Un grand distributeur latino-américain supprime 89 % de ses produits antisémites
Mercado Libre ne commercialisera plus de produits violents ou discriminants, à l’image de « Mein Kampf » ou « Les Protocoles des Sages de Sion »
JTA – Le plus grand revendeur en ligne d’Amérique latine a purgé ses catalogues des produits à contenu antisémite cette année, en réponse à une amicale pression du Congrès juif mondial.
Fondé en 1999, en Argentine, par un homme d’affaires juif, Mercado Libre (« Marché libre » en espagnol) compte 76 millions de clients, ce qui en fait la principale plateforme de vente au détail en ligne d’Amérique latine, où il opère dans 18 pays, devant Amazon.
L’an dernier, la société a annoncé son intention de retirer de son offre des ouvrages tels que « Mein Kampf » ou « Les Protocoles des Sages de Sion », ainsi que les pièces de monnaie, affiches et autres objets à l’effigie nazie.
Cette semaine, elle a annoncé qu’au premier semestre 2021, le nombre d’articles offerts à la vente en contrevenant à ses règles en matière de prévention des violences et des discriminations avait baissé de 89 % par rapport à 2020.
« Nous sommes très fiers du travail accompli par tous », déclare Federico Deya, directeur juridique principal de Mercado Libre, à la Jewish Telegraphic Agency, soulignant le travail de la société accompli avec le Congrès juif latino-américain, qui, selon Mercado Libre, a également permis d’améliorer de 23 % l’identification des discours haineux dans ses publications en vente en ligne.
« Nous sommes très préoccupés par la propagation des discours haineux et violents, et l’attentisme de certaines entreprises. L’action conjointe que nous avons menée montre que nous pouvons travailler avec des entreprises actives sur Internet désireuses de faire changer les choses », explique Ariel Seidler, directeur de programme du Congrès juif latino-américain et chef de l’Observatoire du Web, initiative du Congrès dont l’objectif est de libérer les sites Internet en espagnol de toute forme d’antisémitisme.
« Ces sites jouent un rôle clé dans nos sociétés et doivent assumer leur responsabilité pour construire des sociétés plurielles, respectueuses de la coexistence et garantes de la diversité. »
La présence en ligne de matériaux antisémites, par le biais de sites et plateformes marchands, est un sujet de préoccupation depuis la création même des achats en ligne.
Les détaillants appliquent diverses stratégies pour restreindre l’accès des clients à ces documents, par exemple en accompagnant les œuvres historiques d’avertissements détaillés quand ce n’est pas en les supprimant totalement de leur catalogue.
Pour autant, certains articles demeurent disponibles, au grand dam de certaines organisations.
Le Congrès juif mondial conteste, par exemple, que « Mein Kampf », le texte d’Adolf Hitler contenant son idéologie antisémite, soit encore disponible en ligne. Son président, Ronald Lauder, a d’ailleurs déclaré que ce livre « méritait de croupir dans les geôles de l’Histoire ».
En 2022, l’Anti-Defamation League (ADL) avait demandé à Amazon de retirer de son catalogue – en fait, un vendeur tiers – un film documentaire réputé contenir des idées antisémites, suite aux propos polémiques de la star des Brooklyn Nets, Kyrie Irving, qui en faisait l’apologie. Amazon a refusé, arguant par la voix de son PDG qu’il se devait d’offrir divers points de vue à une clientèle idéologiquement diversifiée, « même lorsqu’ils sont répréhensibles ».