Un élu kurde appelle Israël à intervenir diplomatiquement contre la Turquie
Interrogé par une radio israélienne, un député appelle à "sauver le peuple kurde" ; les autorités réclament un corridor humanitaire et accusent Ankara d'user d'armes chimiques

Un responsable politique kurde s’est entretenu avec une radio israélienne depuis une ville syrienne, appelant l’État juif à venir en aide à son peuple et affirmant que toute la région en pâtirait si l’opération turque dans la région kurde se poursuivait.
« Nous espérons qu’Israël agira dans l’arène diplomatique pour sauver le peuple kurde », a ainsi déclaré cet élu, identifié uniquement par la première lettre de son prénom en hébreu, à la radio de l’armée jeudi. « Si les problèmes ne sont pas résolus, tout le Moyen-Orient en subira des conséquences. »
« L’offensive turque a permis aux terroristes [de l’État islamique] de s’enfuir de prisons », a-t-il ajouté. « S’ils atteignent d’autres pays de la région, ils représenteront des bombes à retardement. »
Les autorités kurdes ont appelé jeudi dans un communiqué à l’établissement d’un corridor humanitaire pour évacuer les civils d’une ville frontalière encerclée par les troupes d’Ankara, au 9e jour de l’offensive turque.
Cet appel à la création d’un corridor depuis Ras al-Ayn survient après des frappes sur une infrastructure médicale syrienne par des alliés de la Turquie, piégeant les patients et le personnel à l’intérieur, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) basé au Royaume-Uni.
Les autorités kurdes ont également accusé la Turquie de faire usage d’armes interdites telles que du napalm et du phosphore blanc, ce que le pays a démenti.
Le recours à de telles armes depuis le début de l’assaut turc n’a pas pu être confirmé indépendamment.

« L’invasion turque emploie toutes les armes disponibles contre Ras al-Ayn », a affirmé le communiqué kurde.
« Confronté à l’échec évident de son projet, Erdogan emploie des armes interdites internationalement telles que le phosphore et le napalm », ajoute celui-ci.
Le ministre de la Défense turc Hulusi Akar a démenti jeudi les allégations.
« C’est un fait connu de tous que les Forces armées turques ne disposent pas d’armes chimiques dans leur arsenal », a-t-il assuré à des journalistes.
Il a accusé les Kurdes de Syrie de « faire usage d’armes chimiques afin de nous accuser nous ».

Le chef de l’OSDH, Rami Abdel Rahman, a fait état d’une hausse inquiétante de victimes de brûlures ces deux derniers jours, la plupart venues de la région de Ras al-Ayn.
Les responsables kurdes ont publié sur les réseaux sociaux une vidéo montrant des enfants souffrant de brûlures qu’un médecin de la province de Hasakeh présente comme conforme à l’usage d’armes interdites.
Rendus tristement célèbres par les forces américaines pendant la guerre du Vietnam, le napalm et les substances chimiques liées sont un mélange d’un agent gélifiant et d’une substance pétrochimique volatile utilisée dans les bombes incendiaires.
Le phosphore blanc est utilisé pour créer un écran de fumée ou pour délimiter un champ de bataille, mais il peut également servir d’arme incendiaire mortel, ce qui est interdit par le droit international.
Un porte-parole des Forces démocratiques syriennes, l’armée de la région kurde autonome, a demandé aux organisations internationales d’envoyer des experts.
« Nous appelons vivement les organisations internationales à envoyer leurs équipes pour examiner certaines blessures occasionnées pendant l’attaque », a déclaré Mustefa Bali sur les réseaux sociaux.
« Les structures médicales dans le nord-est de la Syrie manquent d’experts », a-t-il ajouté.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan fait fi de la pression internationale et n’a pas l’intention de mettre fin à son offensive, qui a fait des dizaines de morts civils et contraint plus de 300 000 personnes à fuir leurs maisons.