Un docu en hommage à Ady Steg, médecin et responsable communautaire juif
Ce film, poignant, retrace l'épopée inspirante de cet homme juif français "qui illumina une époque en proie au désespoir"
Ady Steg, médecin juif et important responsable communautaire, est décédé le 11 avril 2021. Diffusé sur France 2 le 14 janvier et disponible en replay jusqu’en juin, un documentaire, « Ady Steg, un parcours juif, une histoire française », réalisé par Isabelle Wekstein, retrace son parcours et lui rend hommage.
« Ady Steg, un petit garçon juif né dans les persécutions antisémites de l’Europe de l’Est des années 1920, est parvenu à échapper au sombre sort qui lui était destiné pour devenir une figure majeure du judaïsme français mais aussi de la communauté nationale », indique la note d’intention du film.
« Devenu un médecin respecté soignant le corps des présidents comme les maux de sa communauté, Ady Steg fut un militant perpétuel. Pénétrer dans son intimité, c’est revivre la destinée unique des Juifs du XXe siècle, du péril de la Shoah à la renaissance en Israël en passant par son inlassable lutte pour la préservation des droits et de la mémoire des Juifs de France. Ce portrait poignant retrace l’épopée inspirante d’un homme qui illumina une époque en proie au désespoir. »
Il a été professeur agrégé de médecine français, titulaire de la chaire d’urologie de l’hôpital Cochin, membre titulaire de l’Académie nationale de médecine, membre du Conseil économique, social et environnemental, ou encore membre du Collège de la Haute autorité.
Son parcours militant l’a conduit à exercer en tant que président de l’Alliance israélite universelle (1985-2011 et président honoraire à partir de 2011), président du CRIF (1970-1974), vice-président de la mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France (mission Mattéoli), membre d’honneur du Conseil d’administration de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, membre du Comité d’honneur français de la Fondation France-Israël, président de la section de Paris de l’Union des étudiants juifs de France, vice-président de l’Union mondiale des étudiants juifs, et membre du comité directeur du Fonds social juif unifié. Il a aussi œuvré au dialogue judéo-chrétien et s’est impliqué dans l’affaire du couvent d’Auschwitz dans les années 1980-1990.
Né en Tchécoslovaquie le 27 janvier 1925 dans une famille juive orthodoxe, Ady Steg est arrivé à Paris en 1932. Après avoir échappé à la rafle du Vel d’Hiv, il a pu fuir en zone libre avec sa sœur et été protégé par l’Abbé Glasberg dans le Gers, avant d’être envoyé au collège de Sarlat, en Dordogne. De cette époque, l’homme a livré un important témoignage.
Il s’est ensuite engagé dans la résistance au sein des FFI de Sarlat, et au 3e Bataillon d’Armagnac dans le Gers. Son père a survécu à Auschwitz.
Après la guerre, il a étudié la médecine et s’est spécialisé en urologie dans le service du professeur Pierre Aboulker à l’Hôpital Cochin, avant de gravir les échelons et de remplacer son mentor à la chaire d’urologie de Cochin. Dans le cadre de ses fonctions, il a opéré le président François Mitterrand de son cancer de la prostate en 1992 et 1994.
Ady Steg était marié à Gilberte Nissim, gynécologue et ancienne résistante, avec laquelle il a eu deux enfants, Philippe Gabriel, professeur et cardiologue, et Jean-Michel, banquier.
Sa sœur, Bitia (Albertine) Cherki, habite à Jérusalem et est la mère du rabbin Ouri Cherki. Son autre sœur, Rachel Malka Zucker, qui habitait à Haïfa, est décédée en 2009. Son grand frère, Henri (Yerihim Hayim), résistant et militant de la LICA (devenue LICRA), est décédé en 2016.
Ady Steg était grand officier de la Légion d’honneur et grand-croix de l’ordre National du Mérite. Il a aussi été fait Docteur Honoris Causa des universités de Jérusalem et d’Athènes. Il s’était vu remettre la première décoration, plus haute distinction française, le 26 février 2001 des mains du président Jacques Chirac.