Un Hamas cynique et difficile à décourager
Le business du Hamas n'est pas de gouverner Gaza ; c'est celui de mettre fin à l’existence d’Israël par le biais du terrorisme
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Jusqu’à un certain point, il pourrait être utile d’entendre ce que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a dit depuis le début de l’opération « Bordure protectrice » il y a déjà six semaines : Israël doit se préparer à un long conflit.
Alors que les tirs de roquettes sur Beer Sheva mardi après-midi marquaient la dernière série de violations de la trêve du Hamas, l’idée qu’une sorte d’arrangement durable allait bientôt émerger des négociations indirectes au Caire (une notion largement médiatisée ces derniers jours) a été brisée à nouveau, et de manière brutale.
Netanyahu n’est pas sur le point d’approuver un accord qui donnerait au Hamas une quelconque récompense diplomatique suite aux tirs de 3 500 roquettes sur Israël, à la construction d’un réseau complexe de tunnels d’attaque sous la frontière, et à sa volonté de garder les citoyens de Gaza – et dans une certaine mesure ceux d’Israël – comme des otages de sa machine de guerre élaborée.
Le problème du Premier ministre – et d’Israël – est que le Hamas est encore trop fort, et que le Hamas sera toujours trop cynique, pour être dissuadé par la réponse d’Israël à ces attaques incessantes. Le Hamas a perdu des dizaines de ses tunnels, et peut-être 1 000 de ses hommes armés, et a plaidé pour un cessez-le-feu, croyant apparemment pouvoir négocier une solution diplomatique plus satisfaisante que ce que lui avait coûté le face-à-face militaire.
Mais la plupart de ses « combattants d’élite » demeurent encore en vie. Le Hamas possède encore des milliers de roquettes ; il est capable d’en fabriquer à mi-conflit.
Son leadership politique local est encore sain et sauf dans le sous-sol de Gaza. Son leadership à l’étranger est, lui, encore en meilleure forme, dorloté par le Qatar. Et il ne se soucie pas le moins du monde de la souffrance que son extrémisme islamiste violent apporte aux habitants de Gaza (une proportion très importante d’entre eux avaient voté pour le Hamas aux élections législatives relativement démocratiques de 2006).
Comme le Hamas le fait savoir à qui veut, il est braqué sur « la fin de l’occupation de la Palestine » – autrement dit mettre fin à l’existence d’Israël. Malheureusement, trop peu de gens le comprennent. Naturellement consternés par les pertes et la dévastation dans la bande de Gaza, beaucoup de gens dans le monde, l’homme de la rue comme les dirigeants politiques, confondent la cause et la conséquence.
Le Hamas ne cherche pas la liberté pour le peuple de Gaza quand il exige la « levée du siège », un port et un aéroport, et quand il tire des roquettes parce que ses exigences ne sont pas respectées. Il est, au contraire, à la recherche de la capacité de poursuivre son objectif de rayer Israël et donc de bloquer toutes ces pénibles restrictions sur sa capacité à construire une machine de guerre encore plus puissante.
Le blocus israélo-égyptien n’est pas antérieur à la saisie violente de Gaza par le Hamas en 2007 ; il a été imposé après que les islamistes en aient pris le contrôle, et serait supprimé si la sécurité d’Israël n’était pas menacée par le Hamas et ses compagnons islamistes.
Vous voulez alléger les souffrances des Israéliens ordinaires mais aussi des Gazaouis ordinaires ? Mettre fin au Hamas. Vous voulez au contraire leur assurer une plus grande souffrance ? Levez le blocus avec un Hamas toujours aux commandes. Effusions de sang garanties…
A ce jour, Netanyahu a rappelé ses négociateurs du Caire – parce qu’Israël ne négocierait pas sous le feu – et l’armée israélienne répond aux tirs de roquettes du Hamas par des frappes ciblées dans la bande de Gaza. Si les tirs de roquettes se poursuivent, Israël continuera à riposter.
Mais c’est seulement si le Hamas croit que sa survie est en danger qu’il mettra un terme au feu. Et il faudrait une opération militaire beaucoup plus importante que le gouvernement israélien, conscient de ses conséquences en pertes probables, se prépare peut-être à mettre en place. Il faudrait aussi une évaluation bien différente du conflit par la communauté internationale – moins partiale et plus ingénieuse – afin de fournir un soutien plus fiable à Israël.
Israël a cherché à atteindre un résultat similaire par le biais des négociations indirectes au Caire ces derniers jours – pousser, en alliance avec l’Egypte, un arrangement qui donnerait à l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas un rôle de supervision dans la réhabilitation de Gaza, et laisser au Hamas le rôle du « destructeur ».
Bien sur, avec la reprise, mardi, des tirs de roquettes, le Hamas est enclin à jouer ce rôle. Il a signé un gouvernement d’unité avec Abbas au printemps dernier comme une étape vers la prise du pouvoir de l’Autorité palestinienne. En même temps, comme le Shin Bet l’a révélé lundi, il se préparait à une série d’attaques terroristes contre des cibles israéliennes, dans un complot élaboré visant à favoriser une troisième intifada et à renverser Abbas.
Le Hamas ne se mettra jamais dans une position docile par rapport à Abbas. Au détriment des habitants de Gaza et des Israéliens, le Hamas n’est pas prêt à s’en remettre docilement à Abbas ni à personne. Le business du Hamas n’est pas de gouverner Gaza ; c’est celui du terrorisme et comme tous les autres groupes terroristes, il est difficile de le mettre à mal.
Comme l’a dit Netanyahu il y a six semaines, Israël devrait se préparer à un conflit prolongé. Plus long, peut-on craindre, que ce qu’il avait lui-même envisagé.