Un entrepreneur israélien propose un OTAN de la cyber-sécurité
L’ancien député Erel Margalit a affirmé qu'Israël et ses voisins arabes coopéraient déjà afin de protéger la cybersphère civile, mais devaient en faire davantage

Israël et ses alliés, les Etats-Unis, en Europe et dans la région méditerranéenne, doivent mettre en place des équipes régionales d’intervention d’urgence dans le domaine de l’informatique afin de travailler ensemble – une « sorte d’alliance de cyberprotection similaire à l’OTAN » – afin de contrer les tentatives de piratage dans la sphère civile qui deviennent de plus en plus agressives, a déclaré mercredi Erel Margalit, ancien membre de la Knesset et entrepreneur dans le secteur des hautes technologies.
S’exprimant lors de la conférence Cybertech 2018 à Tel Aviv, Margalit, membre du groupe de travail du Parlement sur la cyber-sécurité civile, a averti que les citoyens et les infrastructures civiles étaient toujours très exposés aux cyber-menaces car la collaboration entre le gouvernement et les entreprises privées était insuffisante et aussi car la coopération entre « les pays démocratiques n’était pas assez étroite ».
Davantage de coopération est nécessaire, a-t-il affirmé. « Ensemble, nous sommes debout, et divisés, nous sommes menacés. »
L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est une alliance militaire intergouvernementale entre des pays nord-américains et européens dans laquelle les Etats membres s’engagent à se défendre s’ils sont attaqués par un parti extérieur.

Alors que de plus en plus d’appareils sont connectés à Internet et que le cloud est de plus en plus utilisé, la surface des cyber-attaques devient de plus en plus large, ont prévenu les experts de la cyber-sécurité.
Selon le Forum économique mondial, la violation de la cyber-sécurité à grande échelle représente l’un des cinq risques les plus graves pour le monde et l’ampleur de la menace augmente : d’ici 2021, le coût global des atteintes à la cyber-sécurité atteindra 6 trillions de dollars, soit le double de 2015, selon un rapport des consultants internationaux de chez EY.
Les cyber-menaces représentaient la quatrième plus grande inquiétude pour les PDG du monde entier, a avancé un rapport de consultants de chez PwC.
En octobre, le gouvernement américain a averti que les cyberattaques actuelles ciblaient des infrastructures nationales. Le rapport indique que, depuis au moins mai 2017, les hackers ciblent les entités gouvernementales et les secteurs de l’énergie, de l’eau, de l’aviation et du nucléaire et, dans certains cas, ont compromis leurs réseaux.
« Un niveau de coopération plus élevé est nécessaire », a déclaré Margalit, qui a également fondé l’incubateur de cyber-sécurité d’Israël à Beer Sheva et qui est l’un des pionniers de la cyber-sécurité dans le pays. « La cyber-guerre peut devenir l’une des campagnes les plus meurtrières de l’histoire », a-t-il ajouté.
Les nations doivent échanger de manière « plus organisée ». Il ne suffit pas que chaque pays protège son propre cyber-espace et ses propres infrastructures contre les attaques, car ces installations peuvent également être ciblées et infiltrées via celles de ses voisins ou de ses alliés qui ne sont pas protégés, a-t-il dit.
Les groupes WhatsApp de cybersécurité
Lors d’une interview avec le Times of Israël en marge de la conférence, Margalit a expliqué que la plupart des pays mettaient en place des équipes nationales d’intervention d’urgence informatique (CERT) afin de faire face aux menaces de cybersécurité contre les civils, les entreprises et les infrastructures critiques.
Parallèlement à ces CERT nationaux, des CERT régionaux devraient également être mis en place – couvrant chaque région géographique et les secteurs industriels qui y sont implantés tels que les industries pharmaceutiques, de détail, aériennes et automobiles et les infrastructures critiques – afin que tout le monde soit informé de ce qui se passe chez les voisins. Ces « méta CERT » régionaux comprendraient un CERT méditerranéen, un CERT européen et un CERT américain. Ils devraient tous travailler aussi étroitement que possible les uns avec les autres, a-t-il insisté.
« C’est comme créer un groupe WhatsApp de cyber-sécurité entre les pays sur chacun des secteurs », a-t-il dit, afin que chacun sache qui et quoi défie ses alliés.
Dans le CERT méditerranéen, il voit Israël travailler avec le Maroc, la Tunisie, peut-être l’Algérie, l’Egypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis et les Palestiniens – avec lesquels il y a déjà beaucoup de coopération sur la cyber-sphère. Il voit également le Qatar et la Turquie dans le groupe. « Je ne vois pas les Libyens en faire partie », a-t-il dit, ni les Iraniens.
Onze groupes de la Garde révolutionnaire iranienne attaquent quotidiennement les chercheurs en nucléaire israéliens et les infrastructures civiles, a déclaré Margalit lors de la conférence.
« Tandis que le monde essaie de retarder et d’empêcher l’Iran de devenir une puissance nucléaire, Téhéran est déjà devenu un cyber-pouvoir, avec des attaques contre Israël, les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et d’autres. »
Selon lui, la coopération entre Israël et certains pays de la région est déjà en place. « Vous ne comprenez pas le degré de coopération », a-t-il dit, ajoutant qu’il s’agit d’une « coopération de sécurité douce au niveau civil entre les pays de la région », mais refusant d’élaborer davantage. Il reste cependant beaucoup à faire, car il est dans l’intérêt stratégique d’Israël de veiller à ce que ses voisins et ses partenaires ne soient pas attaqués. Dans la cyber-guerre, « les frontières ne sont pas importantes », a-t-il déclaré.
« Au Moyen-Orient, ce ne sont pas les Arabes contre les Juifs. Ce sont des extrémistes contre ces pays qui veulent protéger leurs civils. C’est l’alliance des modérés au Moyen-Orient, « dont Israël fait partie », a-t-il dit. Et pour assurer la sécurité de ces pays, « il est dans le meilleur intérêt d’Israël et dans le meilleur intérêt de certains des principaux pays de la Ligue arabe de coopérer au niveau régional ».
« Si vous regardez à long-terme, ce ne sont pas des raids aériens des Etats-Unis ou de la Russie ou de qui que ce soit qui va protéger cette région. C’est un travail de coopération transfrontalière sur le terrain qui permettra à cette région d’aller de l’avant d’une manière plus protégée. »