Un écrivain israélien donne vie à sa patrie dans un recueil littéraire
Omer Friedlander, qui vit maintenant à New York, a écrit "L'homme qui a vendu de l'air en Terre sainte" en anglais, langue qui n'est pas tout à fait sa langue maternelle

Une mère endeuillée scrute des soldats aux checkpoints. Un fils de cordonnier escalade des grues et des châteaux d’eau dans l’obscurité de la nuit. Un soldat de Tsahal est enterré à Beyrouth en 1982.
Dans L’homme qui a vendu de l’air en Terre sainte, un nouveau recueil de nouvelles publié ce mois-ci par Omer Friedlander, ses personnages dansent sur les pages dans onze « instantanés de vie » dans l’Israël d’hier et d’aujourd’hui.
Friedlander, un natif de Jérusalem qui a grandi en grande partie à Tel Aviv, fait ses débuts dans la littérature avec un livre en anglais, écrivant ses contes dans une langue qui n’est pas tout à fait sa langue maternelle.
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« Je pense que c’est une façon à la fois d’être familier avec un endroit mais aussi d’avoir le point de vue d’un étranger lorsque j’écris en anglais », a-t-il déclaré au Times of Israel dans une récente interview. « Je pense que cela crée un peu de distance, ce qui me permet peut-être d’écrire à ce sujet d’une manière plus claire ou sous un angle différent. »
Les histoires varient largement en termes de cadre, de ton, de période et de narrateur, mais toutes sont liées d’une certaine façon avec l’État d’Israël. Parmi les protagonistes, on retrouve une jeune fille immigrée iranienne dans une maabara (camp de transit pour migrants) en Israël en 1950, deux frères qui attendent le retour de leur père après avoir combattu aux côtés de Tsahal à Gaza, un vieil homme dans une orangeraie à Haïfa portant sur lui les traces de décennies de culpabilité – et, dans l’histoire principale, un père et sa petite fille apportant des bouteilles « d’air sacré » à de riches touristes.
Friedlander, 27 ans, a décrit le choix d’écrire en anglais comme quelque chose qui « n’était pas vraiment une décision ». Bien qu’il ait grandi à Tel Aviv, ce fils d’universitaires a passé deux ans à Princeton, dans le New Jersey, et a obtenu une licence en littérature anglaise à l’Université de Cambridge en Angleterre avant d’obtenir une maîtrise en beaux-arts de l’Université de Boston.
« Je m’écris des notes – souvent en hébreu – et quand j’écris, c’est en anglais… Je suppose que je pense dans les deux [langues] », a-t-il expliqué.
Friedlander – qui a un public anglophone – a signé un contrat de deux livres avec le géant de l’édition Random House et travaille actuellement sur sa deuxième publication, un roman intitulé The Glass Golem dans lequel il a longuement travaillé pour atteindre une alchimie entre un environnement hébraïque et un état d’esprit anglo-saxon.

