Un grand hôpital israélien admet avoir administré des chimiothérapies périmées
L'hôpital Rambam s'est excusé après qu'un quotidien a révélé qu'en 2016-17, des dates de péremption avaient été falsifiées. Les médicaments étaient aussi prescrits à des enfants
Pendant plus d’un an, des patients atteints de cancer dans le plus grand hôpital du nord d’Israël ont systématiquement reçu des traitements de chimiothérapie périmés et non conformes, a admis celui-ci en présentant ses excuses.
L’effrayant communiqué de l’hôpital Rambam à Haïfa est venu en réponse à un article du quotidien Yedioth Ahronoth publié mercredi, laquelle cite des employés actuels et anciens.
Selon un extrait de l’enquête du journal, qui sera publiée dans son intégralité vendredi, pendant un an et demi en 2016-2017, le laboratoire cytotoxique de Rambam au nouveau département d’oncologie du centre médical a conservé des médicaments après leur date d’expiration et, dans de nombreux cas, a falsifié les dates et les numéros de série sur les emballages.
Les médicaments ont ensuite été transférés au personnel médical et administrés aux patients. Il est impossible de déterminer combien de personnes ont reçu ces médicaments, qui elles sont et dans quel état elles se trouvent aujourd’hui.
Dans certains cas, les médicaments étaient périmés depuis de nombreux mois avant d’être utilisés, selon le Yedioth.
Les employés ont témoigné que les médicaments étaient conservés de manière désordonnée, que certains étaient utilisés à l’encontre des règles et que des cartons destinés à être détruits avaient disparu. Selon l’enquête, un employé a porté plainte à ce sujet il y a deux semaines.
« En 2016, le service a déménagé dans un nouveau bâtiment, où j’ai commencé à voir toutes sortes de choses illogiques qui n’avaient aucun sens pour moi », aurait dénoncé un employé. « J’ai vu que de nombreux médicaments périmés étaient stockés. Ils devaient être détruits, alors pourquoi les conserver ? J’ai moi-même amené ces médicaments dans les services, les crèches, le service de chimiothérapie et aussi dans les services pédiatriques ».
« Cela m’empêche de dormir la nuit », a confié un autre soignant, l’un des responsables, qui était au courant de l’affaire au moment des faits.
« Nous ne pouvons pas savoir si cela a nui aux personnes et aux enfants à qui ils ont été administrés », a déclaré un autre employé. « Une personne vient se faire soigner avec son enfant ou sa mère ou son père, et fait confiance à l’hôpital, pour ensuite se faire administrer des médicaments périmés ».
Rambam a confirmé de nombreuses informations révélées.
« En 2017, l’ensemble du secteur pharmaceutique a été examiné et, en conséquence, la direction de l’hôpital a entamé un changement organisationnel complet et de longue haleine », a assuré l’hôpital au journal.
« Dès réception de la demande du Yedioth, une enquête approfondie a été menée et a révélé qu’il y a effectivement du vrai dans les affirmations concernant 2016″, a-t-il ajouté. « La direction de Rambam est sincèrement navrée pour ces cas et tient à exprimer ses excuses aux patients et à leurs proches ».
Des médecins arrêtés pour falsification de leur programme d’internat
Mercredi également, la police a indiqué avoir interpellé trois médecins d’un centre médical à Haïfa, soupçonnés d’avoir falsifié des dossiers pendant leur internat pour deux d’entre eux.
Les médias israéliens ont rapporté que ces derniers travaillaient à l’hôpital Rambam.
Selon la police, un médecin de l’hôpital a aidé les deux internes à falsifier des documents attestant de leur présence lors d’opérations auxquelles ils n’ont pas assisté afin qu’ils puissent recevoir une certification pour une spécialisation médicale.
Un des médecins a été arrêté à l’aéroport Ben Gurion, et les deux autres dans la région de Haïfa.