Un géant high-tech boycotte El Al pour « discrimination à l’égard des femmes »
Un vol New York/Israël de la compagnie El Al a eu un retard de 75 minutes car des ultra-orthodoxes refusaient de s'asseoir à côté de femmes
Le patron d’une grande société de high-tech israélienne a annoncé lundi que sa société boycotterait El Al après qu’un vol entre New York et Israël cette semaine a été retardé de plus d’une heure en raison du refus d’un certain nombre d’hommes ultra-orthodoxes de s’asseoir à côté des femmes.
Le PDG de NICE System, Barak Eilam, a publié sur Facebook que « chez NICE, nous ne faisons pas affaire avec des entreprises qui font de la discrimination raciale, sexuelle ou religieuse ».
Le fournisseur de logiciels d’entreprise basé à Raanana est l’une des plus grandes sociétés de haute technologie d’Israël avec un chiffre d’affaires annuel de plus d’un milliard de dollars.
« NICE ne volera pas avec El Al tant qu’ils n’auront pas changé leurs pratiques et leurs actions discriminatoires à l’égard des femmes », a ajouté Eilam.
En réponse au message d’Eilam, le PDG d’El Al, Gonen Usishkin, a écrit sur sa propre page Facebook que la compagnie nationale israélienne est « une entreprise égalitaire sans distinction de religion, de race ou de sexe ».
« A l’avenir, un passager qui refuse de s’asseoir à côté d’un autre passager sera immédiatement débarqué du vol », a ajouté M. Usishkin.
Khen Rotem, qui était à bord du vol, a déclaré que les passagers prenaient leur place dans l’avion à l’aéroport international John F. Kennedy lorsque quatre hommes ultra-orthodoxes sont montés à bord et ont refusé de prendre leur place, car ils étaient à côté de femmes.
L’un d’entre eux, précise-t-il, qui était « particulièrement religieux et ascétique », est monté à bord de l’avion les yeux fermés et les a gardés fermés pendant toute la durée du vol, pour éviter de regarder toute femme à bord.
« L’équipage essaie de résoudre le problème. Ça ne marche pas. Les hôtesses de l’air dégagent des places pour les hommes intransigeants à bord… les ultra-orthodoxes refusent de parler avec les hôtesses de l’air, ou même de les regarder », a écrit Rotem dans un post sur Facebook vendredi.
« Tous les hommes de l’équipage, à l’exception du capitaine, ne s’occupent plus que de cela au lieu de se préparer au décollage et de prendre en charge les passagers. Les ultra-orthodoxes ne cèdent pas. L’un des membres de l’équipage menace : « Si vous ne voulez pas vous asseoir, vous allez sortir de l’avion immédiatement », a ajouté Rotem.
Malgré la menace, l’équipage a fini par céder après une longue négociation, « commençant le long processus diplomatique consistant à déplacer les passagers féminins de leur place ».
Finalement, « après beaucoup de contorsions, de cris et de négociations », une Américaine âgée et une jeune Israélienne ont accepté de changer de siège, ce qui a permis à l’avion de décoller.
Rotem a noté que d’autres hommes portant la kippa à bord ont exprimé « surprise et dégoût » devant la conduite des quatre hommes ultra-orthodoxes.
« Conclusion : Pendant que l’avion d’El-Al traitait de questions de théologie pratique et de croyance personnelle contre les droits individuels et l’ordre public, 12 avions d’autres compagnies sont passés devant l’avion [d’El-Al] », a-t-il écrit, précisant que le retard était d’une durée de 75 minutes.
Rotem a demandé à El Al de préciser si la compagnie aérienne avait une politique officielle sur la question.
« Tout voyageur peut-il demander – et obtenir – le déplacement d’autres passagers pour son bien-être personnel et en accord avec ses croyances ? Ou s’agit-il d’un privilège réservé à une catégorie de voyageurs ? », a-t-il écrit.
El Al s’est ensuite excusé pour le « désagrément » causé.
« Toute discrimination à l’encontre des passagers est absolument interdite. Les agents de bord d’El Al font tout ce qu’ils peuvent pour fournir un service à une grande variété de passagers avec des demandes différentes et diverses et essaient d’aider de leur mieux », a déclaré la chaîne d’information Hadashot TV en citant la compagnie.
« Tout cela afin de décoller à l’heure et de permettre aux passagers d’arriver à destination dans les temps », a-t-il ajouté.
El Al est réputé pour demander fréquemment aux passagers de se déplacer à la demande – et parfois sur l’exigence – d’hommes ultra-orthodoxes qui refusent de s’asseoir à côté des femmes.
L’année dernière, le tribunal de première instance de Jérusalem a décidé qu’El Al ne peut pas forcer les femmes à changer de siège à la demande d’hommes ultra-orthodoxes. Le tribunal a donné raison au Centre d’action religieuse d’Israël, qui a intenté une action en justice, en statuant que la pratique était illégale et discriminatoire.
JTA a contribué à cet article.