Un ex-responsable musulman du nord de la France menacé d’expulsion
La préfecture du Nord a pointé à l'audience contre cet ancien président de l'association Assalem, gérante de la mosquée de Hautmont
La commission d’expulsion du tribunal de Lille a tranché mercredi en rendant un avis favorable à l’expulsion de l’ex-responsable algérien d’une mosquée fermée en 2018 pour apologie d’actes de terrorisme.
La préfecture du Nord a pointé à l’audience contre cet ancien président de l’association Assalem, gérante du lieu de culte de Hautmont (Nord), un comportement représentant « une menace fondamentale pour les intérêts de l’Etat »
En cause notamment, selon la préfecture, les relations de ce quadragénaire avec des personnes radicalisées, des prêches prononcés en 2017 et 2018 en sa présence par l’imam de la mosquée, dont l’un prônant de « détester les juifs », et la poursuite d’un « prosélytisme actif ».
Au cours d’un « échange institutionnel » en 2017, l’intéressé – arrivé à cinq ans en France où il a six enfants français – a revendiqué « une vision de l’islam incompatible avec les valeurs de la République », a déclaré la représentante de la préfecture.
« Rapportez-moi des preuves », a lancé l’intéressé, démentant toute relation avec les personnes radicalisées citées, dont un jeune jihadiste présumé mort en Irak.
Lui se pose en « homme de paix », qui n’avait qu’une « fonction administrative » à la mosquée, a « toujours combattu le terrorisme », et n’était pas dans la salle lors des prêches incriminés.
Les accusations le visant ? « Ce ne sont que des ‘notes blanches’ (des renseignements), il faudrait des preuves », a insisté celui qui est désormais conseiller funéraire, dénonçant un « acharnement » à son encontre.
La représentante de la préfecture a rappelé deux condamnations : en octobre 2021 à trois mois de prison avec sursis pour menaces de mort réitérées contre son beau-père, ex-fonctionnaire de police, et en janvier 2022 à 18 mois dont huit ferme (peine aménagée) pour violence avec usage d’arme.
Elle a tracé le portrait d’un homme « très peu investi dans sa famille », vivant en concubinage car refusant le mariage civil, et ayant récemment nourri un projet de polygamie.
« On lui reproche des faits qui ne sont établis par aucun élément probant, sauf des ‘notes blanches’ avec des éléments erronés », objecte son avocate Me Clara Trugnan. Pour justifier son expulsion, il faudrait qu’il constitue « une menace grave et actuelle à l’ordre public, il ne l’est pas », plaide-t-elle.
En cas d’ordonnance d’expulsion, « nous exercerons toutes les voies de droit », affirme à l’AFP son confrère, Me Louis Heloun.
Dans le cadre de l’affaire de l’imam nordiste Hassan Iquioussen, sous le coup d’un arrêté d’expulsion signé par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin avait souligné le 30 août avoir demandé aux préfets « de lui proposer des possibilités d’expulsion de personnes qui tiennent des discours de haine contre la République ».