services du ministère des Affaires étrangères. Mais le dessin n’est pas identifié comme l’oeuvre recherchée par M. Dreyfus. Il est alors attribué au Musée du Louvre.
Près de 65 ans plus tard, la restitution de l’oeuvre a été réalisée avec l’aide de généalogistes selon une nouvelle procédure mise en place par le ministère de la Culture pour rechercher les propriétaires ou ayants droits des oeuvres confisquées pendant la guerre, sans attendre qu’ils se manifestent.
« En septembre, nous avons reçu un cadeau du ciel », lorsque nous avons appris qu’on avait retrouvé le dessin de Degas, raconte Viviane Dreyfus, fille de Maurice Dreyfus et de sa seconde épouse.
Maurice Dreyfus étant décédé en 1957, elle est l’une des ayants droit avec ses trois nièces.
« C’est comme si mon père nous l’avait offert d’outre-tombe. Nous étions très émues », raconte-t-elle.
Ne pouvant se le partager, les quatre femmes ont mis en vente le dessin. Mais à l’initiative du commissaire-priseur, elles vont bénéficier d’ « une excellente copie ». « De cette façon, il restera dans la famille », souligne Mme Dreyfus.