Un fonds de capital-risque de 35 M de $ créé après la rencontre avec un réserviste à la frontière de Gaza
L'investisseur israélien David Citron a rencontré le capital-risqueur Alan Buch, basé à New York, alors qu'il servait dans la guerre entre Israël et le Hamas. De cette rencontre est né lundi un fonds pour les startups nées au combat

David Citron a été mobilisé dans la matinée du 7 octobre 2023, suite au pogrom commis par les terroristes du Hamas dans les communautés du sud d’Israël.
Depuis, comme des centaines de milliers d’autres réservistes, Citron a effectué un service prolongé dans le cadre de la guerre d’Israël contre le Hamas à Gaza, avec pour objectifs officiels le renversement du régime terroriste et la libération des 251 otages séquestrés dans la bande de Gaza. Citron a effectué au total 200 jours à Gaza en tant que secouriste de combat au sein de la 401e brigade blindée de Tsahal.
Au plus fort de sa première mission de réserve, en décembre 2023, Citron est brièvement sorti au point de passage de Zikim pour escorter un convoi militaire en route vers la bande de Gaza. Alors qu’il était stationné au poste frontalier depuis une quarantaine de minutes, son unité lui a demandé de venir parler à un « Américain » venu de New York pour apporter des fournitures aux soldats.
L’unité souhaitait collecter des fonds pour se procurer de meilleurs équipements – une pratique courante dans les tout premiers jours, chaotiques, de la guerre, à un moment où la chaîne d’approvisionnement de Tsahal n’était pas au maximum de ses capacités.
« L’Américain » en question n’était autre qu’Alan Buch, né au Brésil et ami de Citron depuis une dizaine d’années. Cette brève sortie de Gaza a été, pour Citron, capital-risqueur confirmé, l’occasion d’une rencontre
« totalement inattendue » qui a finalement abouti à la création d’un fonds de 35 millions de dollars destinés à des investissements dans de très jeunes startups créées dans des circonstances extraordinaires, alors que leurs fondateurs accomplissaient leur service de réserve à Gaza.
« Depuis le début de la guerre, je fais des allers-retours constants entre mes rôles de soldat, d’investisseur en capital-risque, de père et de mari », confie Citron au Times of Israel, du haut de ses 34 ans.
« Quand on combat à Gaza, on oublie complètement à quoi ressemble la vie normale – tout tourne autour de la mission », explique Citron, qui est né en Israël et vit à Raanana, dans le centre du pays, avec sa femme et leurs trois enfants. « Cette rencontre surprise avec Alan, à un moment où j’étais loin de ma ‘vie normale’, est un peu folle et en tout cas inoubliable. »
C’est en 2016, à New York, que Citron a rencontré Buch, un peu par hasard là aussi. Après avoir étudié à Sao Paolo et en Autriche avant de faire carrière dans la gestion de patrimoine et les investissements alternatifs, Buch vivait à Brooklyn depuis quelques années.

« Après le 7 octobre, je ne pouvais pas rester assis à Brooklyn à ne rien faire », explique Buch, qui a également vécu en Israël pendant deux ans au début de son adolescence. « J’ai pris l’avion pour Israël et je me suis rendu un peu partout dans le pays pour savoir comment je pourrais aider. »
« J’ai collecté des dons, livré du matériel aux soldats, et un jour, au point de passage de Zikim, j’ai soudainement revu David », dit-il.
Lors de ces retrouvailles fortuites, Buch dit à son ami qu’il souhaite davantage s’impliquer en Israël. Après quoi Citron est rentré à Gaza.
« Nous nous sommes revus lorsqu’Alan faisait l’aller-retour depuis New-York et que j’étais moi-même entre deux tournées de réserve », explique Citron. « Nous avons commencé à évoquer de quelle manière nous pourrions unir nos forces car Alan voulait en faire plus en Israël, non seulement d’un point de vue philanthropique, mais aussi d’un point de vue commercial. »
« Nous voulions combiner les deux modes, en investissant dans des entreprises technologiques et en investissant en Israël », ajoute Citron.
Citron a construit sa carrière d’investisseur au sein du fonds de capital-risque israélien OurCrowd et de Flint Capital, société de capital-risque basée à Boston qui investit dans les technologies israéliennes depuis plus d’une décennie. Il a également lancé Sheva, un fonds de capital-risque cofondé avec l’ancien joueur israélien de la NBA, Omri Casspi – fonds qu’il dirige toujours. Parmi ses investissements notables, citons Eon, Upwind, PointFive, Flow Security (acquis par Crowdstrike), CyberX (acquis par Microsoft) et Cyolo.
« Comme nous sommes tous les deux investisseurs, nous avons décidé de mettre notre énergie dans un nouveau fonds axé sur le soutien à l’innovation israélienne », explique Buch.
C’est en juillet que les deux hommes mûrissent l’idée de lever un fonds technologique : Citron est conscient que le plus difficile, dans tout ça, réside dans ses longues périodes de service de réserve à Gaza.

« Faire de fréquents allers-retours entre le service de réserve et la vie normale est incroyablement perturbant, et c’est à chaque fois plus difficile de récupérer », confie Citron. « C’est épuisant, à la fois mentalement et physiquement. »
Une fois libérés de leur service de réserve à la mi-décembre dernier, Citron et son partenaire commencent à collecter des fonds et, en trois mois, ils parviennent à réunir 35 millions de dollars.
Officiellement lancé lundi, TBD VC, abréviation de « To Be Determined Venture Capital », symbolise à merveille ce qu’est l’investissement précoce au sein de startups et d’entreprises israéliennes en cours de formation et en besoin d’investisseurs pour les aider et les conseiller, explique Citron. Le fonds entend également participer à des levées de fonds d’amorçage de startups fondées par des entrepreneurs israéliens.
L’objectif de TBD est d’injecter environ 1 million de dollars dans chacune des 20 jeunes startups sélectionnées, axées sur la cybersécurité, les logiciels d’entreprise et les infrastructures. Le fonds est soutenu par des investisseurs institutionnels israéliens et américains, des bureaux de gestion de patrimoine et des cyber-entrepreneurs israéliens.
« Nous cherchons des startups dont l’état d’esprit des entrepreneurs est décousu mais efficace, capables de communiquer même dans les situations les plus intenses », explique Citron. « A l’image de mon propre état d’esprit et à la façon dont il a évolué depuis le début de la guerre, à l’image de ce que c’est que d’être dans une zone de guerre avec des camarades sur le champ de bataille. »
Selon Citron, l’un des objectifs du fonds est de « rendre le monde de la technologie plus accessible aux anciens combattants ».
« En tant que secouriste de guerre, j’ai parlé avec des milliers de soldats, les meilleurs guerriers que j’ai jamais rencontrés, et malheureusement, la plupart n’étaient pas intéressés par les nouvelles technologies », poursuit Citron.
« Lorsque je leur demandais ce qu’ils feraient après, ils avaient du mal à l’imaginer. »

« Nous travaillons désormais à trouver des moyens créatifs pour aider », poursuit Citron.
L’investisseur en capital-risque précise que l’une des initiatives consiste à faire don d’une partie des bénéfices du fonds à Gav Lalohem, ONG qui vient en aide aux soldats pour leur permettre d’acquérir des compétences pour des carrières dans les technologies et d’autres secteurs.
« Si vous êtes un [soldat de réserve] désireux de trouver son équilibre, s’il vous plaît, contactez-moi », a écrit Citron sur son profil LinkedIn. « Le moins que je puisse faire, c’est de vous offrir un café et de vous offrir un accès à mon réseau. »
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