Un don de 20 M $ aidera à rafraîchir le musée de l’Holocauste de Washington
Une modernisation coûtant 540 M $ du mémorial vieux de 23 ans permettra de mettre en évidence la précarité des démocraties
WASHINGTON – Un don de 20 millions de dollars (18 millions d’euros) aidera le musée Mémorial l’Holocauste des Etats-Unis à Washington à rénover son exposition vieille de plus de 20 ans, en mettant l’accent sur les défis posés aux démocraties par les changements rapides de la technologie.
Allan et Shelley Holt ont annoncé lundi leur subvention en l’honneur des parents d’Allan Holt, qui ont survécu à la Shoah. Holt, gestionnaire de placements au Carlyle Group, une société influente de conseil à Washington, est également vice-président du conseil d’administration du musée.
Il s’agit de l’un des plus grands dons dans l’histoire du musée. Il sera affecté à une campagne de 540 millions de dollars visant à rafraîchir le musée, peut-on lire dans un communiqué du musée.
Dans une interview, la directrice du musée, Sara Bloomfield, et sa directrice des programmes, Sarah Ogilvie, ont exposé les domaines pour lesquels les fonds vont aider à réactualiser la mission éducative du musée par rapport aux changements 21e siècle, tant grâce à la rénovation physique que par des changements de contenu.
L’accent sera mis sur les nouvelles technologies et comment celles-ci peuvent être exploitées pour la propagande, ce qui est particulièrement pertinent à une époque où les messages politiques se propagent rapidement à travers les médias sociaux et d’autres moyens, ont affirmé les membres de la direction.
« La nouvelle technologie des années 1930 était la radio », a expliqué Ogilvie. « Les nazis ont essayé de faire en sorte que chaque famille allemande ait un récepteur. Nous allons parler de nouvelles technologies et de la façon dont les jeunes étaient des cibles pour les nazis ».
Le message central du musée depuis son ouverture en 1993, établissant que les démocraties sont plus vulnérables que leurs citoyens ne le croient, deviendra plus prononcé, a dit Bloomfield.
« Il est très important pour le public de voir l’échec des institutions démocratiques », a-t-elle ajouté.
« Cette leçon apparaît dans l’exposition, mais nous pouvons la rendre plus explicite », a expliqué Bloomfield, en disant qu’il s’agissait d’un message critique à un moment de rhétorique politique raciste aux États-Unis et à l’étranger. « Ce que nous lisons chaque jour dans le journal rend ce récit encore plus pertinent et bien plus qu’un simple avertissement ».
Les changements et la remise à neuf, qui s’étaleront sur une période cinq à sept ans, aborderont aussi la façon dont les populations ont été façonnées par la technologie. Des guides bénévoles, parmi eux des survivants de la Shoah, ont rapporté ces dernières années qu’ils sont en concurrence avec de multiples distractions, dont les téléphones portables.
« Certains d’entre eux ont exprimé des inquiétudes pour conserver l’attention des jeunes. Ces dernier sont attirés pas des distractions qui peuvent se produire », a déclaré Ogilvie. Le musée peut ouvrir des pistes pour interagir avec l’exposition à travers les appareils qui passionnent désormais les jeunes visiteurs.
« Vous pouvez être en mesure d’interagir avec un survivant de la Shoah sur votre téléphone, au lieu d’écrire des textos », a-t-elle expliqué.
Ogilvie a rapporté que les durées d’attention sont devenues plus courtes, un autre point qui a besoin d’être abordé. « Si vous regardez les émissions de télévision depuis 1989 », quand le musée a conçu certaines de ses présentations vidéo, « le rythme semble incroyablement lent », explique-t-elle.
« Un autre changement fondamental », a poursuivi Ogilvie, sera apporté à la « Tour des Visages », une structure centrale avec des photos des victimes et de survivants de la Shoah. Certaines d’entre elles sont ternies, et le musée envisage de retourner aux négatifs originaux et de les numériser.
Les mises à jour devraient également intégrer des informations disponibles depuis l’ouverture du musée. L’accès aux archives russes, après la chute de l’empire soviétique, a révélé beaucoup plus sur la « Shoah par balles », les meurtres en masse que les nazis ont effectué dans les zones soviétiques.
Bloomfield a déclaré que Holt était impliqué dans la planification stratégique.
Les parents de Holt sont sur le point de célébrer leur 70e anniversaire de mariage – son père a 96 ans et sa mère 93. « Ce don est l’expression de la gratitude de notre famille à ce pays remarquable, et surtout il honore mes parents, tous mes grands-parents qui ont été tués, et deux sœurs de ma mère qui ont survécu avec elle », a déclaré Holt dans un communiqué publié par le musée.