« Je pense que c’est une sorte d’équilibre… c’était quelque chose à laquelle je pensais, même quand je travaillais avec mon éditeur, nous y pensions ensemble », a-t-il déclaré. « J’avais besoin de mettre en contexte certaines choses, mais je ne voulais pas non plus renoncer à une certaine authenticité », a-t-il ajouté. « Je voulais que ce soit clair pour le public même s’il ne connaissait pas l’endroit, sans pour autant que ce soit une sorte de guide touristique. »
Bien que presque toutes les histoires se déroulent en Israël, Friedlander a déclaré qu’il avait écrit la plupart de ses écrits à l’étranger, mais avec le souvenir du pays fermement imprimé dans son subconscient.
« Les histoires ne sont en aucun cas autobiographiques », a-t-il déclaré. « Ce ne sont donc pas exactement des souvenirs que j’utilise, mais… j’y ai passé la majeure partie de ma vie et j’y ai grandi. Je pense que ce sont certains détails, ou certains comportements ou façons de s’exprimer, même si ce ne sont pas des souvenirs particuliers. »
Mais alors que beaucoup sont tirées uniquement de son imagination, Friedlander a déclaré qu’une poignée d’histoires dans L’homme qui a vendu de l’air en Terre sainte sont inspirées d’expériences personnelles.
L’histoire « Alte Sachen » (« Vieilles choses ») de deux frères qui travaillent comme ferrailleurs dans la ville sainte de Safed a été vaguement inspirée par le temps passé par Friedlander dans la ville alors qu’il terminait son service militaire.
« J’y ai passé un an et ce fut une année très importante pour moi », a-t-il déclaré. « J’ai rencontré beaucoup de gens qui étaient très différents de ce à quoi j’étais habitué à Tel Aviv… la ville elle-même et son histoire. Même si je n’ai pas rencontré les deux frères qui étaient ‘alte sachen’ [marchands de ferraille], je pense que cette année a certainement beaucoup influencé l’histoire. »

Dans « The Sephardi Survivor » (« Le Survivant sépharade »), deux frères jaloux de leurs camarades de classe ashkénazes tentent de trouver un survivant de la Shoah pour l’amener à l’école le jour du Souvenir. Cette histoire, a déclaré Friedlander, est inspirée d’une conversation qu’il a eue avec des amis israéliens à Brooklyn.
« Nous parlions et l’un d’entre eux, qui est Irakien, a dit, en plaisantant, mais sur un fond de vérité, qu’il se sentait un peu jaloux de ses camarades de classe qui avaient des parents » qui étaient des survivants, a déclaré l’auteur. Et après y avoir réfléchi, Friedlander a dit qu’il comprenait ce sentiment, car il est intrinsèque à l’identité israélienne et juive. « J’ai pensé que c’était très intéressant, et que c’était une façon d’explorer la mémoire de la Shoah. »
« The Miniaturist » (« Le Miniaturiste ») porte sur deux jeunes filles iraniennes vivant dans un camp de transit pour migrants en Israël dans les années 1950, chacune descendante de familles rivales qui travaillaient dans l’enluminure de manuscrits.
Cette histoire, a déclaré Friedlander, a été inspirée en partie par une rencontre fortuite avec deux frères iraniens en Israël vendant des tapis, des vases et d’autres objets, et en partie par l’histoire de sa grand-mère maternelle, qui est venue d’Égypte et a séjourné dans un tel camp de transit pendant environ 18 mois.
« Elle n’en parle pas vraiment, donc c’est quelque chose que je savais, mais dont je n’ai jamais parlé avec elle », a-t-il déclaré. Pendant qu’il écrivait l’histoire, il explique « l’avoir appelée et lui en avoir parlé un peu, mais elle hésitait toujours à en parler, comme s’il s’agissait d’un souvenir traumatisant ».
Alors que les histoires abordent les thèmes de la guerre, des conflits et des fautes historiques, Friedlander est conscient que certains pourront placer son travail sous un microscope à la recherche d’une position ou d’une identité politique.

« Quand j’écrivais les histoires, je ne pensais pas que quelqu’un les lirait », a-t-il déclaré. Il les a écrits pour la plupart bien avant de signer avec un agent et de décrocher un contrat. « Cela m’a donné une certaine liberté d’écrire sur des sujets sensibles qui ont beaucoup de poids. »
Pour l’élaboration de chaque histoire, il a déclaré « ne pas vouloir que ce soit un manifeste politique ou un débat ». « Je voulais en quelque sorte démarrer d’un personnage, et non d’un sujet politique », dit-il.
Mais en fin de compte, il a simplement écrit une fiction, pure et simple.
« Je ne me vois pas comme un politicien ou un historien ou quelqu’un qui essaie de défendre une quelconque position », a-t-il déclaré. « Grâce à l’écriture, on est avant tout un conteur. »
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